Censure

Discours présidentiels: Alpha surfe-t-il sur la vague populiste? (Mamady II Condé)

Le président de la République était à N’Zérékoré le samedi 23 mai dernier où il a été accueilli par une foule en liesse. Tout comme lors de sa tournée en Haute Guinée, Alpha Condé a tenu un discours qui continue d’alimenter la chronique. Certains de ses détracteurs trouvent que ces discours présidentiels sont teintés de populisme. Mais dans l’entourage du chef de l’Etat, on voit plutôt en ces sorties,  un langage de vérité.

Dans la région forestière, le président Alpha Condé a visité les localités de N’Zérékoré, Beyla, Lola et Yomou, dans le cadre de son périple qu’il a entamé dès après son entretien avec le chef de file de l’opposition Cellou Dalein Diallo, le 20 mai dernier. A N’Zérékoré, le président de la République  après avoir remercié les populations pour leur mobilisation,  et présenté les condoléances suite au ravage causé  par l’épidémie d’Ebola dans la province, a dit ceci à la foule : « votre mobilisation est une réponse à ceux qui ne veulent pas le changement dans ce pays ».

Outre les promesses de bâtir des centres de santé et des écoles, ainsi que de procéder à la culture de l’hévéa au bénéfice des populations de la région, Alpha  a aussi invité les sages de N’Zérékoré « à œuvrer pour le maintien de la paix et de l’unité en Forêt tout en invitant les populations au recensement pour le rendez-vous du 11 octobre 2015 au compte de la présidentielle. »

Le chef de l’Etat a mis en garde « ceux qui voudront semer la pagaille en Guinée. En affirmant que cela ne sera plus possible. Et que l’Etat va désormais jouer son rôle. » C’est le passage de son discours qui a retenu l’attention de certains hommes politiques, notamment l’honorable Holomou Koni Kourouma, député  de l’Union guinéenne pour la démocratie et le développement (UGDD), qui a répliqué à travers une déclaration rendue publique ce mercredi.

Selon le député, « à date, aucun commencement de preuve n’a pu être apporté pour étayer ces graves propos. Si preuve il n’y a pas, la responsabilité commande à tous et, particulièrement aux autorités de s’abstenir de répandre de dangereuses rumeurs. » Mais que « si preuve il y a, une démarche digne d’un état de droit aurait été de faire interpeller ces « fauteurs présumés de troubles » et de les présenter devant un juge le tout dans le respect de la légalité », a-t-il souligné dans sa déclaration.

Dr Faya Millimono, président du Bloc Libéral (BL) a aussi réagi à ces propos, dans une déclaration faite sur la radio Lynx FM, ce mercredi. En accusant le chef de l’Etat de vouloir commettre des « massacres » à Kéréma.

Ces deux cadres qui se sont illustrés dans la défense des causes de la population forestière, dont ils sont originaires, réagiraient de façon épidermique, selon certains observateurs. Ceux-ci rappellent qu’ils avaient eu la même réaction au lendemain du massacre de Womè, où 8 membres d’une équipe anti-Ebola avaient été massacrés par des villageois réticents à la riposte contre l’épidémie d’Ebola. Pour ces observateurs, Dr Faya et Holomou Koni avaient failli choquer les familles des victimes de Womè à travers certains propos, qui défendaient carrément les « bourreaux ». Ce qui fait que leur prise de position contre le discours du président à un caractère subjectif, aux yeux de ces observateurs. D’autant qu’ils n’apportent non plus pas la preuve que la forêt de Kéréma est vierge de toute présence « d’individus douteux ».

Le discours de Kankan, a également entrainé des réactions chez des politiques. Dont des plus désobligeants. Le fait pour le président de dire aux populations de Kankan de se mobiliser pour sa réélection, a connu diverses interprétations. On lui prête d’avoir stigmatisé une ethnie, et de vendre la peur, pour faire le plein d’électeurs lors de la présidentielle du 11 octobre 2015.

Pourtant le chef de l’Etat, a partout où il est passé, durant son périple en Haute Guinée et en Guinée forestière, appelé à l’unité nationale, et à bannir l’ethnocentrisme.

Dans la perspective du vote qui s’annonce à grands pas, le moindre fait et geste du chef de l’Etat sera scruté par ses adversaires et par les observateurs, à des fins de commentaires et d’interprétation. Et à cette allure, l’exégèse de ces discours va alimenter pendant longtemps la chronique dans la cité.

Mamady II Condé

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