Censure

Je suis abasourdi par la disparition de Layatolynx ! (Par Benn Pepito)

Je viens de lire la triste nouvelle sur les sites guinĂ©ens : Assan Abraham KeĂŻta (KAA), le directeur de la publication du satirique guinĂ©en, Le Lynx, a tirĂ© sa rĂ©vĂ©rence ! Je ne sais que dire ! Que vous dire à son sujet ? Qu’est-ce qu’il reprĂ©sentait pour moi ? Ah, bon Dieu ! Donc il ne lira pas ce que je dis de lui dans mon prochain roman ! Il ne saura jamais son contenu ? Assan Abraham KeĂŻta ! Layatolynx pour les intimes.  C’est un monument de la presse guinĂ©enne qui s’en va ainsi. Il a largement contribuĂ© Ă  ma formation intellectuelle. Je me suis formĂ© Ă  ses cĂŽtĂ©s.

FonciĂšrement croyant et musulman, il faisait rĂ©guliĂšrement ses priĂšres. Il Ă©tait le tĂ©moin Ă  mon mariage. Il m’aimait beaucoup. J’en suis sĂ»r et certain. Il avait beaucoup d’estime pour moi. On s’entendait excellemment bien. On rigolait beaucoup ensemble. Il Ă©tait gentil avec moi. Il m’invitait souvent Ă  aller dĂ©guster un morceau chez madame T ou un plat de « lakh » chez « Ndeye ».

Layatolynx ou KAA avait une tĂȘte bien faite. C’est vrai que les cimetiĂšres sont remplis d’individus qui croyaient que sans eux le monde s’effondrerait mais je vous assure que la disparition de Layatolynx va crĂ©er un gros vide dans le groupe de presse Le Lynx-LA LANCE. Il Ă©tait un grand. ArmĂ© de son stylo noir, il carbonisait mon texte et me le rendait pour le report des corrections en me blaguant par ces maux : « TĂȘte c’est pas tĂȘte, Ah ! Ah ! »

Il Ă©tait dĂ©sopilant. Il aimait la bonne humeur. Il dĂ©sopilait tout en travaillant. Il n’était pas hautain. Ah, non ! Il n’était pas vantard mais tous ceux qui l’ont approchĂ© reconnaissent son talent, sa compĂ©tence, sa grandeur d’ñme. Il n’était pas Ă©goĂŻste. Il souhaitait le bonheur Ă  tout le monde.

Il abhorrait la dictature de Sékou Touré. Il avait vite quitté la révolution sékoutouréenne pour aller travailler et vivre à Abidjan.

La disparition de Assan Abraham KeĂŻta est certes une grande perte pour le bled mais il Ă©tait un sage. Or les sages ne sont jamais surpris par la mort car ils ont Ă  l’esprit cette fable de Jean de La Fontaine entre : « La mort et le mourant ».

Parlant de ce vieillard de 100 ans qui demande encore un dĂ©lai Ă  la mort qui le visite parce que n’ayant pas eu le temps de faire son testament. Jean de La Fontaine donne raison Ă  la mort en ces termes :

« La mort avait raison ; je voudrais qu’à cet Ăąge on sortit de la vie ainsi que d’un banquet, remerciant son hĂŽte, et qu’on fĂźt son paquet ; car de combien peut-on retarder le voyage ? »

La mort ravit tout. Assan Abraham KeĂŻta n’était pas un centenaire mais fort heureusement il avait conscience de sa finitude. Tout en vivant sa vie il avait conscience qu’un jour ça va s’arrĂȘter. Il Ă©tait bon, gentil. Il aimait que tout soit gai autour de lui.

PS : Il avait horreur qu’on Ă©crive son nom avec un H. C’est Assan et non Hassan ou Hassane.  Je n’en dirai pas plus.

Me dire aujourd’hui que Assan Abraham KeĂŻta n’est plus de ce monde ! J’ai eu du mal Ă  le rĂ©aliser pendant des minutes. Son rire ne va plus retentir dans la salle de rĂ©daction du groupe de presse Le Lynx-LA LANCE.

J’adresse mes condolĂ©ances les plus Ă©mues au groupe de presse Le Lynx-LA LANCE et Ă  l’ensemble de la presse guinĂ©enne, Ă  sa famille. Que le Tout MisĂ©ricordieux le fasse misĂ©ricorde et lui ouvre les portes du Paradis ! Amen.

                                                                                                                                          Benn Pepito