Censure

‘‘Les gens sont fatigués de ce régime-là, ils veulent une alternance à tous les niveaux’’

Dr Ousmane Bangoura est le président du réseau Africain pour la Stabilité de la Constitution, (RASCO). A son domicile, il a reçu notre reporter.  Au cours de notre entretien, Dr Ousmane Bangoura dénonce les fraudes électorales orchestrées par le RPG. Il rappelle aussi les promesses non tenues du Chef de l’Etat durant son mandat et la déclaration du directeur national de la police. Interview.

Vous êtes le président du Réseau Africain pour la stabilité de la constitution -RASCO- et vice-président de la délégation spéciale de Matoto.  Que pensez-vous de la déclaration du directeur national de la police faite récemment à N’Zérékoré? Qu’est-ce que votre Institution a fait par rapport à cette déclaration ?

C’est vrai le réseau Africain pour la stabilité de la constitution est un réseau panafricain qui travaille dans le cadre de la stabilité des constitutions. Comme vous le savez, les sociétés évoluent, les dispositions aussi doivent évoluer. Ceci dit qu’on ne peut que revoir, amender les constitutions, selon l’évolution de ces sociétés-là. Les constitutions ont généralement verrouillé les articles qui touchent à la modification portant le nombre de mandat et la limite des mandats présidentiels.

Et donc vous avez remarqué qu’en Afrique, plusieurs Chefs d’Etat africains se sont évertués à modifier ces articles-là pour se maintenir indéfiniment au pourvoir. C’est dans ce cadre ci qu’en Guinée, nous avons mis en place ce réseau, un réseau fédérateur, qui se dit fédérateur des différents réseaux locaux dans le pays afin que ce soit une puissance africaine.

Et quand on a évoqué ici en Guinée, notamment par ce fameux Bangaly Kourouma, le directeur national de la police qui dit que notre Chef d’Etat, Alpha Condé, va rester au pouvoir à vie. Notre RASCO s’est élevé. Nous avons fait une déclaration condamnant de façon rigoureuse à cette déclaration qui est en train de saper la base de notre constitution. Nous sommes en train de prendre des dispositions. Nous sommes en partenariat comme je l’ai dit avec d’autres réseaux des pays de la sous-région pour barrer franchement à ce genre des choses.

Nous savons aussi que Bangaly est en train de soulever la poussière pour voir la direction du vent. Il est en mission, parce que le gouvernement n’a rien dit, le Chef de l’Etat n’a rien dit. Nous sommes d’ailleurs au courant qu’on a isolé le président de la cour constitutionnelle, Kélefa Sall pour avoir dit à la prestation du serment du chef de l’Etat « N’écoutez pas les sirènes révisionnistes de la constitution »… Il parait qu’il y’a des réunions qui se tiennent. Il ne prend pas part, il n’est pas associé, il n’est pas consulté, or, la loi est claire. C’est le président de la cour constitutionnelle qui préside toutes les réunions qui se tiennent  alors je crois qu’il a fait une déclaration qui fâche. Il est en train de subir les conséquences de cette déclaration.

Aujourd’hui, le Chef est en train de caresser l’accession propice pour que cela soit fait. En tout état de cause, le RESCO se met devant la responsabilité, devant le peuple de Guinée pour lutter farouchement contre cette pratique qui est en train de miner le pays et qui appauvrit le pays et augmente les misères. Donc, nous sommes là comme je l’ai dit au départ, nous travaillons avec les populations, nous sommes sur le terrain de sensibilisation et d’information. Le peuple de Guinée bientôt va se lever comme un seul homme pour barrer la route à cette pratique en Guinée.

Vous dites que vous êtes candidat cette fois-ci pour la conquête de la commune de Matoto. Nous sommes à quelque mois des communales. Qu’est-ce que vous avez mis en place pour gagner les communales à Matoto?

C’est vrai qu’il y a des difficultés. Le  dialogue du 12 Octobre disait que les élections communales devaient se tenir au mois de février qui comporte de façon indirecte les élections locales. C’est-à-dire les quartiers et districts. Mais je crois sur le parcours, il fallait prendre la loi électorale adoptée cela à l’assemblée. Il y’avait un délai imparti au gouvernement pour déposer ce projet-là à l’assemblée au mois de novembre. Malheureusement, ce projet-là est venu en retard, c’est bien calculer parce qu’ils veulent jouer sur le temps. Comme moi je l’ai toujours dit, notre président est un consommateur de temps. Il met tout le monde sur le dos. Il consomme le temps inutilement, parce qu’il a toujours de calcul dans sa tête comment trainer l’opposition.

Il veut faire le Harakiri à l’opposition cette fois ci pour dire que voilà, il n’y a pas d’argent, attendons à la fin de l’année on tient. A la fin d’année, on dira qu’en 2018, il y a l’élection législative. On ne peut pas faire à l’espace de six mois deux élections. Voilà sa visée, nous restons vigilants. L’opposition est vigilante, nous sommes en train de discuter, je pense que la loi électorale va être votée au plus tard le 04 Janvier. Mais la démarche est longue parce qu’il faut amener cette loi là au Chef de l’Etat. Il dispose de 10 jours pour transmettre ça à la cour constitutionnelle. Dans les conditions normales, la cour constitutionnelle aussi dispose d’un mois à moins qu’expressément, on lui demande de raccourcir le temps-là, pour répondre au besoin des accords.

Je sais qu’on est en train de soulever des difficultés comme je l’ai dit à ce que les élections-là ne se tiennent. En tout état de cause, nous sommes en train de voir l’opposition notamment  comment faire pour empêcher cette fois-ci Alpha de ne pas mettre en pratique de ce qui a été discuté.

A mon parti, maintenant l’UFDG, nous nous préparons de façon très sérieuse parce que nous sommes forts de l’implantation de notre parti et que le parti en face qui est le RPG aujourd’hui n’est que l’ombre de lui-même. Nous n’avons peur que de fraudes qui sont en train d’être préparées à travers les secrétaires généraux des communes, à travers les chefs de quartiers qui souhaitent se maintenir. Donc il y a des fraudes électorales qui sont en train d’être préparées. Ce qui a toujours fait le bonheur du RPG.

Mais cette élection n’est pas comme les autres élections. Nous allons y veiller scrupuleusement pour qu’il y ait beaucoup moins de fraudes pour que l’expression de la population soit répondue. Nous sommes conscients que nous aurons les quatre communes à Conakry parce que notre parti est bien implanté. J’ose dire que notre parti est le seul qui fait l’espoir du peuple de Guinée.

En tant que candidat qu’est-ce que vous faites pour être élu maire de la commune?

D’abord, c’est une élection à deux tours. Les partis vont déposer la liste des candidats et au prorata de ce que nous allons gagner en résultat, nous allons gagner des sièges.  Ce conseil qui élu va mettre en place l’exécutif à savoir le maire et son adjoint. Comme je viens de le dire, nous sommes en train de travailler sur le projet de société qui répond aux aspirations à la demande de la population de Matoto. Donc, quand notre parti va avoir la majorité absolue qui nous permet de mettre en place le maire, je crois qu’à partir de là, on va décider qui va être le maire.

En tout état de cause, je crois que nous sommes près. On a fait le porte-à-porte. Notre argument vient à point nommé. Les gens sont fatigués de ce régime-là, ils veulent une alternance à tous les niveaux que ce soit à la base locale, que ce soit au niveau des communes, que ce soit au niveau de l’assemblée même au sommet de l’Etat. Le peuple de Guinée est prêt à opérer un changement qui va prendre tout le circuit là en place pour que les populations connaissent un peu de bonheur.

L’état de nos routes constitue un véritable calvaire pour les usagers. Le gouvernement disait qu’il attend la fin de l’hivernage pour reconstruire nos routes. Mais jusqu’à présent rien sur le terrain. Qu’en dites-vous ?                             

Excuse-moi ! De dire si le mot bluffeur existe, je dirai que nous n’avons pas connu un gouvernement plus bluffeur que celui que nous avons aujourd’hui à commencer même par le Chef de l’Etat. On est en train de nous parler de l’autoroute de Coyah  jusqu’à Dabola. Cependant entre Coyah- Conakry, ça fait plus de quatre ans ce n’est pas fini. Toutes les routes de Conakry sont dégradées jusqu’ici il y’a pas un effort pour reprofiler ces route-là.

On nous pale de mégas projets où on va prendre l’argent là. Pendant que le pays est incapable d’organiser une seule élection communale, il dit qu’il va organiser des projets pharaoniques. Où est l’argent ? Tout le monde sait que le gouvernement d’Alpha a compromis le financement des institutions Breton Wood. On se tape la poitrine qu’on a eu le PPTE  qu’aucun gouvernement n’a eu mais  où est l’impact de ce PPTE.

Après tous les efforts que le peuple de Guinée a fournis, on a dit, il faut serrer le ventre. On a serré, il ne reste que des os. On a eu de décaissement que les 25 millions de dollars cependant il y’a des pays qui décaissent 100 millions, 200 millions où 500 millions de dollars.

Si vous avez remarqué on a reculé sur tous les plans, donc les investissements occidentaux sont bloqués. Il est en train de faire face aux dictateurs que je connais. Je n’hésite pas de dire qu’Erdogan (président turc, ndlr) est un dictateur, le Rwandais Paul Kagamé, est aussi un dictateur.

Voilà aujourd’hui, les collaborateurs de notre président. Il fait de ceux-ci des compagnons. Ill ne veut pas mettre en place la démocratie. Vous savez,  les financements sont subordonnés à la bonne pratique de la démocratie dans le pays mais notre président n’a malheureusement pas besoin. Il soutient aujourd’hui Yaya Jammeh qui vient de reconnaitre l’élection de son challenger avant de renoncer. La CEEDAO décide de chasser un tel président en Afrique de l’Ouest. Notre Chef de l’Etat fait une déclaration à partir de la Turquie qu’il est contre l’option militaire. Je crois que cela est irresponsable, cela ne reflète pas l’image de notre pays. C’est une honte nationale quand un Chef se comporte de cette façon-là.

 Entretien réalisé par Alpha Amadou Diallo

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