Censure

Acteurs politiciens nés après 1958, arrêtez vos petits calculs, trois chantiers irréfragables vous interpellent (opinion)

Cheick Tidjane Traoré

Pauvre Guinée, tu as accédé à la souveraineté internationale il y a plus d’un demi-siècle (56 ans bientôt), si tu étais un Homme, tu serais déjà mort depuis 2005 parce que l’espérance de vie du Guinéen, sauf erreur de ma part est statistiquement de 47 ans.

De 1958 à nos jours, ta gouvernance est encore en tenue par une génération de fils et de filles nés pendant la période coloniale à qui, il est venu le temps de rendre un hommage mérité à ceux qui sont encore en vie et surtout actifs politiquement et en leur demandant de faire valoir leur droit à la retraite.

De 1958 à 1984, le Président Ahmed Sékou TOURE a présidé aux destinées de la Guinée avec des rires et des pleurs.

De 1984 à 2008, le Général Lansana CONTE a présidé aux destinées de la Guinée avec des espoirs qui se sont évanouis.

De 2008 à 2009, le Capitaine Moussa Dadis CAMARA a présidé aux destinées de la Guinée avec un espoir vite déçu.

De 2009 à 2010, le Général Sékouba KONATE a présidé aux destinées de la Guinée avec une transition mal achevée.

Depuis décembre 2010, le Professeur Alpha CONDE préside aux destinées de la Guinée en conjuguant avec ceux qui ont induit en erreur ses prédécesseurs.

Malgré tout, le merveilleux peuple de Guinée en 56 ans de souffrances n’a cessé de donner des leçons à ses dirigeants de toutes les époques. De manière cyclique, il s’est révolté pour sa dignité quand il l’a fallu et a payé de sa chair sans demander quoi que ce soit à qui que ce soit.

Les générations se succédant, devant l’anarchie et l’insécurité permanentes qui jonchent son long chemin, le peuple de Guinée  s’est porté volontaire pour garder avec vigilance et exigence ce qui lui a permis de sortir de la colonisation ; des affres du parti unique ; du déficit démocratique et de la mal gouvernance.

Tout autour de la Guinée, le changement de génération est en marche et bien en avance. Il appartient aux filles et fils de Guinée, nés après 1958 de se donner la main dans le respect de la différence pour imposer la protection des valeurs auxquelles ils croient en matière de réforme politique et démocratique.

Le report sine die des élections communales doit servir d’opportunité pour les jeunes acteurs politiques, toutes obédiences confondues de prendre d’assaut les listes de candidatures pour déjà accéder au pouvoir à la base en prévision d’un changement effectif de génération à la magistrature suprême en 2020.

Notre slogan pourrait être « 2020, dernier rendez-vous pour les aînés politiques nés avant 1958  ».

De maintenant à la présidentielle de 2015, les politiciens nés après 1558 doivent faire preuve de patience active, de pro-activité et de compréhension dans le calme et le civisme.

Comme les jeunes des années 50 qui ont conduit notre pays à l’indépendance, les jeunes acteurs politiques contemporains doivent donner des leçons de bravoure, de sacrifice, de vigilance, de patience, de tolérance, de discipline et de civisme.

Les jeunes députés, toutes appartenances politiques confondues doivent avoir pour mission, la mise en place pendant leur législature, du cadre légal et règlementaire devant faciliter le noble challenge générationnel qu’est le changement de génération aux leaderships politique, économique, social et cultuel.

Force est de reconnaitre que dans l’ensemble des partis politiques, le personnel juvénile a très peu d’expériences de la gouvernance d’un pays. Ainsi, il faut que les jeunes s’engagent à tous les niveaux de la gouvernance démocratique en vue de renforcer leurs capacités afin d’éviter des erreurs que leurs congénères dirigeants du CNDD ont connues pendant leur bref passage à la magistrature suprême.

Pour ce faire, trois chantiers urgents attendent les jeunes :

1.       La révision de la constitution pour remettre le verrou de la limite d’âge à la candidature à la présidentielle (70 ans).

2.     La candidature massive des jeunes sur les listes des partis politiques et à des positions éligibles pendant les prochaines élections communales.

3.     La prise en main du gros chantier de la réconciliation nationale en donnant à l’université guinéenne et aux historiens (scientifiques) la tâche d’établir la réalité historique de la Guinée pour que chacune des composantes puisse en tirer les conséquences constructives au service de la coexistence pacifique.

La politique étant une réalité sociologique liée à la génération, le personnel politique juvénile, à l’occasion des prochains scrutins communal et présidentiel ne doit avoir ni parti vainqueur, ni parti vaincu. Son seul bénéfice devant être la victoire et le positionnement des générations des années 60 et au-delà aux postes électifs et de décision de la base au sommet.

Les opportunités étant cycliques, il appartient au personnel politique juvénile actuel de saisir celles qu’offrent les prochaines échéances électorales car, post 2020, c’est une autre génération qui pointera à l’horizon, plus vindicative et moins respectueuse  des aînés ; alors ne gâchons pas notre cycle.

Des années 1990 à nos jours, les différents dirigeants nous ont dit des contrevérités

Depuis plus d’un quart de siècle, pourquoi notre génération a préféré les menteurs ?

Ce qui est important désormais, c’est de savoir détecter les slogans publicitaires manipulatoires pour ne pas se faire gruger.

Il devient constant, incontestable et même culturel que pour être élu aux plus hautes responsabilités, il faut mentir  gros, de manière éhontée et récidiviste. La vieille génération de politiciens ne définit-elle pas la politique comme l’art de tromper ?

Le challenge de la nouvelle génération de politiciens doit consister à définir la politique comme l’art de gérer le réel et d’agir pour qu’il en soit ainsi dans nos mœurs.

Nous devons mettre à profit la période allant de 2014 à 2020, pour mettre à l’épreuve le personnel politique juvénile actuel afin qu’il prouve au Peuple de Guinée qu’on peut faire de la politique sans mentir en construisant sa réputation sur son souci de vérité.

Attention, comme le font certains de nos opérateurs économiques véreux, cet exercice de créativité ne doit pas consister à donner l’illusion de changement par le simple changement d’emballage ou d’étiquette pour cacher la date de péremption.

Pour atteindre cet objectif, une triple vigilance s’impose à la Génération post 1958 pour bannir les effets pervers de la démocratie mal assimilée :

1.       Des jeunes acteurs politiques qui ont appris à mentir effrontément et qui sont adulés par les aînés qui les préfèrent à ceux qu’ils ne peuvent pas manipuler. Les aînés se sont toujours servis d’eux pour écraser l’élite de leur génération. Il reste entendu qu’il est nécessaire de leur donner une deuxième chance.

2.     Des adeptes et professionnels du  remake qui consiste à appartenir à tous les pouvoirs en s’ingéniant dans le retournement de veste.

3.     De la technique des boucs émissaires ou l’ethno-stratégie visant à donner à un problème sociopolitique réel, une explication subjective et un coupable au lieu d’affronter les problèmes et apporter les réponses correspondantes aux attentes des citoyens.

Citoyennes et citoyens Guinéens nés après 1958, amusez vous à faire la liste des plus grands mensonges politiques que notre pays a subis depuis l’avènement de la démocratie multipartite. Le résultat sera très certainement édifiant.

De ce qui précède, il est faux et insultant aussi de croire que tous les politiciens sont des menteurs.

Pourquoi devons nous changer de génération en 2020

A plus de 60 ans, les acteurs politiques majeurs n’ont pas les mêmes besoins ou la priorité que ceux qui ont 15 à 20 ans de moins qu’eux. Malgré l’importance du numérique dans nos vies, combien d’acteurs politiques contemporains communiquent, pensent et agissent en tirant profit des nouvelles technologies de l’information ?

De la Présidence de la République à la Cour Suprême en passant par le Gouvernement et le Parlement sans oublier les états-majors des partis politiques, combien de dirigeants sont utilisateurs de NTIC ?

Avec l’arrivée massive des jeunes dans la gouvernance locale (communes urbaines et rurales), il y aura du numérique dans nos vies. De la numérisation de l’état civil à l’accès équitable aux services offerts par la communauté en passant par la promotion du potentiel économique et culturel, sans oublier la maîtrise de la fiscalité, les délais de lutte contre la pauvreté seront fortement réduits.

La nouvelle génération de politiciens mettra dans les plans locaux de développement (PLD) et introduira le numérique dans les écoles pour éviter aux jeunes guinéens vivant en milieu rural, les effets de l’analphabétisme lié au non accès aux NTIC.

J’ose croire que mon cri de cœur sera entendu et que ma génération mettra son savoir et son savoir faire au service du bien être de la Guinée et des Guinéens.

Que Dieu bénisse la Guinée et les Guinéens. Amen !

Conakry, le 276avril 2014

Honorable Cheick Tidiane TRAORE

Président du Mouvement Pour la République « MPR »

cheickequipeyahoo.fr 

 

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