Censure

Manifs anti-investiture / « C’est pour quel but, quelle finalité » ? questionne Dr Dansa Kourouma

Rencontré, ce mercredi, à l’occasion de la célébration de la journée de la lutte contre la corruption, Dr Dansa Kourouma, président du Conseil national des organisations de la société civile guinéenne (CNOSCG), s’est exprimé sur les menaces de manifestations lancées par l’opposition à l’occasion de l’investiture annoncée du président de la République, le 15 décembre prochain.

Dès qu’il y a un blessé, cette manifestation a échoué…

« Dans d’autres pays ou la démocratie est respectée, ou le civisme est là, c’est possible. Même devant le palais, on peut exhiber des pancartes. Ça, c’est les démocraties avancées. Mais notre démocratie, c’est une démocratie ethnocentrique, communautariste. C’est la démocratie des pauvres et des opprimés. C’est important, quand la démocratie est comme ça, ceux qui doivent manifester doivent tirer des leçons des manifestations passées. Parce qu’en réalité, elles se passent dans la violence. Je vais vous raconter quelque chose qui me semble paradoxal. Après une manifestation des opposants en Guinée, quand il y a mort d’homme, on dit que la manifestation a réussi. Vous n’avez pas entendu ça, une fois ? Quand ils parlent, on dit c’est une réussite, il y a eu sept morts. Mais en réalité, une manifestation qui se déroule sans mort d’homme, sans blessé, avec une grande mobilisation de foule, c’est celle qui a réussi. Dès qu’il y a un blessé, cette manifestation a échoué. Parce que ce ne sont pas ceux qui organisent ces manifestations qui soignent ces blessés-là. Ceux qui sont morts, ils ne peuvent pas les réveiller. »

Il faut que la classe politique guinéenne d’une manière globale soit responsable…

« Il faut que la classe politique guinéenne d’une manière globale soit responsable. Les manifestations violentes doivent cesser définitivement dans le pays. On doit les remplacer par des manifestations pacifiques. Pancartes, banderoles, slogans, ça suffit. Si vous êtes nombreux, inondez la toile. Faites comprendre à l’opinion internationale que vous êtes plus nombreux et vous n’êtes pas d’accord. Mais vous ne pouvez pas empêcher ceux qui sont d’accord d’aller à l’investiture. Vous ne pouvez pas empêcher ceux qui sont d’accord de jouir de leur liberté, d’arroser leur victoire. C’est inadmissible dans une démocratie. C’est le syndrome du terrorisme politique, du fait d’empêcher ceux qui sont contre d’exercer leur droit. Il faut que la liberté de manifester pour tous soit garantie. Et l’opposition, doit manifester de manière strictement pacifique.

Il suffit de barricader le pont 8-Novembre pour que l’investiture se passe dans de bonnes conditions. Mais l’élection qui s’est passée dans 20 mille bureaux de vote, ça on pouvait l’empêcher…

« Mais la manifestation du 15, je me pose la question, c’est pour quel but, quelle finalité ? Ils n’ont pas empêché le referendum de se tenir, ils ne peuvent pas empêcher l’installation du président. Ça se fait en ville. Il suffit de barricader le pont 8-Novembre pour que l’investiture se passe dans de bonnes conditions. Mais l’élection qui s’est passée dans 20 mille bureaux de vote, ça on pouvait l’empêcher. Mais elle s’est passée. Il n’y a même pas eu 1% dans bureaux de vote qui ont été empêchés. Il faut changer de stratégie. S’il n’y a pas une opposition forte dans un pays, il n’y a pas de démocratie. Je vous défie. L’opposition forte, ça veut dire quoi ? Une opposition bien organisée, qui a des arguments pour convaincre l’opinion ; une opposition qui agit de manière républicaine, pacifique et patriotique et qui n‘utilise pas la violence comme moyen ».

Abdou Lory Sylla pour guinee7.com

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