Censure

Vie de la nation : Pour une administration nouvelle (opinion)

L’administration guinĂ©enne est Ă  la croisĂ©e des chemins. D’une part de nombreux cadres vieillissants qui s’accrochent Ă  leurs postes par mille et une astuces illicites, d’autre part des milliers de jeunes frais Ă©moulus de nos universitĂ©s qui aspirent Ă  intĂ©grer la fonction publique Ă  dĂ©faut de trouver de l’emploi sur un marchĂ© de travail dĂ©ficitaire. Chaque camp souffre de problĂšmes spĂ©cifiques qui se dĂ©clinent en forces et faiblesses.

Les vieux cadres constituent majoritairement la crĂšme de l’intelligentsia du pays, ils sont nantis d’une formation acadĂ©mique solide doublĂ©e d’une longue expĂ©rience professionnelle et administrative. Par contre la plupart d’entre eux ont franchi en Ăąge la soixantaine, leur vue baisse, leur physique a perdu toute verdeur. Ils ignorent l’outil informatique, pire beaucoup d’entre eux ne sont plus disposĂ©s Ă  l’apprendre ni Ă  se remettre en cause dans leurs domaines de spĂ©cialisation. Ils font des pieds et des mains pour retarder le dĂ©part Ă  la retraite qui parait presque suicidaire dans un contexte de prĂ©caritĂ© sans fin.

Les jeunes de leur cĂŽtĂ© sont pleins d’ambition et de vitalitĂ©, ils sont censĂ©s possĂ©der les derniĂšres donnĂ©es scientifiques dans leurs professions respectives. Non seulement ils maitrisent les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), nombre d’entre eux parlent et Ă©crivent couramment une seconde langue internationale. Mais ils ont un handicap, leur formation acadĂ©mique
laisse à désirer, leur expression parlée ou écrite est fort boiteuse.

En plus des incohĂ©rences constatĂ©es au niveau des ressources humaines,il y a lieu de signaler le mauvais statut qui est fait Ă  l’administration publique. Les rĂ©gimes politiques qui se sont succĂ©dĂ©s à date se sont tous Ă©vertuĂ©s Ă  faire de l’administration publique un instrument strictement dĂ©volu Ă  leur cause, vous leur faites la cour et vous ĂȘtes promu aux meilleurs postes, vous refusez de vous aligner, vous ĂȘtes relĂ©guĂ© aux oubliettes.

On parle aujourd’hui de changement. On ambitionne de changer cette administration on ne peut plus dĂ©sĂ©quilibrĂ©e, sous Ă©quipĂ©e, mal payĂ©e,dĂ©motivĂ©e et impropre Ă  tout dĂ©veloppement. Des projets de restructuration, de formation, de perfectionnement, de contrĂŽle d’effectifs voient le jour, projets financĂ©s Ă  coup de millions de dollars par des bailleurs de fonds bi et multilatĂ©raux. A mon avis
tout cela n’est qu’un leurre tant qu’on n’aura pas instituĂ© un bon leadership au sommet de l’Etat. La longue gestion chaotique dont souffre la GuinĂ©e depuis l’indĂ©pendance rĂ©sulte de la non application du principe de l’homme qu’il faut Ă  la place qu’il faut. 

In Le Démocrate