Censure

Yamoussa SIDIBE répond à Ben Pépito: “Il n’est pas de beauté à pratiquer le journalisme en ayant le couteau entre les dents”

yamoussa Sidibé

C’est avec beaucoup d’étonnement et d’ahurissement que j’ai lu l’interview de Monsieur Bah Oury parue sur le site ‘’lejourdeguinée’’. Réalisée par Ben Pépito, il m’est prêté des propos visant clairement à écorcher ma dignité et ma réputation. Je comprends bien la démarche partisane de Ben Pépito de diaboliser certaines personnes de l’administration publique, mais il aurait pu faire preuve d’un peu plus d’honnêteté. Ben Pépito qui pose la question à Monsieur Bah Oury affirme que j’aurai écrit que le “pouvoir est manding” et que “seul Alpha Condé peut tenir les brides du pays”. Je comprends que Monsieur Bah Oury soit induit en erreur par le journaliste pour m’étiqueter dans la catégorie de “ceux qui abdiquent devant le pouvoir pour sauvegarder leur fauteuil’’. Je voudrai respectueusement inviter le vice–président de l’UFDG de bien vouloir accepter de lire mon article paru dans “galanyi.com”, un site qu’il connait bien.

Je voudrai rappeler à Ben Pépito d’accepter que dans la conquête du pouvoir, il n’y a pas que Machiavel pour maître, on peut se donner la peine de choisir des armes “conventionnelles”, et dans notre métier de journaliste, il est encore possible de faire preuve de professionnalisme. Le journalisme a ses règles et une morale, c’est en cela qu’il est noble. Ce n’est pas parce que nous avons le privilège de tenir une plume, un micro ou une caméra que nous avons le droit de nous sentir au-dessus des règles humaines. Le journaliste observe et rend compte, il apporte parfois une critique mais en respectant les propos qu’il rapporte, le lecteur ou l’auditeur ne devrait point souffrir de l’état d’âme du journaliste. Il n’est pas de beauté à pratiquer ce métier en ayant le couteau entre les dents.

Ben Pépito, tu as réussi à me tirer de la position que je m’étais imposée: ne jamais participer à un débat à relent ethnocentriste ou politique. Aujourd’hui, ne pas te répondre, c’est accepter la désinformation de nos compatriotes; et te répondre, c’est accepter de prendre le crachoir dans un débat que j’ai en horreur. Je prends le risque quand même.

Toi et moi, nous nous sommes souvent respectés, et je suis malheureux de constater que l’arène politique t’amène à me voir autrement que l’ami que tu as connu. Et c’est justement ce que je dénonçais dans mon article dont tu galvaudes la compréhension. Je comprends mieux que nous n’avons pas toujours eu la même compréhension du journalisme.

Mon écrit s’intitulait: ‘’Nous sommes devenus grands et nous sommes devenus des numéros sur les listes de partis politiques”. Ce seul titre devrait édifier sur ma volonté de transcender les barrières ethniques et politiques afin que la bonne humeur et les souvenirs d’enfance trament les relations entre citoyens. Cet article que j’invite les lecteurs à découvrir sur “galanyi.com” ou sur “guinée7.com”, explique mon amertume de voir les fils du pays qui ont pourtant grandi ensemble, se découvrir soso, peulh, maninka ou guerzé. Je tente de situer la responsabilité de chacun de nous dans ce qui nous arrive et appelle les uns et les autres à se réfugier dans le royaume de l’enfance pour nous laver de la gangue de tous les “Isme” que nous connaissons aujourd’hui.

Cet écrit, je l’ai estimé une contribution intellectuelle et dans ce sens j’avais espéré que des plumes professionnelles m’auraient accompagné. Et ce, en dépit des spéculations, des amalgames, des interprétations et la confusion que des gens ont tenté de semer sur le net, notamment sur facebook. Je n’ai pas voulu répondre sur ce terrain parce que j’estimais qu’il n’était pas utile de prendre part à un débat ou l’on vient avec ses idées et où l’on refuse d’accepter que le soleil se lève à l’Est.

Ben Pépito, ta façon de poser la question à monsieur Bah Oury est vicieuse et tendancieuse. Tu as réussi à emballer l’homme politique sur un sentier qui n’imposait qu’une démarche et c’est celle-là qu’il a eue.

Je voudrai te dire qu’en Guinée, il n’y a pas que des mandings, des peulhs, des kissiens ou des soso. Il y a aussi des guinéens tout court et sans forfanterie, je suis de ceux-là. Et c’est à nous que l’avenir appartient. De par ma naissance, j’ai le privilège d’être soso, maninka et peulh. De par mon éducation, je suis simplement guinéen. J’ai cité des noms dans mon article. Ce sont des personnes qui existent. Tu peux les rencontrer. Et tu sauras que j’ai plus de chance que toi de parler de la Guinée. En plus, contrairement à toi, je n’appartiens à aucun parti politique, et ce sera le cas, tant que je pratiquerai ce métier noble de journalisme.

Ben, j’aime bien ton humour, mais fais l’effort de respecter les propos de l’autre, ne rejoins pas les autres sur les bûchers ou le journaliste s’efface devant l’inquisiteur. Enfin tu vois Ben Pépito, je ne m’adresse pas à Monsieur Bah Oury qui n’a pas lu mon article et que tu as intentionnellement induit en erreur.

Avant de reprendre mon travail, je te rappelle que, désormais, tu t’échineras vainement à me ramener dans ce débat d’égouts parce que je ne répondrai plus.

Yamoussa SIDIBE

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