Censure

Pourquoi seulement la politique? (Par Alpha Kabinet Doumbouya)

Contrairement Ă  une croyance dans un passĂ© trĂšs rĂ©cent qui poussait les gens Ă  aller vers le domaine des Sciences Economiques, au motif de se tailler une condition de vie aisĂ©e, bien des intellectuels choisissent dĂ©sormais le terrain politique pour se faire  ̏Riches˝ et  ̏Importants˝.

Que ce soit en Afrique ou en Occident, cette ambition cachĂ©e devient la nouvelle approche de l’élite. Heureusement qu’ailleurs, les fĂ©rus de cette opinion sont bardĂ©s de diplĂŽmes de Sciences Politiques ; ayant fait un long cursus qui leur permet d’expliquer le monde tel qu’il se prĂ©sente. S’appropriant les secrets de la connaissance dialectique et de la dissertation, ils sont parvenus Ă  ĂȘtre excellents dans l’art du discours pour convaincre, peu importe le sujet. Evidemment, la capacitĂ© de tenir l’auditoire en haleine n’est pas donnĂ©e Ă  tout le monde.

Ceux qui jouissent de cette faculté sont généralement courtisés. Plus est, le pouvoir de cacher le coté faible de la nature humaine leur donne la magie de tourner vers eux les sentiments de tout le monde.

Mais, Ă  la diffĂ©rence des politiciens Outre-Atlantique, la majoritĂ© des orateurs politiques en Afrique ne sont pas titulaires de diplĂŽmes des Ă©coles de Sciences Politiques. Beaucoup sont venus Ă  la pratique par simple passion, mus par la volontĂ© de se mettre au devant de la scĂšne et agir au nom des autres. On peut mĂȘme les qualifier d’autodidactes, que cela ne fĂąche.
A quelques exceptions prĂšs, il y a cette catĂ©gorie d’africains qui a su marquer dans le temps sa valeur par la logique des idĂ©aux, et bĂ©nĂ©ficier de l’estime populaire par la clartĂ© du discours.

L’avantage de s’illustrer comme symbole d’un combat pour le pouvoir au nom de tous, fait de ces militants de premiĂšres heures, des oiseaux rares. En citant leur exemple, on s’empresse de rappeler que ces inconditionnels se sont surtout montrĂ©s fidĂšles Ă  une dĂ©marche idĂ©ologique qui hisse l’individu au centre de toutes les aspirations pour un intĂ©rĂȘt collectif. C’est de lĂ , peut ĂȘtre, que se trouve l’interprĂ©tation Ă  leur succĂšs, si on s’en tient aux critĂšres de la connaissance classique de l’art de gouverner.

Cette gĂ©nĂ©ration de pionniers de l’ùre des IndĂ©pendances sur le continent, relĂšve de la catĂ©gorie des iconoclastes, des pragmatiques, des autodidactes, mais aussi des douĂ©s dans l’action et la capacitĂ© d’agir pour l’ultime sacrifice.

Leurs sources d’inspirations ? C’est la grosse question. Tout laisse croire que le contexte d’inĂ©galitĂ© social constituait la base de toute leur rĂ©flexion. Si parmi eux, beaucoup n’ont pas eu la chance de poursuivre le cycle universitaire normal, vite repĂ©rĂ©s par l’administration colonial comme dangereux, tous ont nĂ©anmoins rĂ©ussi Ă  laisser Ă  la postĂ©ritĂ© une vision, des pensĂ©es lumineuses, des idĂ©es qui sont devenues la force motrice qui a su changer le cours de l’histoire de leur Ă©poque.

A l’ùre de la dĂ©mocratie, nous ne manquons pas Ă©galement d’orateurs politiques en Afrique, sauf que cette nouvelle classe ne fait que la politique seulement. Rien que la politique.

Le constat est que, peu de ces intellectuels ont le sens managĂ©rial de ficeler un projet de SociĂ©tĂ© auquel eux-mĂȘmes se montrent fidĂšles, encore moins une idĂ©ologie fondĂ©e sur la dialectique, substrat de la cohĂ©rence des idĂ©aux. Ils ont tous pour dĂ©nominateur commun, le peuple, mais la morale laisse douter de la consistance des idĂ©es chez bien de ces personnages.

Autant il est possible de reprocher aux pionniers de l’ùre des indĂ©pendances la forte tendance Ă  la dictature ou au culte de la personnalitĂ©, autant il est facile de soupçonner les politiques de l’ùre de la dĂ©mocratie, le sentiment d’égo dans le caractĂšre.

Pourquoi seulement de la politique actuellement par ceux qui agissent au nom du peuple ? Parce que simplement, ils sont habitĂ©s par deux images, celle des initiĂ©s et celle des douĂ©s. Mais, le fait de ne pas pouvoir contenir, au sens large du terme, les qualitĂ©s pĂ©dagogique et psychique de la performance reconnue aux initiĂ©s et aux douĂ©s, les politiciens du temps de la dĂ©mocratie affichent une faiblesse de pouvoir gĂ©rer les problĂšmes qui s’expliquent sans la politique. La plupart fait plutĂŽt la superposition des dĂ©marches politiques face aux problĂšmes qui n’ont rien de politique.

D’oĂč, l’incapacitĂ© de ceux qui gouvernent en Afrique de s’affranchir des pesanteurs politiques pour rendre au peuple le bien-ĂȘtre que celui-ci attend d’eux.

Source: AGP