Censure

Des Accidents de trop à Conakry : l’analyse d’un traumatologue

Un accident de la voie publique est un choc sur le réseau routier entre engin roulant (automobile, moto, vélo etc.) et toute autre chose ou personne et qui engendre des blessures humaines et/ou dégâts matériels.

La conséquence immédiate est la notion de victimes, constituées soit de personnes tuées, c’est à dire toute personne qui décède sur le coup ou dans les 30 jours qui suivent l’accident, soit de personnes blessées allant de modéré à grave pouvant faire l’objet de soins intensifs et/ou une prise en charge osseuse ou neurologique durable. Suivant les cas le nombre de personne impliquée peut être considérable. Rouler chez nous et particulièrement à Conakry, expose au risque majeur en matière de traumatologie, et lorsqu’on prend en compte les données épidémiologiques, il est évident de comprendre qu’il s’agit d’un véritable problème de santé publique, aux conséquences socioéconomiques considérables.

Quatre paramètres :

1-le nombre de personnes impliquées

2-le nombre de personnes tuées

3-le nombre de personnes blessées graves

4-les complications responsables soit de mort secondaire comme l’embolie pulmonaire, la septicémie, soit de séquelles comme l’inégalité de longueur des membres, l’ostéonécrose, les séquelles neurologiques voire une perte d’autonomie complète.

La sensibilisation est indispensable, cependant elle doit absolument fusionner avec l’application stricte et sans faille des lois régissant le code de la sécurité routière. Les mauvaises habitudes générées depuis des années persistent encore au mépris des lois et principes de sécurités de la voie publique. Tous les ingrédients sont réunis : véhicules épaves, conducteurs ignorants les principes les plus élémentaires ou méprisant complètement les règles de la sécurité routière, les surcharges sauvages des gros camions et taxis etc.

Imaginez les passagers non ceinturés dans un taxi roulant à 120km/heure, en cas d’obstacle ou de freinage intempestif, les passagers seront éjectés à la vitesse de 120km/heure et dans ces conditions, on n’a pas besoin de disserter pour comprendre l’ampleur du désastre lié aux risques traumatologiques. Les passagers ayant la même vitesse que le taxi. La population est exposée aux mêmes risques le long des chemins de fer à Conakry. Il y a eu beaucoup de campagne de sensibilisation, mais dans un pays comme la Guinée où l’impunité, la corruption et le mépris des lois ont été pendant des années le seul élément de référence en terme de comportement, rien ne changera radicalement si les lois strictes et sans hésitation ne sont pas appliquées.

Mes souvenirs du désastre de 1976 à Kindia entre un camion de OBK chargé de travailleurs et le train sont encore vifs, c’était indescriptible tout simplement. Tous ces blessés et morts évitables soulèvent l’épineux problème d’application des règles de prévention routière d’où la nécessité absolue pour l’Etat Guinéen d’engager une réplique préventive avec fermeté et rigueur comme notifié par le président de la république.

Cette prévention exige un certain nombre de règle :

1- l’interdiction urgente d’importation sur le sol guinéen de véhicules épaves

2- La mise sur pied d’un comité technique pour expertiser tous les engins roulants surtout les poids lourds en attendant le démarrage du service de contrôle technique

3- Le respect absolu du nombre de passager requis pour un taxi et l’obligation du port de ceinture.

4- La régulation des horaires de traversée de l’agglomération par les poids lourds.

5- La maitrise des conditions d’obtention de permis.

6- L’interdiction de surcharge de gros camions.

7- L’évacuation complète des populations aux abords immédiats des voies ferrées.

8- La poursuite de la campagne de sensibilisation pour que chacun puisse comprendre qu’il vaut mieux prévenir que guérir.

 

Docteur Konaté Solian Chirurgien Orthopédiste et Traumatologue CHHB France

15 impasse Paul Bert 01100 Oyonnax

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