Censure

Le viol : Une perversion sexuelle

Les cas de viol de femmes ou de filles voire de mineures se multiplient de plus en plus Ă  Conakry comme Ă  l’intĂ©rieur du pays, et dĂ©fraient la chronique. Face Ă  ce phĂ©nomĂšne regrettable des voix s’élĂšvent de partout pour dĂ©noncer et condamner. Des organisations de dĂ©fense des droits humains vont jusqu’à intenter des procĂšs aux prĂ©sumĂ©s coupables.

C’est le lieu de rĂ©flĂ©chir, d’aller au-delĂ  des condamnations et de la polĂ©mique pour cerner les causes des viols. En fait ces actes tant dĂ©criĂ©s sont une perversion sexuelle au mĂȘme titre que l’homosexualitĂ©, la masturbation, l’adultĂšre, l’inceste ou la polygamie. La particularitĂ© du viol est qu’il est cataloguĂ© par notre code pĂ©nal au chapitre des crimes, et l’éveil des consciences ne permet plus de taire ou de tolĂ©rer des infractions graves. Mais les perversions sexuelles sont si ancrĂ©es dans nos mƓurs que nous avons gĂ©nĂ©ralement tendance Ă  les passer sous silence.

Le sexe est en tout cas chez nous Ă  la fois un sujet tabou et une banalitĂ©. On se garde bien de discuter des problĂšmes sexuels entre Ă©poux ou avec des enfants. Par contre c’est l’objet de conversation par excellence entre camarades d’ñge, les hommes d’un cĂŽtĂ©, les femmes de l’autre ; on se confie librement les problĂšmes qu’on rencontre et mĂȘme des prouesses dont on est capable en matiĂšre de relations sexuelles ; un garçon sage qui se garde de courir filles et femmes est regardĂ© avec inquiĂ©tude par ses copains, ses parents, notamment sa mĂšre qui craint qu’il ne soit impuissant. Aussi les garçons volages sont critiquĂ©s et condamnĂ©s du bout des lĂšvres, ils sont plutĂŽt pris pour de vrais hommes, pour des hĂ©ros.

Aujourd’hui ce contexte de laisser-aller sexuel explose suite aux interfĂ©rences de facteurs aggravants comme les films pornographiques diffusĂ©s par des chaĂźnes internationales, les Ă©missions radiophoniques mal conçues, les modes vestimentaires impudiques, la pauvretĂ© grandissante source de prostitution. Pour endiguer les viols et autres perversions sexuelles, il y a lieu que chacun de nous s’y mette depuis la famille jusqu’aux organisations ou institutions qui gĂšrent nos sociĂ©tĂ©s. La solution doit ĂȘtre globale, d’éducation et de sanction : par exemple intĂ©grer l’éducation sexuelle Ă  tous les niveaux du systĂšme scolaire et universitaire, faire de la sensibilisation permanente dans les maisons des jeunes, dans les garnisons des forces de dĂ©fense et de sĂ©curitĂ©, rĂ©glementer les maisons closes, accĂ©lĂ©rer le dĂ©veloppement Ă©conomique et social. Les sanctions pĂ©nales viendront clĂŽturer l’arsenal des moyens de lutte.

Le viol est en dĂ©finitive la partie visible de l’iceberg des perversions sexuelles, il ne peut ĂȘtre combattu isolement.

                                                                                                                                                      Walaoulou BILIVOGUI