Censure

Sobragui : L’arnaque des consommateurs et le monopole procurent une belle ‘‘dose adulte’’

La Sobragui (société des brasseries de Guinée)  se bat bec et ongle pour faire cavalier seul dans le landerneau, pour garder le monopole et pour tout faire accepter aux consommateurs. Pratiquement sans concurrent, elle se croit seule sur la piste pour n’en faire qu’à sa tête. L’épineuse question du monopole est posée.

Dans les années 1987-88, la Sobragui nouvelle version mettait la Skol sur le marché, c’était une bière. Lors d’une fête de l’armée au Camp Alpha Yaya, la Sobragui avait pris en charge la fête pour vanter son produit. Le général Lansana Conté, solide connaisseur en la matière, avait mis solennellement la société au pas en lui demandant d’augmenter la teneur d’alcool… Et comme l’habitude est une seconde nature, les militaires demandaient à chaque fête « sa contribution » à la brasserie. Ainsi, de la fête du 1er novembre à l’avènement du CMRN, le 3 avril, la Sobragui se devait de « sponsoriser » les célébrations militaires. De là, tout lui était permis. Plus la Sobragui s’investissait dans les fêtes bacchanales militaires, plus son produit se diluait et se dépréciait. Après la Skol, ce fut au tour de la Guiluxe de faire oublier pour un temps le fardage de la Skol. Mais elle aussi suivra le même chemin jusqu’à l’avènement du CNDD. On a entendu parler d’une facture de l’ordre de 7 milliards, liquidée ou pas, la question se pose.

A ses débuts, la « dose-adulte » en Skol pour un amateur aguerri et confirmé était de trois bouteilles, de même que celle de sa sœurette Guiluxe des débuts, mais la qualité baissant de jour en jour, la glisse à quatre, à cinq, à six bouteilles et indéfiniment. Finalement, pour avoir « sa dose », le consommateur devait débourser cinq à six fois plus. Concurremment à l’inflation, de 700 fg la bouteille, le « gnôlard » doit débourser, à l’heure actuelle, 7000 f pour une bouteille de flotte. Quant  à atteindre la dose-adulte, il faut exponentiellement mettre la main à la poche. Il faut freiner l’inflation dans la baisse de qualité.  Pis encore, à certains moments, on pouvait voir des matières solides nager dans certaines bouteilles de Skol, notamment et spécifiquement lors de la pénurie pendant la longue grève déclenchée par les syndicats, en 2007.

Et pour le bouquet, le pire est que la technologie de la mise en bouteille de la Guiness, un autre de ses produits avait capoté dans les années 2009-10, on ne se rappelle plus la date exacte. Un consommateur, qui prenait la dernière gorgée de sa bouteille, entendit un bruit métallique. Il cracha la gorgée et sortit sa trouvaille  de sa bouteille : une pièce métallique en acier inoxydable.  La brasserie pourrait reconnaître qu’elle a perdu  quelque chose de gênant. L’abasourdissement fut général mais certains avaient trouvé une consolation : la tête du bec verseur ou doseur, donc, l’objet est stérilisé, pour consoler le consommateur.

Certainement que certains de la presse avaient ouï dire de cette affaire, mais ne détenaient pas la clé de l’énigme et s’en sont mal servis.

En dehors de cette affaire de produits de qualité douteuse, il y a aussi que les défenseurs de l’environnement avaient titillé la même société pour les produits chimiques nauséabonds rejetés par la Sobragui et par la Bonagui (boisson non alcoolisée de Guinée). Ces affaires avaient fait grand bruit, puis rien. Le dossier est resté pendant et dort.

L’arnaque des consommateurs par la Société est arrogante : Etant seul cavalier sur la place publique, la Sobragui fait la pluie et le beau temps et arrive même à forcer l’écoulement des produits qui ont fait four ailleurs, des produits que d’autres rejettent et qui ne sont pas les siens, on le suppose, en provoquant une pénurie artificielle de ses propres produits en Guinée. Cette sorte de « sous-traitance » est une preuve de plus que la Sobragui n’a aucun égard pour ses meilleurs clients. A l’heure actuelle, toutes sortes de bières importées font la pluie et le beau temps sur le marché guinéen, alors que la Sobragui, avec une petite volonté, serait imbattable sur le sol guinéen.

Voilà un sujet qui mérite réflexion profonde dans le code des marchés publics. Les consommateurs guinéens ont bu de toutes les couleurs sous la « dictature » de Sobragui. La libéralisation dans ce domaine est souhaitable pour l’Etat, d’abord, pour les consommateurs, ensuite.

De toute façon, ses produits sont en passe d’être battus à plate couture. Heineken vient de s’implanter à Abidjan…

Moïse Sidibé pour guinee7.com  

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