Censure

Ebola, Macky Sall, Dalein et…Alpha Condé : Les vérités de Jean-Marie Doré

Avant les événements malheureux de Womè, l’honorable Jean-Marie Doré, Secrétaire général de l’UPG s’est prononcé sur certains sujets d’actualité nationale dont l’épidémie d’Ebola, le voyage présidentiel à Tunis,  le discours controversé du leader de l’UFDG  aux Etats-Unis, entre autres, au micro de notre reporter…

Excellence, vous rentrez d’une mission à l’intérieur du pays. Pouvez-vous nous dire dans quel cadre s’est déroulé ce voyage?

Jean-Marie Doré: C’est à la fois pour des raisons d’ordre familial et de travail. Ce déplacement m‘a permis de faire un tour dans les localités où il fallait que nous apportions le message du parti et donner des précisons  sur  la vie nationale et notre positionnement dans cette vie nationale. Je pensais me reposer mais il n’y a pas eu de repos. Il y a des gens qui veulent vous saluer, ils veulent s’informer et puis les parents dont il faut s’occuper, les solutions aux problèmes de familles qu’il faut consolider. Tout cela fait qu’on ne peut pas dire qu’on a fait une analyse de fond sur l’actualité. Mais un leader politique a le devoir, d’avoir une information complète même résumée, sur ce qui se passe dans le pays. Alors on écoute, on voit et on touche selon les situations.

Aujourd’hui, certains leaders politiques appellent à la dissolution de la commission électorale nationale indépendante (CENI). Qu’en pensez-vous ?

Qui est le leader qui a appelé à la dissolution de la CENI ?

En tout cas, ces derniers temps, l’on a enregistré la sortie médiatique de certains leaders politiques appelant à la dissolution de la CENI…

Je n’ai pas encore écouté cette déclaration  moi-même, donc je ne peux être que circonspect, et me prononcer que sur des principes. Je ne vois pas pourquoi la CENI, qui est composée de représentants des partis politiques toute tendance confondue de l’administration, les gens qui ont prêté serment devant la Cour suprême, au nom de leurs partis ou des organisations, on décidait de les dissoudre. Cela n’est pas prévu par la loi. Il est vrai qu’en Guinée, on demande à l’autre de faire plus que soi-même, on est prêt à le faire. Il faut qu’on respecte la loi. La loi ne prévoit pas la dissolution de la CENI.

 »Il faut qu’on respecte la loi ;

 La loi ne prévoit pas la dissolution de la CENI »

En tout cas, si vous lisez un passage où il est question qu’une autorité se donne le pouvoir d’aller dissoudre la CENI, vous me ferez voir ça. Mais je ne pense pas qu’une autorité quelconque, le président de la République, le Premier ministre ou le ministre de l’Administration du
territoire ait le droit de dissoudre la CENI. Vous comprenez, nous sommes là, nous sommes représentés à la CENI. Nous devons expliquer à la CENI, pédagogiquement de manière didactique, ce qu’il faut pour crédibiliser notre pays. La démocratie peine à naître dans les pays africains. Et donc, il faut souffrir cette démarche sinueuse. Quand on prêche la démocratie, c’est que soi-même, on est imprégné de la vie démocratique. Il n’y a pas un système politique qui n’impose pas de contrainte : le pouvoir monarchique, républicain, autocratique. Tout pouvoir impose des contraintes, et permet des ouvertures et donne des avantages. Donc, il ne faut pas partir d’un inconvénient de nature pour demander la disparition de l’institution.

Parlons maintenant de l’épidémie de la fièvre hémorragique qui sévit en Guinée mais aussi dans la sous-région. Certains observateurs estiment que si cette épidémie s’est propagée, c’est parce que le gouvernement guinéen n’a pas su prendre la mesure de la situation à temps ?

Il faut reconnaître que le gouvernement a toujours été conscient compte tenu de ce que je vois sur le terrain de la gravité de l’épidémie. Mais c’est dans les méthodes que le gouvernement a pêché, parce qu’il fallait de façon ardue suspendre les marchés hebdomadaires, qui sont les lieux de propagation des maladies épidémiques. Je pense qu’ils ont craint que les gens ne paniquent. Mon avis sur cette question, est que le gouvernement a pêché par la sous-estimation des moyens de propagation de la fièvre hémorragique Ebola, parce que le refus de suspendre les marchés hebdomadaires, de prendre des mesures pratiques pour limiter à l’intérieur du pays les déplacements, en surveillant étroitement les frontières pour éviter les contacts de masse a commis une erreur. Mais je crois que depuis, compte tenu des moyens mis à la disposition de la Guinée, à force de demandes et de plus en plus d’explications fournies aussi bien à la communauté internationale et qu’à la population, le gouvernement a fait un peu d’effort pour redresser la tendance.

La propagation de l’épidémie d’Ebola a amené certains pays de la sous-région à fermer leurs frontières. Partagez-vous cette mesure?

Moi, je pense qu’il vaut mieux que les populations soient soumises à une certaine contrainte limitée dans le temps, que d’assister à la mort en masse de cette même population. Donc, on ne peut prendre des mesures sans gêner quelque part la liberté de mouvement des gens. Mais si c’est nécessaire, il faut le faire sans se préoccuper de quand dira-t-on. Parce que le pire, c’est que nos compatriotes ne meurent parce que nous aurions refusé de prendre des mesures d’isolement. Cela a amené à cette situation dramatique que nous vivons. Où on annonçait ce matin (ndlr : lundi 15 septembre) que l’on a dépassé le cap de 2000 morts. 2000 morts c’est top de morts, c’est énormément de morts. Donc, j’insiste, quand un gouvernement doit prendre des mesures de sauvegarde, il le fait quand les faits sont établis sans regarder en arrière, parce que dans le texte de serment prêté par le président de la République, il a juré de protéger le peuple de Guinée. L’ennemi ce n’est pas seulement celui qui est habillé avec des fusils, de canon et de chars ou l’aviation militaire. C’est aussi le mal sourd-muet, les maux invisibles qui viennent frapper à l’improvise dont le virus. Donc, ici le gouvernement devrait faire son devoir coûte que coûte.C’est comme si l’ennemi envahissait notre pays, tous les moyens légitimes à écraser l’ennemi doivent être mobilisés.

A vous entendre, on a l’impression que vous partagez  l’idée de fermeture des frontières terrestres et aériennes ?

J’arrive. Je dis dans le texte de serment prêté par notre président et je l’étends aux textes de serment prêté par la quasi-totalité des chefs d’Etat que je connais. Il est fait un devoir impérieux à ces chefs d’état et c’est un corollaire à leur fonction, à leur puissance juridique, légale de s’engager à protéger coûte que coûte les populations. Donc, quand les autres prennent des mesures de sauvegarde de la santé de leur population, de l’économie de leur population, ils exercent un droit. Mais l’exercice de ce droit ne doit pas servir d’exécutoire à des sentiments d’hostilité, dissimulés qu’on exhibe sous le couvert de Ebola.

Justement,  le président du Sénégal, a déclaré récemment que si le jeune étudiant guinéen porteur du virus sur le territoire  sénégalais, n’était pas malade, il aurait fait l’objet de  poursuites judiciaires. Des propos qui ont choqué l’opinion. Est-ce votre cas ?

Ecoutez, j’ai beaucoup de respect pour le peuple sénégalais, j’ai beaucoup de respect pour ses dirigeants particulièrement pour monsieur Sall. Mais c’est ça la difficulté de l’Afrique, on prêche d’un côté la solidarité et de l’autre on refuse et on combat même cette solidarité, sur les bases où elle devrait s’exercer avec puissance. C’est pourquoi lorsque les gens parlent de l’unité africaine souvent, je reste sceptique, parce que c’est l’occasion de démontrer quand le Sénégal souffre de maux de tête, la Guinée a des migraines. Que si la Côte d’Ivoire a  la diarrhée, le Burkina Faso et la Guinée devraient sentir mal à la dysenterie. Mais on ne le fait pas et on proclame. Je pense que ça été maladroitement dit. Les Sénégalais sont libres chez nous d’aller et de venir, nous ne nous préoccupons pas de savoir quel est le Sénégalais qui a le Sida. Et s’il avait Ebola et le Sida, c’était une occasion pour la Guinée de le traiter sur le même pied que le guinéen de Boké, de Lola, de Siguiri, de Labé ou de Lélouma. Mais dire que si le Guinéen là, n’était pas malade, on allait le poursuivre, pourquoi ? Pour être rentré au Sénégal. Mais les textes que nous avons signés à la CEDEAO, consacrent la liberté de circulation des personnes et de leurs biens. Et de ce fait, ils suppriment le visa au niveau du simple citoyen. Alors, je me demande au nom de quoi monsieur Sall aurait expulsé le guinéen ou le jugé ?

‘‘Je me demande au nom de quoi

monsieur Sall (Macky)
aurait expulsé le Guinéen ou le jugé ?’’

Le récent voyage du Chef de l’Etat en Tunisie avait alimenté la chronique dans la cité. Certaines  rumeurs avaient un caractère purement alarmiste. Quel effet cela vous a fait?

Mais dans tout ça, je me pose la question : est-ce qu’il est normal qu’un leader politique proclame la preuve matérielle, la photocopie d’un certificat de décès du chef de l’Etat. C’est-à-dire le premier citoyen d’un pays, qu’il faut regarder avec les yeux du citoyen. Il ne faut pas toujours se regarder en tant que rivaux, parce qu’il y a des institutions, les institutions nous représentent. Le président de la
Cour suprême, que vous l’aimez, que vous ne l’aimez pas, il est au top des institutions judiciaires. Le président de la République est le chapeau des institutions de la nation. Pour dire publiquement qu’il est mort, je crois qu’il faudrait prendre un minimum de précautions. Et c’est tomber comme la foudre en plein midi, sous le soleil d’été.

‘‘Le président de la République est le chapeau

des institutions de la nation

Pour dire publiquement qu’il
est mort, je crois qu’il faudrait prendre

un minimum de précautions’’

Je crois qu’il faut faire très attention. Il y a la joute politique, il y a aussi la façon de s’exprimer devant certains publics. Cela montre le niveau d’irresponsabilité de certains. Donc, les gens s’attendaient à tout, sauf cette annonce brutale qu’Alpha Condé est mort, puisque, c’est de lui que l’on parle. Je pense cela, lui imposait de démontrer qu’il n’est pas mort. Maintenant de quelle manière, il devait le faire, il y a une infinité de moyens. Un communiqué aurait suffi avec le numéro du Lynx ou de la Lance ou comment on dit L’indépendant ou de la Croisade, ou je ne sais pas du Standard, daté du jour en main, postérieure à la date du décès annoncé et ça suffisait. Mais il a voulu parce qu’il a été certainement très touché de cette annonce.

Selon nos sources, lors de cette marche vous vous êtes croisés en chemin. Le professeur vous aurait invité à faire quelques pas  avec lui mais que auriez décliné l’offre ?

Non moi j’avais des étrangers avec moi. Alpha Condé n’est pas seulement le chef de la mouvance présidentielle, puisque c’est de lui que s’ordonnent ces partis politiques qui se nomment la mouvance. Mais avant qu’il soit président, nous avons combattu ensemble, nous avons initié la lutte politique pour donner la démocratie à la Guinée. Nous étions quatre. Deux sont morts, il reste nous deux. Moi, je m’apprêtais le lendemain de son retour, à aller auprès de sa famille pour vérifier l’information, parce que ce qui doit caractériser l’homme public, l’homme qui est écouté, c’est de vérifier à la source l’information. Parce que quand l’on vous démente une fois, deux fois, quatre fois, vous ne valez plus rien sur le marché des valeurs politiques. Alors, on s’est croisés entre le pont du 8 novembre et le cimetière Cameroun. Je pense qu’il avait vraiment envie de démontrer que les gens ont dépassé les limites du permis, et ses collaborateurs m’ont dit de le saluer. Je suis allé le saluer. C’est le chef de mon pays, s’il fait bien j’approuve, s’il fait mal, je désapprouve, s’il fait très mal, je condamne. Mais je ne peux me mettre à sa place pour juger de la manière d’intervenir pour démentir une fausse nouvelle qui pouvait donner lieu à des poursuites. Parce que l’annonce de la mort d’un chef d’Etat, c’est très grave pour un pays et surtout à une période ou le pays est menacé de morts massives par une maladie au contour indiscernable. Puisqu’on n’a pas encore la maîtrise de la structure du virus. On tâtonne, même l’annonce du médicament de vaccin par l’OMS, lors de la réunion de 8 mille spécialistes, il n’y a pas de certitude absolue que ce vaccin va guérir et que le traitement va réussir.

 »(Alpha Condé) C’est le chef de mon pays, s’il fait bien j’approuve,

 s’il fait mal, je désapprouve, s’il fait très mal, je condamne »

Avant cette folle rumeur portant sur la mort du chef de l’Etat, le leader de l’UFDG, monsieur Cellou Dalein Diallo a fait une déclaration qui elle aussi a défrayé la chronique, sur les alliances portant sur les futures élections. En tant qu’homme politique, que cela vous inspire-t-il?

Oui, j’ai appris cela, mais j’ai mis au compte d’une faute de la langue, comme on dit en latin. Je ne pense pas que Cellou qui est calme de nature, puisse annoncer comme ça s’il ne s’est pas trompé. Je crois que les mots ont dû trahir sa pensée. Parce que rien ne prouve que la Basse Guinée avec les données que nous avons maintenant puisse s’aligner à la forêt pour combattre le Fouta ou aux malinkés pour combattre la Forêt ou le Fouta. S’il y a un traité entre ces deux régions, je n’ai pas encore lu le texte. Mais si vraiment, il a dit, je ne devrais pas le juger, je crois que ça doit être une erreur. Assurément les mots ont dû trahir sa pensée.

‘‘J’ai mis (le discours de Dalein à Chicago, NDLR)

 au compte d’une faute de la langue’’

 

Peut-être les gens ont du mal à traduire ce qu’il a voulu vraiment dire. Parce que je ne vois pas objectivement avec les données de faits que je connais en Guinée, qui est du Fouta;  qui est la Basse Guinée; qui est le Mandé; qui est la Forêt. Je ne vois pas comment deux régions peuvent négocier pour s’attaquer (rire), à une autre sans connaître leur histoire, leur force de réactions. Je ne parle même pas de résistance. Il arrive à tout homme politique dans la chaleur des discussions, de laisser échapper des phrases qui ne traduisent pas exactement ce que vous voulez dire. Je mets cela au compte d’une défaillance momentanée.

Honorable, juste une dernière question.  Il y a quelques jours la douane sénégalaise a réquisitionné des fonds en provenance de la Guinée. L’affaire a été révélée par la presse sénégalaise, et a fait grand bruit. Ça vous dit quoi tout ça en tant qu’homme politique ?

Je ne connais pas bien les techniques bancaires mais un montant si important. Je pense que son transfert ne devrait pas se faire par des moyens tels qu’on me l’a présenté. Mais n’étant pas un spécialiste des affaires bancaires. Il m’est difficile de démentir catégoriquement. Non, je dirais que autorisé ou pas autorisé, ça me parait un peu imprudent de se promener avec une telle somme. Dans un petit avion, tout peu arrivé et se serait une perte colossale. Quelle est l’urgence qui amènerait à ces transferts matériels. Laisser de côté, les moyens électroniques d’aujourd’hui. Mais comme le gouverneur de la BCRG l’a affirmé et n’étant pas spécialiste des questions bancaires, je n’ai pas raison de le démentir, que c’est une des méthodes de transferts dans ce cas de figure. Je m’en tiens à ça, mais si je connaissais bien les techniques bancaires, peut être j’aurais rédigé la position qui est la mienne de rester dans le dubitatif. Mais à priori, je crois que c’est imprudent de faire voyager plus de 4 milliards, c’est beaucoup parce que moi je n’ai pas ça. On ne s’amusait pas de promener avec ça dans ses sacoches ou dans un panier à travers les frontières. Donc, ici ma réponse est vraiment réservée et très réservée parce que je ne voudrais pas donner une opinion qui ne se vérifierait pas, par ma méconnaissance des faits allégués et des techniques bancaires qui sont
en cause et qui auraient été utilisées de manière plus appropriée.

In Le Démocrate, partenaire de guinee7.com

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