C’est un enlèvement qui n’a de particularité que l’absence du désert. Rien de pire qu’un emprunt sous le triste regard de leurs familles au frêle muscle. Tels des vassaux confrontés aux ordres de leur seigneur, ils durent simplement répondre à l’instinct de l’inconnu qui leur voulut une lugubre balade. C’est alors qu’outrés par le flou et la compacité de l’acte, nous médias, confortés par les crépitants Diaby et Sow, prîmes sur nous de secouer du tamis pour démaquiller la disparition de 33 jeunes guinéens suspectés de défendre, à la place du commun défenseur, le territoire qui est le leur.
Pourquoi les a-t-on enlevés, eux ? Pourquoi a-t-on choisi de les amener à de bien lointaines lieues de la maison ? Pourquoi Avoir préféré de procéder à la façon d’un couche-tard ? Qu’espérait-on tirer de cette pratique qui n’est pas nouvelle lorsqu’on parle de la Guinée ? Aucune de toutes ces préoccupations n’est encore résolue que déjà, parents et amis exultent, jubilent du retour des enfants prodiges. Et c’est ici la première plaie que j’aimerais élucider.
Contentement intro-abusif ou simplicité caractérielle, le guinéen a appris à se satisfaire de l’état où il se trouvait. L’Attitude, il la tiendrait possiblement de ses nombreux désirs inassouvis et refoulés ; de ses innombrables tentatives échouées contre l’insensibilité et la froideur de ses pourvoyeurs ; bref, de sa longue déception. Que face aux violences et menaces bonnement orchestrées sur leurs fils les familles aient choisi de louer le ciel, apporte sans fard la preuve que le guinéen se contente de peu, même de ce qui relève du criminel. Il faudra à ces fauteurs de désordre beaucoup plus que ramener à leurs familles des amours arrachés de force et aujourd’hui profondément désemparés. C’est là un autre pan de mon propos.
Le travail amorcé doit continuer, d’autant plus qu’il en reste encore de ces jeunes retenus par le fait d’un simple sentiment. Le département guinéen en charge des droits de l’homme et des libertés publiques devra à nouveau crépiter et bien mieux, il devra organiser un tel tintamarre que tous puissent comprendre que les droits de l’homme, ça existe. A ses côtés, l’OGDH dont il faut saluer ici les actions. Il est utile, par l’action conjointe du moral et du légal, de redonner confiance au Guinéen ; de lui rappeler le vrai sens de l’Etat qui ne se construit que dans la justice et la vérité. Cette confiance est gage d’explosion, de relance et d’affirmation de la dignité guinéenne fortement fauchée.
C’est aussi pourquoi depuis trois bonnes années, la Guinée n’a guère avancé qu’en accumulant d’horrifiants écarts qui risquent de coûter aux prochaines générations. Cet héritage qu’ils nous laissent…. De régime en régimes s’accumulent pour nous haines, frustrations et mensonges qui ne peuvent nullement rester contenues. Contre ces terroristes légitimés et contre tous ces pyromanes à col blanc, une instruction judiciaire devrait être enclenchée en vue de se fixer sur les responsabilités éventuelles de chacun.
Si l’on aime la Guinée, il faudra pour une fois, une action qui aille bien au-delà de la périphérie.
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