Censure

Graffiti/ Le concepteur de l’effigie de Sékou Touré sur le pont 8 Novembre s’exprime (Interview)

Auteur des graffitis qui n’échappent pas au premier coup d’œil en direction du pont du 8 novembre à Conakry, M’baye Aïssatou Fall alias « Lefa » est le directeur de « Guinée challenge », structure coorganisatrice du festival « Lassiri Graffiti », il a été rencontré par Guinee7.com et Mediaguinee,  ce lundi 31 décembre pour une interview. Il en a profité pour expliquer les objectifs de cet évènement.

Nous observons depuis un certain temps vos graffitis, dites-nous dans quel contexte cela intervient ?

Le festival de Lassiri graffiti est un événement organisé par deux(2) structures. Ma structure à moi, appelée l’association Guinée challenge, qui évolue dans l’éducation depuis plus de quatre ans maintenant. On a même offert des bibliothèques à la ville de Sangarédi. Pour aller plus loin, on a décidé de venir un peu dans les questions de citoyenneté et de civisme. On a été à Dakar pour une formation, c’est là-bas, on a vu le graffiti. Et on a vu ce que le graffiti a apporté comme impact aux populations sénégalaises, point de vue civisme et éducation civique. Maintenant, vu qu’on est dans un pays où les gens piétinent les questions de citoyenneté et de civisme, on s’est dit pourquoi ne pas envoyer le graffiti en tant que vecteur de sensibilisation en Guinée. Cela fait trois(3) ans qu’on est sur le combat, on est en train de mettre le projet en place. Et ça fait presqu’une année on est dans les démarches pour avoir l’autorisation pour faire du graffiti. Notre objectif, c’est quoi? Comme l’ont fait les sénégalais, c’est d’embellir la ville de Conakry. Et de faire passer des messages à travers les images, mais des images qui appartiennent à nous africains, à nous les guinéens. Pour cette première édition, nous sommes partis sur le panafricanisme. On a pris des têtes des personnes qui ont vraiment marqué l’Afrique pendant l’époque coloniale. Je parle ici de Tomas Sankara, Kwamé kwuruma, d’Amical Cabral et de Sékou Touré, et c’est ça qu’on a représenté au pont du 8 novembre. On voulait aller plus que ça parce qu’on voulait mettre Patrick Lumumba etc… Mais compte tenu de nos moyens parce qu’on le fait nous-mêmes. On n’a pas pu aller plus que ça. Et si vous avez visité le site, il n’y’a pas que des têtes, il y’a des messages, par exemple  » main dans la main, pour une Guinée meilleure etc… Pour nous les artistes, c’est un moyen de sensibiliser les gens, rendre les coins délabrés propres(…). Et d’enseigner la nouvelle génération que nous sommes, qui ne connaît rien des personnes qui ont fait quelque chose pour nous.

Vous nous avez dit rechercher les autorisations, les avez-vous eues ?

On ne peut pas faire une activité dans un domaine sans avoir l’autorisation. On est passé par le gouvernorat bien avant le festival, on a fait le prélude, qui est de l’autre côté, là-où, il y’a Samory Touré, le Nimba et M’Balia Camara. Vu qu’il y’a eu l’installation des élus locaux, c’est-à-dire les maires dans les différentes communes, pour faire maintenant le festival, on était obligé de revenir vers la commune de Kaloum pour avoir l’autorisation, et on l’a eue pour faire le graffiti.

Moi, je suis un artiste, mon projet n’a rien de politique. Je ne veux pas aller sur le terrain-là. On a juste apporté notre touche pour changer l’image de la Guinée

Dans vos représentations, nous voyons l’effigie de plusieurs personnes et tout récemment l’une de ces images (celle de Sékou Touré) a été décriée, quel est votre sentiment en tant qu’artiste ?

Moi, je suis un artiste, mon projet n’a rien de politique. Je ne veux pas aller sur le terrain-là. On a juste apporté notre touche pour changer l’image de la Guinée. Ceux qui pensent qu’on les a insultés, ce n’est Pas le cas. On a fait une œuvre artistique, une œuvre qui appartient à tous les guinéens. Et si vous avez remarqué sur la fresque, les têtes qui sont là-bas, vous connaissez mieux que moi les personnes là. Mais je ne pourrai que demander à l’association des victimes du Camp Boiro, si elle a été vexée par notre œuvre, on s’excuse pour ça. Mais on a voulu juste représenter l’Afrique en générale, des personnes qui ont fait quelque chose pour l’Afrique, et l’enseignement général, à la génération, qui ne connaît pas ces têtes-là. Et aussi embellir la Guinée, faire d’elle une capitale meilleure en images, en histoire. C’est un festival jeune. Ce sont les jeunes qui l’ont fait, nous sommes au nombre de 15 jeunes guinéens. Il n’y a pas l’argent de quelqu’un là dans, pour dire qu’il y’a tel qui, nous a financé. On a mis notre propre fond parce qu’on croit et on veut changer la Guinée.

Interview réalisée par Abdou Lory Sylla pour Guinee7.com

 

Facebook Comments

Obtenez des mises à jour en temps réel directement sur votre appareil, abonnez-vous maintenant.