Censure

Procès du 28 sept. « Le colonel Tiegboro n’avait aucune autorité sur eux », témoigne Bah Oury à la barre

Le procès des événements du 28 septembre 2009 se poursuit au tribunal de première instance de Dixinn délocalisé dans l’enceinte de la Cour d’appel de Conakry.  Ce lundi 20 mars, c’est Bah Oury, président du Comité d’organisation de la manifestation qui aurait abouti à la mort d’au moins 150 personnes, selon les ONG, qui est entendu par le tribunal.

Bah Oury, est revenu sur comment il est sorti de l’enceinte du stade du 28 septembre. « Lorsque j’étais au niveau des gradins au moment où les autres parlaient, (…). C’est dans ce processus que les détonations, les grenades lacrymogènes et des coups de feu se sont fait entendre. La plupart des gens qui étaient sur la pelouse, chacun cherchait à fuir. Quelques temps après on a vu des militaires, principalement des bérets rouges, venir en face des responsables pour nous demander à ce qu’on descende. Intérieurement, je me suis dit qu’ils sont venus nous arrêter. Mais ça ne m’a pas inquiété. Il y avait parmi eux des gens dont l’habillement n’était pas conforme à l’habillement des forces de défense et de sécurité. Quand je descendais, j’ai reçu un coup sur la tête. Ça m’a sonné, mais ça ne m’a pas déstabilisé. Celui qui a exprimé de manière formelle descendez c’était le commandant Toumba Diakité. Les coups pleuvaient, mais je ne peux pas dire de manière précise ce qui s’est passé à côté de moi, parce que c’était une question de vie et de mort. Et il fallait être lucide, pour ne pas paniquer et aller dans une direction qui n’était pas la bonne », a-t-il expliqué.

Et de poursuivre : « M. Cellou Dalein Diallo avait reçu des coups et était à terre. Un coup de fusil avait blessé son garde de corps. Lorsque commandant Toumba amenait les autres leaders pour les faire sortir de la pelouse, le fait que M. Cellou Dalein était à terre, j’ai demandé à un de nos militants, Abdoulaye 3 de prendre Elhadj Cellou et de le sortir d’ici.  L’autre équipe avec les leaders étaient déjà partis. Nous nous sommes retrouvés derrière et malgré les coups qui pleuvaient, nous avons réussi à le sortir de la pelouse. On était poursuivis par des gens qui avaient des armes blanches et un qui avait vraiment un long bâton (…). C’est à ce moment là que j’ai aperçu le Colonel Tiegboro. Comme je le connaissais, je lui ai fait signe et il est venu vers nous. Lorsqu’il est venu vers nous, ceux qui nous agressaient ont cherché autre chose à faire. Le Colonel Tiegboro a pris sa responsabilité en nous prenant en charge et il a hélé quelqu’un que je considère comme étant un des gardes de M. Sidya Touré, de venir nous aider à prendre M. Cellou Dalein Diallo. C’est comme ça qu’on est sorti. Au moment où on sortait, il y avait un attroupement de jeunes garçons qui étaient agglutinés un peu avant la sortie. L’image qui m’a le plus frappé, il y avait un petit garçon qui avait levé la main et il y avait un militaire qui avait un fusil et qui les mettait en genoux. Je ne sais pas ce qu’ils sont devenus. »

Pour Bah Oury, c’est à la clinique Ambroise Paré qu’il a compris que le Colonel Tiegboro Camara ne contrôlait pas ceux qui semblaient être ses subordonnés. Parce que selon lui, c’est lorsque les médecins s’occupaient de Cellou Dalein, « un monsieur qui avait un tee-shirt noir et un pantalon bien baraqué avec une arme accompagné d’un autre qui avait un ceinturon de balles  avec des grenades qui perlaient au niveau de ses ceinturons. Ils ont dit que si on ne nous fait pas sortir, ils allaient jeter une grenade à l’intérieur de la clinique. Ça a créé de la panique et les médecins étaient obligés de nous aider à reprendre Elhadj Cellou qui était encore évanoui pour le mettre dans la Jeep. Mais ce qui m’a le plus frappé à ce moment là, je me suis rendu compte que le colonel Tiegboro n’avait aucune autorité sur eux. Je m’étais dit comment se fait-il que lui qui était colonel et que d’autres viennent lui donner des instructions sans qu’il ne puisse réagir. Mais bref, le Colonel Tiegboro nous a repris dans sa Jeep et nous nous sommes dirigés vers la ville », a-t-il narré.

Bhoye Barry pour guinee7.com

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