Censure

Conflit domanial à Conakry: Deux familles sans abris à Boussoura

Dans la nuit de dimanche à lundi 29 avril aux environs de 4h, la police a fait irruption dans le quartier Boussoura centre, dans la commune de Matam. Vraisemblablement, c’est un conflit domanial qui se solde par le déguerpissement des familles Sylla et Bangoura.
«Nous nous sommes réveillés à 4h pour la prière, quand des policiers nous ont intimés l’ordre de quitter les lieux », confie l’une des victimes.

Le constat sur le terrain est désolant. Deux anciennes maisons sont mises à plat. Les héritiers d’Aboubou Sylla et de Fodé Momo Bangoura sont expulsés de leurs maisons. Les victimes et les autorités du quartier affirment avoir été pris au dépourvu.

Bountouraby Camara, veuve d’Aboudou Sylla accuse Fatou Bangoura d’être l’instigatrice de cette opération.

« Cet endroit a été acheté par mon feu mari, quand il a quitté la Côte-d’Ivoire, depuis 1966, dans les mains de Fatou Bangoura, fille d’Elhadj Momo Bangoura. Le chef de quartier, qui avait participé à cette vente, est encore en vie. Mais avant le mort de notre mari, elle nous avait ordonné de quitter son terrain. Elle a parlé de bail et soutient n’avoir rien vendu. Alors que nous avons tous les papiers délivrés par le ministère de l’Habitat. Nous avons entamé plusieurs démarches prés le tribunal de Mafanco, mais en vain. Nous demandons au président de la République de nous aider, nous n’avons plus d’abris. Les forces de l’ordre sont venues à bord de quatre pickups, accompagné de Caterpillar pour démolir notre maison. Ils ont pris tous nos biens», raconte Bountouraby Camara.

D’après Issiaga Bangoura, qui est l’un des frères de Fatou Bangoura, cette dernière a déjà vendu sa part d’héritage à la famille Sylla quand Elhadj Momo Bangoura vivait. «Ces concessions nous ont été laissées par notre père. Si Fatou Bangoura veut, elle n’a qu’à envoyer qui elle veut. Elle sait pertinemment qu’elle n’a plus rien à voir là-dedans pour avoir revendu sa part d’héritage à Abdou Sylla. On ne sait même pas où elle est actuellement, mais comme il n’y a pas de justice dans notre pays, on peut tout se permettre, sinon je ne comprends pas comment on peut déloger les gens à 4h du matin sans même informer les autorités. Ils sont venus défoncer les maisons, dépouiller les habitants, détruire les armoires et lits. Ils nous disent de quitter les lieux. Nous allons dormir sous la belle étoile. On se demande pourquoi on a touché à notre construction », témoigne Issiaga Bangoura.

Exprimant sa surprise quant à cette intervention, le chef de quartier, Morigbè Camara affirme n’avoir été informé, ni par la police ni par la Justice. « Avant de démolir les deux bâtiments, il fallait demander les renseignements, mais comment peuvent-ils demander. Sans convocation, ils sont venus s’attaquer », soutient l’autorité locale.

Au moment où nous quittions les lieux, la police et la gendarmerie étaient encore présent pour ‘’maintenir l’ordre’’.

Un jeune gravement blessé par un véhicule de la police

Sèkhou Camara, c’est l’identité du jeune agent des services de gardiennage qui a été heurté par un véhicule (Pick-Up) de la police nationale à Boussourah (Matam), dimanche 29 avril. Cet accident a été causé par une opération de déguerpissement qui s’est transformée en affrontement entre jeunes de Boussoura et agents de la police.

Selon Ousmane Camara, le beau-frère de Sèkhou Camara, c’est aux environs de 8 heures que des jeunes ont pourchassé un véhicule de la police qui roulait à tombeau ouvert. « C’est ainsi que le véhicule a trouvé le jeune homme dans le virage pour le trainer. Ils ne se sont même pas arrêtés », raconte-t-il.

Et d’ajouter: « Du coup nous l’avons transporté à l’hôpital Sino-Guinéen de Kipé. Pendant toute la journée d’hier, il ne faisait que vomir du sang qui coulait également des narines et des oreilles. Jusque-là nous n’avons reçu la visite d’aucune autorité policière, seul notre chef s’est déplacé pour aller s’enquérir de la situation du petit ».
Aux dernières nouvelles, l’état sanitaire de Sèkhou Camara s’améliore progressivement, mais qui n’a toujours pas parlé.

Abdou Lory Sylla et Mohamed Kaba Soumah pour Guinee7.com

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