Censure

Alpha Condé met à la tête de l’Administration du territoire un « homme des missions difficiles »

Le décret a sonné comme une surprise : Bouréma Condé nommé à la place d’Alhassane Condé à la tête de l’Administration du territoire et de la Décentralisation (MATD). Rien ne présageait cette option. Mais à la veille de la présidentielle dont l’organisation semble être délicate au regard de la tension déjà perceptible du côté de tous les acteurs qui sont prêts à aller au charbon, on peut comprendre la nomination à la tête du MATD, « partenaire technique » de la Céni, un homme qu’on pourrait qualifier des « missions difficiles ».

Le général Bouréma Condé, c’est de lui qu’il s’agit, est selon ses proches un intellectuel, discret, éloquent, pas versé dans l’ethno-stratégie, et surtout qui dialogue. Des vertus qui ne sont pas des choses les mieux partagées dans la ‘’grande muette’’ guinéenne.

Il a été, depuis l’époque de Lansana Conté en passant par le régime de la Transition de Dadis, utilisé pour ces qualités. Comme chargé de mission à la Présidence, Alpha Condé l’a souvent envoyé au Foutah, notamment –il parle couramment pular-, pour des missions de sensibilisation, d’« explications de méthodes », chez les sages.

Cependant question. Bouréma Condé remplace à la tête du département de l’Administration du Territoire, Alhassane Condé, le « père de la décentralisation » guinéenne. Saura-t-il relever le défi ? Les atouts cités haut sont-ils déterminants pour réussir sa nouvelle mission qui du reste en est une autre difficile ? Attendons de voir.

Quid de Alhassane Condé ? Il vient à la présidence comme un conseiller. Au garage, pourrait-on dire. Mais vu son expérience en matière d’élections, il va s’en dire que son avis comptera. Comme le dit Saliou Samb, journaliste, « pour des questions tactiques, il arrive que l’entraineur d’une équipe de football transforme l’attaquant en défenseur latéral ». Alpha Condé qui, semble-t-il, est un féru du football utiliserait-il cette méthode pour booster son équipe en vue des élections ?

Il y a tout de même à la Présidence, un certain Kiridi Bangoura, ministre d’Etat, qui, jusque-là est le « conseiller » principal du président en matière d’élections, de politique en général. Certains pensent que le président Condé pour avoir été floué dans la gestion des dernières législatives, malgré tous les moyens mis pour l’emporter notamment dans les communes de Conakry, a besoin de quelqu’un qui puisse le rassurer. D’où son recours à Alhassane Condé qui, par ailleurs pourrait être amené à jouer à quelques exceptions près, les mêmes rôles que Kiridi. Sans télescopage ? C’est toute l’autre question.

Ibrahima S. Traoré  

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