Censure

Naître et vivre sans père, nouveauté de la loi française ? (Par Youssouf Sylla)

En France, si le projet de loi sur la bioéthique, en discussion à l’assemblée nationale est adopté, il étendra la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes (lesbiennes) et aux femmes célibataires. Autrement dit un couple de femmes et une femme seule sera en mesure d’avoir un enfant sans «père». La chose sort trop de l’ordinaire pour ne pas retenir l’attention.

Les avis sont largement tranchés en ce qui concerne les conséquences de cette nouveauté sur le développement personnel et l’équilibre psychologique d’un être humain qui naîtra sans père, grâce aux prouesses de la biotechnologie, une science en plein essor.

Les partisans de cette nouveauté, sur la base de certaines études scientifiques estiment que de tels enfants « atypiques » ne seront en rien différents des enfants nés dans les familles traditionnelles composées d’une mère et d’un père. Les opposants quant à eux affirment tout le contraire, estimant qu’il s’agit là d’une rupture majeure dans la filiation d’une personne.

Mais au-delà des « pour » et « contre » l’extension de la PMA aux couples de lesbiennes et aux femmes célibataires, il convient à mon avis de se poser d’autres questions en lien cette fois-ci au droit du législateur de décider sur la filiation  que devrait avoir un être humain avant même sa naissance. Alors qu’un être humain est né d’une mère et d’un père, le législateur a-t-il la légitimité ou le droit de modifier cette donnée naturelle.

A mon avis, le développement de la biotechnologie doit être au service de l’humanité, sinon on risque d’avoir un jour une loi qui va priver l’enfant à naître d’une mère. A terme, la manipulation de la filiation naturelle de l’homme risque de se retourner contre nous comme la manipulation du climat par le fait de l’homme.

Youssouf Sylla, juriste, essayiste

Autrement, quelles sont les prérogatives qui permettent au législateur de priver une personne qui n’est pas encore née, de son «droit naturel» d’avoir un père. En le faisant, le législateur ne va t-il pas créer une autre catégorie de minorité, composée de «personnes sans pères» qui pourrait faire l’objet dans le temps d’une stigmatisation. De quels moyens dispose l’Etat pour faire face dans l’avenir aux réclamations éventuelles des personnes qui n’apprécieraient d’être nées sans pères sur le fondement de cette loi.

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