Censure

Ceni/Les carences d’une institution

Tout organisme de gestion des élections (OGE) à travers le monde est établi sur des principes universels d’organisation et de fonctionnement. La Commission électorale nationale indépendante (CENI) de Guinée ne fait pas exception à la règle, elle proclame haut et fort dans toutes ses sessions de formation ou de sensibilisation ces principes universels dont les principaux sont : l’indépendance, l’impartialité, l’intégrité et la transparence. Qu’en est-il dans les faits de la CENI par rapport à ces termes de référence ?

De l’indépendance

La CENI est-elle réellement indépendante et par rapport à qui ? Les partis politiques (opposition et mouvance présidentielle), la société civile et l’administration publique sont les institutions dont les représentants constituent les 25 commissaires en charge de la conduite de la CENI. Chacune de ces institutions tente au jour le jour d’influer à son profit sur les décisions de l’organe de gestion des élections. Mais la plus grande influence, disons la plus grande injonction dans les affaires de la CENI relève du premier magistrat de la nation, en l’occurrence le président de la république qui n’a pas hésité à dire aux commissaires lors d’une audience qu’il leur a accordée : « Vous dites que vous êtes indépendants, indépendants par rapport à qui ? En attendant c’est moi qui vous paie. » Cette vérité laconique sonne bien à l’oreille des commissaires qui se croient contraints dans tenir compte en faisant profil bas face aux injonctions souterraines ou visibles du chef de l’Etat.

De l’impartialité

Nos commissaires sont-ils justes et traitent-ils les parties présentes au processus électoral de manière équitable, non partisane ?

Il faut être de la boîte pour voir les comportements néfastes de certains commissaires notamment ceux du parti au pouvoir ou de l’administration publique intervenir lors des scrutins en faveur de leurs mandants.

De l’intégrité

Nombre de nos commissaires, pour ne pas dire la totalité, sont facilement accessibles à la corruption d’où que celle-ci vienne, de la majorité présidentielle ou de l’opposition. Des cas flagrants n’arrêtent pas d’alimenter les commérages dans les couloirs de la CENI.

De la transparence

La capacité d’être ouvert et honnête dans toutes les opérations est rarement respectée.  La CENI fait souvent du ‘’ deux poids deux mesures ‘’ face aux partis compétiteurs. Le parti au pouvoir peut s’arroger le droit de battre campagne avec les moyens financiers, matériels et humains de l’Etat sans que la CENI ne lève le petit doigt.

Toutes ces carences de notre OGE crèvent les jeux de tout observateur averti. Il est plus que nécessaire d’y remédier pour qualifier davantage la démocratisation de la vie politique en Guinée. La mesure radicale pour y arriver est de doter le pays d’un bon leadership, la gouvernance politique actuelle est évidement antinomique de tout processus électoral normal.

O. TIERO (L’Indépendant)

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