Censure

Lettre ouverte à monsieur le Premier ministre (Par Laye Mamadi Condé)

Monsieur le Premier Ministre,

Permettez-moi tout d’abord, de vous adresser mes félicitations par rapport à votre nomination à la Primature de notre pays. Je vous souhaite beaucoup de réussite et succès dans vos projets, vos entreprises et actions.

Monsieur le Premier Ministre,

Permettez-moi encore  de vous dire, que vous êtes nommé à une période où notre pays traverse beaucoup de crises : sociale, politique et économique. Ce qui rend d’ailleurs votre mission difficile d’autant que parfois vos interlocuteurs sont coriaces.

Monsieur le Premier Ministre,

Je vous prie de restaurer l’autorité de l’Etat, pendant qu’il est temps. Je n’ai aucunement  l’intention de vous édicter un ordre, encore moins  vous dire ce que vous devez faire, je joue seulement ma partition dans la réussite de votre mission.

Monsieur le Premier Ministre,

Votre nomination a suscité beaucoup d’espoir et d’engouement chez bon nombre de Guinéens, vous devez vous battre pour ne pas décevoir ces milliers de vos compatriotes, qui estiment que vous êtes le Premier Ministre  de la situation, mais aussi que le choix du Président de la République porté sur votre modeste personne n’est pas anodin. Vous faites partie des rares Premiers Ministres guinéens, qui ont presque fait l’unanimité, cette liesse populaire suffit largement pour comprendre le poids de votre mission et l’attente des Guinéens. Par conséquent, aucune erreur si petite qu’elle soit n’est permise. Vous avez tous les défis à relever.  Pour mériter  cette confiance du Président tout en restant dans la conscience collective, à mon humble avis, votre premier travail c’est  de restaurer l’autorité de l’Etat. Si vous arrivez à faire exister l’Etat, tout y passe : la lutte contre la corruption, l’impunité, l’abus de liberté, que sais-je encore.   Vous devez vous opposer à une dictature de la minorité imposée par la violence.

Monsieur le Premier Ministre,

L’État, c’est un ensemble d’institutions dont le but est d’administrer une société sur un territoire donné.  Légiférer, gouverner, juger sont les trois dimensions fondamentales de cette organisation complexe (l’Etat) qui oriente la vie sociale et se présente comme la puissance souveraine, celle qui décide en dernière instance. Bref, l’État se définit comme une forme de pouvoir qui régule, formate, homogénéise, contrôle  et oriente la vie sociale à travers des institutions.

Les hommes sont en effet capables d’une violence sans limite, avec pour seule borne leur orgueil ou leur amour propre. Il faut donc que l’Etat brise cette liberté sauvage dans notre pays.  « Tant que les hommes vivent sans un pouvoir qui les tiennent tous en respect, ils sont dans cet état qui se nomme guerre, et cette guerre est guerre de chacun contre chacun », dit Hobbes. Aujourd’hui à Conakry comme  à l’intérieur du pays, il y a des zones de non-droit, cela doit cesser M. le Premier Ministre. Le sens commun reconnaît d’ailleurs volontiers que sans lois, le chaos s’installe, et avec lui l’absence de liberté.  Le bien que l’individu reçoit de l’Etat est la protection contre l’abus de la liberté des autres. Il est important alors que certaines pratiques cessent dans notre pays et que l’Etat soit présent pour éviter de créer le sentiment de frustration et d’abandon  qui est parfois à la base des vindictes populaires.

Ainsi, l’Etat de droit s’inscrit dans le cadre de lois qui définissent aussi bien les droits que les devoirs. Dans un Etat de droit, il n’est pas admissible que certains puissent jouir de la liberté au détriment d’autres.

Pour finir, je vous remercie d’ores et déjà pour l’attention que vous accorderez à cette missive, qui est l’expression du tréfonds de beaucoup de Guinéens qui souffrent à cause de l’inexistence  de l’autorité de  l’Etat.

Monsieur le Premier Ministre, je vous adresse avec déférence  mes sincères salutations. Je vous souhaite bonne chance et surtout bon courage dans votre mission de restauration de l’autorité de l’Etat.

Ha ! J’oubliais, Monsieur le Premier Ministre. Un homme d’Etat parle peu et agit beaucoup. Encore une fois, soyez fort de caractère ! Les bonnes décisions sont toujours impopulaires.

 

Laye Mamadi CONDE

 Consultant en Communication    

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