Censure

2015, année d’élections et de peur !

L’année 2015 est arrivée si vite et si brutale que l’on se demande si les cinq années du premier mandat du Président sont à termes. Oui si vite, de cette date à aujourd’hui,  les troubles sociopolitiques, intercommunautaires,  engendrés à l’occasion des échéances électorales et manifestations politiques  n’ont cessés de faire peur aux guinéens.

Que se passera-t-il en cette année 2015 ? Elections communautaires et Présidentielles ou l’une d’elles ? Quel qu’en soit, le guinéen lambda se pose des questions : suis –je en sécurité ? Les élections seront-elles apaisées ? A quand la date des élections ? Mon bâtiment sera-t-il démoli parce que je suis né d’une ethnie guinéenne ?

Pour les partisans du pouvoir, un second mandat est assuré et la question qu’ils se posent est de savoir si leur candidat passera au premier tour et quant aux partisans de l’opposition, c’est le départ du Président et cela à n’importe quel prix, à analyser les déclarations de certains leaders de l’opposition.

Devant une telle situation, où la fièvre hémorragique EBOLA est venue perturbée les prévisions d’investissement du gouvernement et renforcer le discours de l’opposition qui ne cesse de dire que le changement annoncé se fait attendre, le citoyen guinéen n’a que la peur comme refuge.

Peur car en 2010, des bâtiments ont été démolis, des citoyens blessés, des commerces saccagés, à la limite le pays a été mis sous un pseudo mandat international avec la gestion de la CENI par un frère Malien car pas de guinéen de consensus. Ce même scenario a été répété trois ans après, pour la tenue des élections législatives avec des mandataires des nations unies et de l’Union Africaine pour que ces élections aient lieux. Alors en 2015, ce scenario se répètera-t-il ?

Nous sommes en 2015, l’autorité de l’Etat est mise en mal, meurtres de personnalités, forte influence des coordinations régionales, des quartiers bloqués à la circulation pendant des jours, des propos irresponsables de certains leaders parlant de guerre s’ils ne sont pas élus et cela sans être inquiétés par qui que  ce soit, un paysage médiatique à la limite comparable à celui des mille collines du Rwanda. Une telle situation ne peut que  faire peur au citoyen guinéen. Il se pose des questions,  je serais lynché par ce que je suis malinké de la même ethnie que le Président, ou Peulh parce que je suis de la même ethnie que l’opposant principal ou Forestier, Soussou ; quel sera mon sort lors des rendez-vous électoraux ?

Peur  et encore peur pour le citoyen, quand on voit que l’instance censée organiser les élections est contestée par une partie de la classe politique et que les accords issus des différents dialogues entre l’opposition et l’exécutif refusent d’être signé. Alors quelle CENI organisera les prochaines élections ? Quoi qu’il en soit, il est temps pour l’exécutif qui a obligation d’organiser les élections dans les délais constitutionnels, de récréer des conditions favorables pour que les prochaines élections se fassent dans la quiétude sociale et cela au prix de la violation de nos textes au nom d’un consensus qui a toujours gagné.

Enfin, il nous faut des élections en cette année 2015, pour respecter le principe de dévolution du pouvoir à travers les urnes et cela en conformité avec notre constitution qui stipule en son article 28 « le scrutin pour l’élection du Président de la République a lieu quatre-vingt-dix jours au plus et soixante jours au moins avant la date de l’expiration du mandat du Président de la République en fonction ». Opposition et pouvoir doivent penser aux citoyens guinéens qui ne veulent que paix, quiétude, satisfaction de ses besoins primaires et emplois décents. Aussi, quel que soit la volonté des uns et des autres, il n’y a qu’un victorieux qui sortira des urnes donc les militants de chaque bord doivent se ressaisirent et accepter les résultats des urnes. Ce travail devrait être facilité par la classe dirigeante et l’opposition.  L’article 5 de notre constitution stipule que : « la personne humaine et sa dignité sont sacrées. L’Etat a le devoir de les respecter et de les protéger ».

Au-delà de la peur de chaque citoyen pour sa sécurité, une autre peur s’installe aussi chez les investisseurs et amis de la guinée. Le Professeur Alpha CONDE sera-t-il réélu avec un score remarquable dans une élection apaisée pour lui permettre d’exercer son pouvoir et produire des résultats tant attendus par les citoyens guinéens, ou malheureusement, ce sera le retour des orgues à la gestion. Bien que les analyses tendent à dire que le Président sera réélu, le score a réalisé et l’acceptation du résultat par l’opposition ainsi que la restauration de l’autorité de l’Etat continuent à faire Peur.

Opposition et mouvance, mettez à profit 2015, pour débattre des questions essentielles de notre développement à travers des programmes de société et arrêtez les déclarations incendiaires. Non aux accords politiques conclus avec les coordinations régionales qui doivent cesser car cela met en mal notre jeune démocratie et condamne les générations futures. Les sages des coordinations régionales et les leaders religieux doivent sortir du champ politique et ceci pour respecter les valeurs républicaines. En rappel, l’article 4 du Titre Premier de la Souveraineté de l’Etat,  de la constitution guinéenne stipule que : « la loi punit quiconque par un acte de discrimination raciale, ethnique, religieuse, par un acte de propagande régionaliste, ou par tout autre acte, porte atteinte à l’unité nationale, à la sécurité de l’Etat, à l’intégrité du territoire de la République ou au fonctionnement démocratique des Institutions ». Cette citation est renforcée par l’alinéa 3 de l’article 3 de la constitution parlant des partis politiques : « ils (partis politiques) doivent être implantés sur l’ensemble du territoire national. Ils ne doivent pas s’identifier à une race, une ethnie, une religion ou une région ».

En concluant des accords politiques avec les coordinations régionales, les leaders politiques violent les dispositions de notre constitution et créent des précédents qui ne sont pas gages de cohésion sociale. Les accords politiques, verbaux ou écrits doivent se faire uniquement entre les formations politiques.

Toutefois, l’espoir est permis en 2015 si les leaders politiques et l’exécutif dépassent leurs égos et se rappellent à chaque étape  que  le CITOYEN GUINEEN  A PEUR.

                                                                                                   Dr Bouna YATTASSAYE

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