Censure

A l’Ufr des boucs émissaires paient la note (Par O.Tiero)

L’un des maux qui handicapent la marche des partis politiques en Guinée, c’est bien la rareté ou la fragilité des ressources financières. C’est une  triste réalité de notre pays, où le leader est l’unique pourvoyeur des fonds qui font vivre son parti.

Il est reconnu qu’un parti politique vit essentiellement des cotisations de ses militants et sympathisants. Mais n’allez pas demander à un militant guinéen acculé à vivre au jour le jour de payer quoique ce soit pour sa formation politique, au contraire c’est  lui qui court régulièrement auprès du leader pour solliciter assistance.

En Guinée, c’est la triste réalité, le leader est l’unique pourvoyeur des fonds qui font vivre son parti. Il ne souffle que quand il a la chance d’arriver à la magistrature suprême, c’est alors qu’il puise à deux mains dans les caisses de l’Etat au profit de son parti. Dans un tel contexte, lorsqu’il vient un jour à disparaître, le parti disparaît avec lui.  Et même si le parti tente de survivre, il devient une coquille vide sans ressources.

On comprend  aisément que cette position d’unique argentier du parti fasse du leader  une espèce de dictateur, il se donne le droit de décider de tout. Il ne tolère pas des voix dissidentes parmi ses proches collaborateurs  et beaucoup de militants le prennent pour un demi-dieu. Il a toujours raison sur tout le monde, si bien que quand la marche du parti coince quelque part, ce n’est pas lui qui est mis en cause mais son entourage.

La marche de l’Union des Forces Républicaines (UFR) illustre bel et bien le schéma ci-dessus décrit. Sidya Touré a signé en 2010, au deuxième tour de la présidentielle, une alliance électorale avec Cellou Dalein de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG), cela lui a valu la désapprobation et le reniement des militants de la Basse côte et de la Guinée forestière. Après la présidentielle de 2015,  le voilà se rapprocher du pouvoir au point de faire entrer un de ses proches au gouvernement et d’obtenir pour lui-même le fameux poste de Haut Représentant du chef de l’Etat.

Cette position ambigüe de l’UFR, à la fois membre de l’opposition dite plurielle et partisane du pouvoir, influe négativement sur la marche du parti, elle n’est pas toujours bien vue par la base. En témoignent les déboires de l’UFR lors de la mise en place des démembrements de la CENI en 2016, la majorité et l’opposition républicaine l’ont respectivement rejetée de leurs rangs. Les mêmes déboires reviennent  à la faveur des élections communales du 4 février 2018, le RPG arc-en-Ciel a jeté bas l’alliance électorale qui le lie à l’UFR pour la combattre et lui voler ses voix jusque dans ses fiefs.

La colère des jeunes de l’UFR, déclenchée la semaine dernière, est bien légitime. Sauf que les jeunes évitent soigneusement d’indexer le vrai coupable des déboires du parti qui n’est autre que le président Sidya. Celui-ci, se sentant l’unique maître à bord du navire, promet de nettoyer la direction du parti : bureau exécutif national, bureau national des femmes, bureau national des jeunes. C’est donc évident que ce sont des boucs émissaires qui vont payer la note.

Mais au-delà de tous ses errements politiques, Sidya garde encore un crédit inégalé d’administrateur hors pair, celui qui a la plus longue expérience de gestion de l’Etat qu’il a prouvée en Côte d’Ivoire et en Guinée. Qu’on le veuille ou non, il reste le candidat le plus crédible pour la présidentielle de 2020.

O.TIERO (L’Indépendant)  

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