Censure

Succès en demi-teinte pour les journées villes mortes de l’opposition

Les journées villes mortes organisées par  l’opposition républicaine les 30  et  31 mars n’auraient pas connu le succès escompté. Car même dans les fiefs de l’opposition, certains militants n’ont pas observé la consigne, bien que se disant être de cœur avec les organisateurs de ces actions de désobéissance civile. Face à ce succès en demi-teinte, il faut s’attendre certainement à ce que les opposants passent à la « vitesse supérieure », à travers d’autres types de manifestations, dans leur épreuve de force avec le pouvoir.

Les journées villes mortes décrétées par l’opposition le mercredi et jeudi ont  connu un suivi partiel. C’est le moins qu’on puisse écrire, vu que les habitants de la capitale ont été nombreux à braver cette interdiction de travailler, décrétée par Cellou Dalein Diallo et ses pairs. Ainsi, comme d’ordinaire, dans la commune de Kaloum abritant l’administration publique, les gens vaquaient à leurs affaires. C’est au grand marché de Madina et le long de l’autoroute le Prince, qu’une certaine paralysie a été enregistrée dans les activités commerciales, durant ces deux journées villes mortes. Des forces de sécurité fortement déployées le long des différents carrefours de cette autoroute, ont dû parfois recourir à des tirs sporadiques, pour  dissuader les militants de l’opposition, qui tentaient de barrer les voies aux usagers de la route. Vu cette tension, la plupart des automobilistes se sont gardés d’emprunter les itinéraires menant vers les quartiers de Bambeto et Cosa. Sans doute de peur de se retrouver face à des bandes de jeunes gens déchaînés, qui profitent de pareilles situations pour attaquer d’innocentes cibles.

Le mardi dernier, veille de la première journée ville morte, Aboubacar Sylla porte-parole de l’opposition  avait déclaré au sortir d’une réunion que leur appel restait maintenu. « Nous réitérons notre appel à tous les Guinéens, quelque soit leur obédience politique, à tous les citoyens de ce pays, à adhérer à ce mot d’ordre de journée ville morte, car il s’agit d’une grève générale que nous demandons au peuple de Guinée, pour que lui même lutte en faveur du bien être la cherté de la vie, qui  a atteint des proportions qui n’ont jamais été atteintes en République de Guinée. » L’opposant a ensuite rappelé  que « le pouvoir d’achat des Guinéens s’est complètement effondré, les inégalités sociales sont criards aujourd’hui dans ce pays, et que les richesses nationales sont inégalement réparties, et que le Guinéen ne doit pas se résigner à une paupérisation progressive. »

Pour Sylla,  « les Guinéens  doivent lutter, et le moyen le plus simple pour lutter, c’est d’observer une journée ville morte. C’est d’observer une grève générale, c’est de refuser de se livrer à ses activités habituelles pour montrer aux autorités de ce pays,  qu’on n’en peut plus, que le peuple de Guinée a besoin d’une meilleure gouvernance, il a besoin que les ressources soient équitablement reparties. »

Il a profité de son intervention pour  réitérer l’appel de l’opposition à observer  ces journées villes mortes. « Donc nous demandons à tout le peuple de guinée, tous les citoyens guinéens de Conakry comme de l’intérieur du pays à s’associer à ce mot d’ordre », a lancé Aboubacar Sylla.

Qui dans la même lancée va insister auprès de ses compatriotes, à observer la consigne mais sans violence.  « Nous demandons aux Guinéens de rester chez eux. Nous n’avons demandé à personnes de faire acte de vandalisme. Mais ce que je retiens très souvent ces jeunes sont parfois provoqués, pourchassés dans les quartiers qui sont rattrapés dans leurs concessions, qui sont brutalisés, emprisonnés, c’est surtout ça qu’on nous rappelle, tout le monde oublie le cas de 70 jeunes guinéens qui sont tués simplement parce qu’ils se regroupent  au bord de la route ou tout simplement parce qu’ils ont tort de vivre dans un certain quartier ou dans une certaine commune. Je crois qu’on devrait interpeller les autorités sur cela. C’est extrêmement grave, qu’en République de Guinée, qu’on ait fini par banaliser le meurtre des citoyens guinéens par des forces de l’ordre, sans que cela ne puisse donner lieu à des enquêtes, à des procès judiciaires et à des condamnations », a-t-il déploré.

Le porte-parole de l’opposition dira qu’après ces journées villes portes, il n’est pas exclu que d’autres manifestations suivent. « Après ces premières manifestations, nous allons évaluer la situation, et en fonction des résultats que nous aurons obtenu, et en fonction de la réaction des autorités par rapport à ces protestations, nous allons aviser de la suite que nous allons donner à notre mouvement. Nous avons déjà fait le constat que le gouvernement se drape dans son arrogance et dans son mépris habituel pour ignorer superbement notre appel à la réduction de ce prix du carburant à la pompe, qui est un engagement auquel il a pourtant librement souscrit et qui est tout à fait logique, puisqu’il s’agit de répercuter sur le prix du carburant à la pompe la baisse vertigineuse des cours mondiaux du pétrole »,  a-t -il indiqué.

Face à ces journées villes mortes qui ont connu un succès en demi-teinte, il semble clair que l’opposition ne va pas renoncer à sa logique, qui est de faire de toutes les couleurs à un pouvoir, qui n’en fait qu’à sa tête. Les prochains jours nous édifieront sur la nouvelle stratégie des opposants.

Amadou Sadjo Diallo in L’Indépendant partenaire de guinee7.com

 

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