Censure

Crise migratoire/C’est à l’Afrique de jouer (Par Youssouf Sylla)

Sauf revirement de dernière minute, le Président américain Donald TRUMP a pris la décision, exécutoire, à compter de ce week end, d’expulser des milliers de clandestins vivant sur le territoire américain. 

De nombreuses personnes manifestent déjà contre cette décision jugée inhumaine et d’un autre âge. De nombreuses personnes avec leurs familles respectives qui ont choisi de vivre aux États-Unis et qui ne s’attendaient pas à l’exécution de cette décision seront désemparées. Comment réapprendre à vivre dans leur pays d’origine alors qu’elles n’y sont pas préparées. Si la décision de TRUMP est vraiment exécutée, elle sera dramatique pour de nombreuses familles.

Il y a une foule de raisons qui rend la vie périlleuse chez eux et qui pousse à partir

Ceci dit, posons-nous aussi en toute responsabilité la question de savoir les raisons qui poussent les uns et les autres à vouloir vivre aux États-Unis. Les gens sont attirés par le rêve américain (immigration économique), mais aussi, ils fuient la dictature, les persécutions dont ils sont victimes pour des raisons politiques, sociales, religieuses, etc. Il y a donc une foule de raisons qui rend la vie périlleuse chez eux et qui pousse à partir. Les États-Unis ne sont pas la seule terre convoitée à cet effet. Le Canada, l’Europe et l’Australie sont aussi des contrées convoitées.  Pour les africains candidats à l’immigration les pays arabes (Égypte, Maroc, Tunisie, Lybie…) situés dans le nord du contient deviennent de plus en plus soit des pays de transit avant de mettre le cap sur L’Europe, soit des pays de destination. L’afflux massif vers les pays du Nord de l’Afrique est une réalité de plus en plus importante dans le cheminement des candidats africains à l’immigration.

La couche la plus dynamique et la plus vivante de nos populations est dans le découragement et le pessimisme

Lorsqu’on regarde le profil de ces candidats, on se rend compte qu’ils sont jeunes à la fleur de l’âge, prêts affronter tous les dangers, souvent au prix de leurs vies, pour arriver à destination. En grande partie, les gens de leur âge en Afrique même s’ils ne franchissent pas le pas pensent comme eux et sont solidaires d’eux. Ils ne croient pas une seconde dans l’avenir de leurs pays. Ils ont le profond sentiment que les portes de la réussite leur sont hermétiquement fermées dans leurs pays. Ils sont convaincus qu’ils n’ont pas reçu une bonne formation et qu’ils sont condamnés au chômage après leurs études souvent bâclées. Tous ces sentiments se mêlent et apparaissent dans leur quotidien, leurs chansons, etc. Ce qui est grave, et ce dont nous tenons pas suffisamment compte, c’est que la couche la plus dynamique et la plus vivante de nos populations est dans le découragement et le pessimisme. Alors qu’un des plus grands défis à relever dans les pays occidentaux est d’encourager les naissances pour faire face au vieillissement de la population, nous en Afrique nous abandonnons la jeunesse, force vitale de la société et garantie de notre avenir collectif. 

On n’a jamais vu dans l’histoire, un pays s’occuper de la population d’un autre pays plus que sa propre population

Le monde connaît une crise migratoire qui trouve ses racines dans les politiques mises en œuvre en grande partie par les gouvernants africains et occidentaux. C’est dans le changement de ces politiques qu’on pourrait trouver des solutions durables à la crise migratoire. A titre principal, il est de la responsabilité des États africains de créer dans leurs pays les meilleures conditions de rétention des jeunes. Ceci en leur offrant une formation de qualité, des opportunités d’emploi et des espaces d’affirmation de leurs talents. Il faut donc arriver à créer aussi le rêve africain. Ces choses sont largement à la portée de nos gouvernements. Il n’y a pas de raison que le monde ne nous aide pas si nous sommes les premiers à montrer le chemin du progrès de notre jeunesse. C’est à l’Afrique de protéger en premier lieu sa jeunesse à travers ses organisations comme l’Union africaine et chaque État individuellement pris. Mais vu l’état dans lequel se trouve aujourd’hui cette jeunesse on peut sans risque de se tromper affirmer que le continent manque à une de ses obligations sacrées. Et, il ne faut pas espérer qu’un autre le fasse à sa place. On n’a jamais vu dans l’histoire, un pays s’occuper de la population d’un autre pays plus que sa propre population.

Youssouf Sylla, analyste

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