Censure

Cassus Dioubaté et Baïdy Aribot au centre d’un scandale minier

Une enquête de Mediaguinee publiée ce lundi pour faire la ‘‘lumière’’ sur le rapport de Global Witness accusant des personnalités guinéennes de corruption, fait une autre révélation qui met au centre d’un deal, Ibrahima Cassus Dioubaté, promoteur de Plaza Diamant et Baïdy Aribot, député de l’UFR.

Selon cette enquête, au cours des premiers mois du passage du Général Sékouba Konaté à la tête de la Guinée, la situation intérieure est à la détente relative après les terribles événements du 28 septembre 2009 – dont les conséquences ont éjecté le capitaine Moussa Dadis Camara du pouvoir. En avril 2010, un homme d’affaires guinéen décide de faire une demande de permis miniers dans la zone d’Albadaria, à Kissidougou, apparemment riche en fer.

Cet homme d’affaires, le 25 juin 2010, obtient, selon l’enquête, trois permis de recherches couvrant une surface de 1107 Km2 (Arrêté N°A2010/2840/MMG/SSG). «Au Centre de Promotion et de Développement Minier (CPDM), ces permis seront enregistrés sous le numéro A2010/133/DIGM/CPDM. L’homme en question, actionnaire unique de sa société Guinea Development Mineral Resources (GDMR) S.A., va plus tard (ou peut-être avant) rencontrer des dirigeants de Sable Mining ‘‘désireux d’investir en Guinée’’ », ajoute l’enquête.

Vers le mois d’Août de la même année, Andrew Groves, CEO de Sable Mining, à la tête d’une délégation de sa compagnie, arrive en Guinée.

« Ils se plaignaient des tracasseries administratives et des difficultés à formaliser leur projet d’investissement dans le pays », selon une source citée par l’enquête.

« En novembre 2010, le patron de GDMR, le businessman Ibrahima Kassus Dioubaté, décide de vendre la totalité des actions (un total de 1000 actions soit 100% du capital) qu’il détenait dans sa société à… Sable Mining. A l’analyse, il s’agit d’une manœuvre habile ; la loi guinéenne n’autorisant pas de vendre, amodier ou transférer un titre minier d’une compagnie à une autre, la vente de la société permettait de conserver les permis miniers dans le portefeuille de GDMR qui changeait cependant de propriétaire », révèle l’enquête.

Selon la même enquête, «Les deux parties conviennent de se retrouver à Paris pour négocier le prix de la vente : 6 millions de dollars USD. Mais il y a un problème, Dioubaté n’avait pas à cette époque de compte bancaire en France. Pour faciliter la transaction, l’ancien directeur national du Fonds Minier, Baïdy Aribot, présenté par l’accord comme « actionnaire et facilitateur », propose que le montant de la transaction – majoré de la Clause de confidentialité, soit 200000 dollars USD -, soit versé sur son compte personnel (N°00050528174 sis à la Société Générale Paris). Après l’accord intervenu le 9 novembre 2010, toutes les parties signent le document intitulé «convention de cession d’actions»

‘‘Je ne suis qu’un intermédiaire’’, dit Baïdy Aribot

« Comme convenu, précise l’enquête, Sable Mining ordonne le transfert de 6,2 millions de dollars USD de son compte à la JP Morgan Chase Bank au compte de Baïdy Aribot à la Société Générale Paris. Il n’y a aucun doute sur la réalité de cette transaction dont nous avons vu la trace au ministère des mines. Baïdy Aribot, qui se trouvait à Dakar, nous a expliqué à l’époque qu’il n’était qu’un ‘‘intermédiaire’’ dans cette transaction en nous renvoyant à Ibrahima Kassus Dioubaté. Après un premier contact pour s’enquérir de notre identité, le fondateur de GDMR n’a plus jamais répondu à nos appels. C’était bien avant le tintamarre qui a suivi quelques mois plus tard la plainte de Sable Mining, actuellement en cours de traitement chez le doyen des juges d’instruction du tribunal de première instance de Kaloum ».

Cassus nie avoir vendu ses actions

Poursuivant son enquête, le site guinéen précise qu’après «l’accord de Paris, Dioubaté va nier avoir vendu GDMR à Sable Mining provoquant l’ire des dirigeants de la compagnie britannique. Dioubaté est accusé par Sable Mining d’avoir vendu la même société GDMR au groupe chinois (le nom d’un certain M. Yang apparaît dans le dossier) qui fait actuellement des travaux à Kissidougou, en dépit des injonctions du tribunal les sommant d’arrêter les travaux (Ordonnance N°058/CAB/P/TPI/CKR1/2011). Inflexible, il a catégoriquement rejeté le document de Paris, affirmant que ce n’est pas sa signature qui y est apposée. Il a défendu cette position étrange en présence de très hauts responsables du ministère des Mines. Au département des Mines, les cadres en rigolent encore. Mais Dioubaté avait un argument bien à lui : le permis minier de Kissidougou faisait partie des actifs de GDMR mais la copie originale n’avait pas été remise à Sable Mining ».

L’affaire entre les mains de la justice

Selon l’enquête, « Sable Mining va réclamer en vain les documents manquants pour le contrôle de tous les actifs de la société achetée. De guerre lasse, la compagnie britannique se résoudra à remettre et le sort de GDMR et la question du remboursement des 6,2 millions de dollars USD entre les mains de la justice ».

C’est ce fiasco qui aurait obligé la compagnie britannique à faire un virage à 180 degrés en se rabattant sur WAE, la société de Aboubacar Sampil, aujourd’hui cité dans un scandale de corruption par l’ONG britannique, Global Witness.

Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com

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