Censure

Avait-on besoin d’un « retour triomphal » du président Condé ? (Par Ibrahima S. Traoré)

Le vendredi 24 mars, le président Alpha Condé a regagné Conakry après une mission bien remplie à Washington et à Paris. Dans les capitales américaine et française, le président guinéen s’est montré plus soucieux du sort de sa population en défendant des projets de lutte contre ébola mais aussi discutant d’un plan de relance de l’économie nationale. Contrairement à son opposition qui, pendant ce temps, met les gamins dans la rue pour caillasser, bruler des pneus, jeter des pierres, que sais-je encore ?

Pour le retour du président Condé, le gouvernorat de Conakry et le parti au pouvoir lui ont organisé un « accueil triomphal ». l’ambiance festive sur l’Autoroute ce vendredi ressemblait à bien des égards à celle d’une campagne électorale.

L’opération servait sans nul doute à prouver que le président Alpha Condé n’est pas impopulaire comme le prétend son opposition. Mais avait-on besoin de cette « grande mobilisation » pour prouver la légitimité du d’Alpha Condé ?

Les organisateurs de cette « Mamaya » comprennent-ils que par leurs actes, ils sont en train de comparer le président de toute la République aux chefs de partis politiques ? Ne sont-ils pas en train d’insinuer que si Cellou Dalein est maître de « l’axe », Alpha Condé est à son tour le shérif de l’Autoroute ?

Par ailleurs, certains disent qu’il y a eu du « deux poids deux mesures » en acceptant d’un côté l’organisation de l’accueil du président et de l’autre en réprimant les marches de l’opposition.  Une comparaison relavant sans nul doute de la mauvaise en foi en ce sens que l’une est violente, s’annonce par des pneus calcinés, les troncs d’arbre, des cailloux, de l’huile usée (nouvelle méthode) sur la chaussée, et des jets de pierre contre les forces de l’ordre. L’autre s’annonce avec des sirènes et se manifestent par des chants, danses et rodéo sur la chaussée. Quand l’une se fait, la majeure partie des habitants de « l’axe » se terrent chez elle. Cependant l’autre n’empêche pas les habitants de sortir encore moins les agents de santé pour suivre « les contacts ébola ». Ce qui n’est pas possible quand les chefs de gangs sont sur le terrain à Hamdallaye-Bambéto-Coza.

Qu’à cela ne tienne, la mobilisation non spontanée d’hier pour accueillir le chef de l’Etat, le tire un peu plus vers le bas. Lui qui, en réalité, doit être au-dessus de la mêlée.

Ibrahima S. Traoré

 

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