Censure

Des bus de la honte ? (Par Soumah Salif)

Il s’est passĂ© aux dĂ©partements de l’Economie et des Finances et du Budget une manifestation inĂ©dite des travailleurs ou j’allais dire de fonctionnaire vĂ©reux qui rĂ©clamaient indument des bus pour leur transport de chez eux Ă  leur lieu de travail.

La manifestation est inĂ©dite en ce sens oĂč nulle part dans nos lois rĂ©gissant le statut des fonctionnaires il est prĂ©vu que l’Etat doit acheter des bus pour le transport des fonctionnaires. La preuve est qu’il y a bien d’autres dĂ©partements qui n’en ont mĂȘme pas. Que dire d’ailleurs de ces milliers de fonctionnaires en exercice dans nos prĂ©fectures ?

La manifestation est aussi inĂ©dite parce qu’elle passe sous silence de vĂ©ritables problĂšmes de fonds dans ce dossier.

1.         Elle laisse croire que les vraies coupables sont les deux Ministres, qui ne sont en poste que depuis 6 mois environ, alors que ces dossiers trainent dans les couloirs de ces MinistĂšres depuis plus de deux ans. Pire encore, les manifestants disent avoir honte de voir que certains ministĂšres non Ă©conomiques avec des bus plus confortables et tout neuf. Pourtant ils ont acceptĂ© d’achetĂ© des bus d’occasion hors de prix.

  1. Il faut Ă©galement noter que les contrats affairant Ă  ces bus ont Ă©tĂ© nĂ©gociĂ©s dans des conditions de flou aux yeux et su de tous, y compris ces syndicalistes qui sortent aujourd’hui manifester. Les contrats sont non seulement surfacturĂ©s, mais ils violent en plus les conditions basiques d’attributions de marchĂ©s comme le dĂ©montre l’audit commandĂ© par la Ministre de l’Economie et des Finances. Pour rappel, aprĂšs un premier appel d’offre rendu infructueux, les autoritĂ©s Ă  l’époque ont procĂ©dĂ©s par attribution direct de l’achat de ces deux bus au fils d’un des anciens directeurs du MinistĂšre. Dans ces conditions, toute autoritĂ© consciente de l’amĂ©lioration de la gouvernance des finances publiques se rĂ©serverait de signer un tel contrat. C’est ce qu’on fait les ministres sur qui on jette aujourd’hui l’opprobre.
  2. Par ailleurs, ceux-ci (ministres) n’ont pas dit qu’ils n’achĂšteraient pas de bus Ă  leurs cadres mais ils voudraient le faire dans des conditions lĂ©gales et respectueuses du marchĂ©. C’est pourquoi ils sont allĂ©s jusqu’à demander de rencontrer les syndicats le 13 juin dernier pour leur expliquer leurs positions par rapport Ă  ce dossier frauduleux. Compte tenu de l’urgence, qui est de soulager la peine des cadres, ils ont acceptĂ© de procĂ©der par procĂ©dure accĂ©lĂ©rer afin de trouver une solution rapide Ă  ce problĂšme. C’est ainsi qu’ils instruiront leurs responsables de passation des marchĂ©s respectifs d’apporter 3 factures pro-forma pour la commande de 2 bus afin de choisir le moins disant. Cette proposition a d’ailleurs Ă©tĂ© saluĂ©e et applaudie par le syndicat lors de cette rencontre.

Il est donc paradoxal de constater que le syndicat qui Ă©tait autour de la table de discussion il y a quelques jours refuse maintenant cette main tendu en prĂ©fĂ©rant plutĂŽt trouver sa solution dans une manifestation de rue. Ou Ă©tait le syndicat lorsque ces contrats se montaient ? Pourquoi n’a t’il pas rĂ©agit ?

Le moins qu’on puisse dire, c’est que ce dossier a l’odeur d’une manipulation intelligemment montĂ© car en rĂ©alitĂ©, ce qui est en cause, c’est les intĂ©rĂȘts de tous ceux qui devaient jouir des Ă©claboussures de ce contrat une fois signĂ©. Et n’ayant pas pu amener les ministres Ă  signer ce contrat, les filous concernĂ©s procĂšdent par instrumentalisation des syndicats pour mener leurs mauvaises pratiques. La vĂ©ritĂ© est que les ministĂšres de l’économie et des finances et du budget ne sont plus ces lieux de jouissance financiĂšre ou l’on pouvait honteusement jouir des fonds de l’état comme auparavant. Les robinets Ă©tant en phase de tarissement, du moins pour les dĂ©penses indues, ce sont par les contrats comme celui ci que l’on cherche Ă  prĂ©sent Ă  raquettes l’état.

Nos ministres ont tout notre soutien et s’il le faut, nous Ɠuvrerons Ă  leurs cĂŽtĂ©s pour mettre un terme Ă  cet enfantillage. Faut-il rappeler que ces mĂȘmes cadres des deux ministĂšres rĂ©clament aussi des primes pour les dĂ©cĂšs, mariages, baptĂȘmes, des parapluies et mĂȘme de la viande pour la fĂȘte de Ramadan
 Voire mĂȘme pour aller se soigner Ă  l’étranger pendant que des guinĂ©ens sont insatisfaits des services fournis dans nos hĂŽpitaux. Vivement le projet de rajeunissement et de fĂ©minisation du PrĂ©sident de la RĂ©publique pour renvoyer ces voleurs aux cols blancs Ă  la retraire dont ils ont pleinement droits !

Soumah Salif