Censure

Cellou Dalein doit partir (par Amadou Diarouga Diallo)

BAS LES MASQUES !
La mort par balle du journaliste Mohamed Diallo alors qu’il couvrait le passage en force de Bah Oury devant le siĂšge du parti est un vĂ©ritable scandale! Ce triste Ă©vĂ©nement aurait dĂ» conduire Ă  la dĂ©mission immĂ©diate du prĂ©sident de l’UFDG, car il s’agit de la mort de trop! Chaque mort prĂ©maturĂ©e et de cette nature est inacceptable, mais cet Ă©vĂ©nement fait tomber les masques.

Plusieurs Ă©lĂ©ments dĂ©montrent l’incompĂ©tence de Cellou Dalein Diallo Ă  gĂ©rer une crise et Ă  faire preuve de leadership. Il est dommage, voire mĂȘme symptomatique, que personne ne se soit encore levĂ© depuis le 5 fĂ©vrier dernier pour exiger la dĂ©mission de Cellou Dalein Diallo.

TOUS À VOS GILETS PAR BALLE! L’UFDG EST DE SORTIE!
Il serait intĂ©ressant de dĂ©nombrer le nombre exact de personnes qui sont tombĂ©es sous les balles Ă  chacune des manifestations organisĂ©es par l’UFDG, depuis que ce parti est dirigĂ© par Cellou Dalein Diallo.
Le plus frappant n’est pas tant que des personnes meurent sans cesse pour l’exacte mĂȘme raison, mais plutĂŽt que ce drame se banalise. Il semblerait que ça soit « pour la bonne cause ». Pourtant, on pourrait s’attendre Ă  ce qu’un homme qui s’érige en futur prĂ©sident protĂšge plutĂŽt ses militant-e-s et cherche un moyen de limiter les dĂ©gĂąts quand il fait une sortie, ou quand il dĂ©cide de protester dans les rues. En tant que « prĂ©sident » de l’UFDG, Cellou Dalein Diallo porte le « Projet de sociĂ©tĂ© de l’UFDG », datant de 2010 et qui stipule dĂšs la page 8 :

« Pour l’UFDG la vocation de l’Etat est de juguler crimes et dĂ©lits et de garantir aux individus la protection de leur personne et de leurs biens contre toute forme de violence. Paix, tranquillitĂ© et protection, voilĂ  ce qu’exigent les citoyens dans leur dĂ©sir de mener une existence confortable et l’espoir de l’obtenir Ă  la sueur de leur front. »

Qu’un candidat Ă  la prĂ©sidence d’un pays observe sans s’émouvoir des personnes perdre systĂ©matiquement la vie dĂšs que son parti est sous tension, est trĂšs inquiĂ©tant


FAUTES GRAVES, AMATEURISME ET MAUVAISE GESTION DE CRISE
La premiĂšre grave erreur a Ă©tĂ© de ne pas prendre les devants dĂšs l’annonce de l’arrivĂ©e de Bah Oury.
Lorsqu’on est Ă  la tĂȘte d’un parti suffisamment crĂ©dible pour aspirer Ă  la prĂ©sidence, on ne se laisse pas dominer par ses Ă©motions. On attaque le premier, en accueillant Bah Oury sans rĂ©serve et en lui accordant une tribune Ă  l’interne. Dalein Diallo aurait alors dĂ©montrĂ© qu’il incarnait rĂ©ellement les valeurs dĂ©mocratiques de l’UFDG sans avoir besoin de le verbaliser, le tout dans la plus parfaite sĂ©rĂ©nitĂ©.
Une simple confĂ©rence de presse pour annoncer officiellement le retour de Bah Oury avant mĂȘme qu’il ne le fasse lui-mĂȘme, aurait suffi Ă  confirmer que c’est toujours l’UFDG qui tient les rĂȘnes. Il aurait ensuite fallu encadrer son retour, de maniĂšre Ă  ce qu’Il n’y ait aucune scĂšne ridicule comme la sĂ©paration du cortĂšge qui conduisait Bah Oury et Dalein Diallo du siĂšge de l’UFDG Ă  leurs domiciles respectifs. Cette maniĂšre d’illustrer sans dĂ©tour qu’il y a dĂ©sormais deux camps Ă  l’UFDG a Ă©tĂ© catastrophique pour l’image du parti!

La seconde erreur a Ă©tĂ© d’exclure Bah Oury sans aucune autre forme de procĂšs, ce qui trahit une panique, une perte de contrĂŽle.
S’il existe une procĂ©dure d’exclusion, il aurait tout simplement fallu la suivre. Mais maintenir le Premier Vice-prĂ©sident du parti au portail du siĂšge, en chargeant de gros bras de l’empĂȘcher d’entrer comme s’il n’était qu’un malpropre, est un manque profond de jugement. Si Bah Oury fait peur, ce qui semble ĂȘtre le cas, il fallait ouvrir le dialogue, non pas rentrer dans le jeu de la confrontation par mĂ©dias interposĂ©s.

La derniĂšre faute est des plus graves: Communiquer dans les mĂ©dias en se dĂ©douanant de toute responsabilitĂ© dans le dĂ©cĂšs de Feu Mohamed Diallo. Le statut de chef n’inclut pas seulement des honneurs, mais vient aussi avec des charges, comme celle d’assumer les bons comme les mauvais coups. Voici donc ce qu’a affirmĂ© le PrĂ©sident de l’UFDG sur Afrik.com dans un article intitulĂ© : « L’UFDG n’a pas tuĂ© Mohamed Diallo » :

« Toute sa famille (NDLR : Celle du journaliste Mohamed Diallo), son pĂšre lui-mĂȘme Ă©tant membre de l’UFDG, car participait Ă  toutes les activitĂ©s du parti, m’a dit que s’il ne me voit pas ces derniers temps, c’est qu’il est malade. Et que tout le temps, il prie pour mon accession au pouvoir. Et qu’il ne souhaitait pas mourir avant mon accession au pouvoir. Je rappelle que la famille de Mohamed Diallo est de LabĂ© comme moi. »

Pourtant, le Projet de l’UFDG est clair :
« AttachĂ© au principe de l’égalitĂ© des droits, le Gouvernement de l’UFDG ne permettra pas que s’installent en GuinĂ©e, les rĂ©seaux fondĂ©s sur les liens de la parentĂ©, de l’ethnie, du clan ou encore sur le nĂ©potisme, le favoritisme, le clientĂ©lisme, tares qui ont sĂ©rieusement minĂ© la cohĂ©sion sociale, la gouvernance et freinĂ© le dĂ©veloppement Ă©conomique du pays. »

Pourquoi donc vouloir Ă©touffer tout grief en valorisant son appartenance Ă  LabĂ© tout comme la famille de Mohamed Diallo ? Et pourquoi parler de son accession au pouvoir plutĂŽt que de l’accĂšs aux citoyens Ă  leur propre sĂ©curitĂ©? Ici, les prioritĂ©s de Cellou Dalein Diallo ne sont clairement pas Ă  la bonne place.

EN VRAI CHEF, IL FALLAIT IMMÉDIATEMENT PRENDRE SES RESPONSABILITÉS
Des luttes intestines telles que celles qui divisent l’UFDG aujourd’hui n’ont pas dĂ©butĂ© avec le retour de Bah Oury en GuinĂ©e. Il y en a toujours eu partout. Mais ces luttes ne sont pas supposĂ©es tuer. Les Ă©vĂ©nements de ces derniĂšres semaines ont rĂ©ellement illustrĂ©s le mode de gestion et la gouvernance de Dalein Diallo : Dangereuse, voire mortelle, et chaotique. En restant en poste malgrĂ© tout ceci, le prĂ©sident de l’UFDG se discrĂ©dite jour aprĂšs jour, et il risque fort d’emporter son parti dans cette fuite en avant.
Le mutisme de la part des militants de l’UFDG est surprenant, presque dĂ©cevant. Il appartient Ă  un homme d’honneur, chef de parti, de prendre entiĂšrement la responsabilitĂ© de ce qui s’est dĂ©roulĂ© sous son nez, devant le siĂšge de son parti. Par ailleurs, tout militant soucieux de l’intĂ©gritĂ© des valeurs qu’il porte devrait agir pour appeler au dĂ©part d’un tel chef, ne serait-ce que pour assurer la survie des GuinĂ©en-ne-s que ses ambitions politiques n’ont pas encore tuĂ©s! Car on est dĂ©sormais en droit de craindre qu’un parti aussi meurtrier atteigne Sekoutoureya


Un profond examen de conscience doit ĂȘtre fait et les consĂ©quences doivent ĂȘtre radicales: Cellou Dalein Diallo doit partir.

Amadou Diarouga Diallo
Citoyen Guinéen