Censure

Voici le compte rendu du Conseil des ministres de ce jeudi 4 janvier

Conakry, le 4 Janvier 2018 – Sous la prĂ©sidence de son Excellence Monsieur le PrĂ©sident de la RĂ©publique, le Conseil des ministres a tenu sa session ordinaire ce jeudi 4 janvier 2018 de 10h Ă  12h, avec l’ordre du jour suivant :

  1. Message de son Excellence Monsieur le Président de la République ;
  2. Compte rendu de la session ordinaire du Conseil interministériel tenue le 2 janvier 2018 ;
  3. Décisions ;
  4. Divers.

Au titre du premier point de l’ordre du jour, Monsieur le PrĂ©sident de la RĂ©publique a invitĂ© le Gouvernement Ă  assurer un suivi rigoureux des projets de construction de la route Coyah-Dabola, des nouveaux bĂątiments de l’universitĂ© Sonfonia et de la ligne Ă©lectrique d’interconnexion Linsan-Fomi.

Le Chef de l’Etat a insistĂ© pour que le mĂȘme suivi soit consacrĂ© d’une part aux appels d’offre pour la rĂ©habilitation des barrages hydroĂ©lectriques de Garafiri, BanĂ©ah et des Grandes chutes, d’autre part aux constructions des Ecoles RĂ©gionales des Arts et MĂ©tiers.

A cet effet, le Président de la République a annoncé que des moyens supplémentaires seront accordés au MinistÚre du Plan et de la Coopération Internationale pour collaborer directement avec les départements sectoriels porteurs de projets.

Le Chef de l’Etat a demandĂ© la tenue d’une rĂ©union regroupant les entreprises privĂ©es pour leur prĂ©senter les possibilitĂ©s de financement du secteur privĂ© offertes par les institutions telles que Afreximbank, la SFI ou la BID. Les ministĂšres en charge de l’Industrie et des PME, des Finances, de l’Agriculture et l’APIP sont chargĂ©s d’organiser cette rencontre destinĂ©e Ă  les inciter Ă  profiter desdits financements et les accompagner dans le montage des projets y relatifs.

Le PrĂ©sident de la RĂ©publique Ă  instruit le Ministre en charge des Affaires Ă©trangĂšres de prĂ©parer la rĂ©union de la Commission mixte paritaire qui doit se tenir avec les Emirats Arabes Unis du 3 au 5 mars 2018 et de prĂ©voir une Commission mixte avec l’Arabie Saoudite et la Tunisie, puis, Ă  terme, avec l’Angola et l’Afrique du Sud.

Le PrĂ©sident de la RĂ©publique a demandĂ© aux ministres concernĂ©s d’accĂ©lĂ©rer les nĂ©gociations avec les diffĂ©rents partenaires identifiĂ©s pour la construction de nouveaux dĂ©pĂŽts de carburant destinĂ©s Ă  augmenter nos capacitĂ©s de stockage.

Au titre du deuxiĂšme point de l’ordre du jour, Monsieur le Premier Ministre a introduit le compte rendu de la session ordinaire du Conseil interministĂ©riel tenue le 2 janvier 2018.

Le Conseil a entendu successivement :

AU TITRE DES EXAMENS DE TEXTES 

Le Ministre des Mines et de la GĂ©ologie a soumis l’examen du projet de DĂ©cret portant mise en place d’une procĂ©dure d’exportation de l’or issu de l’exploitation industrielle et semi-industrielle.

Il a expliquĂ© que la procĂ©dure d’exportation de l’or issu de l’exploitation industrielle ou semi-industrielle, objet du prĂ©sent projet de DĂ©cret, est rĂšglementĂ©e par le DĂ©cret N°046/PRG/CNDD/2008 qui s’applique uniquement Ă  trois (3) sociĂ©tĂ©s, dont la SociĂ©tĂ© AurifĂšre de GuinĂ©e (SAG), la SociĂ©tĂ© MiniĂšre de Dinguiraye (SMD) et la SEMAFO.

Depuis la publication de ce DĂ©cret, quatorze (14) nouvelles sociĂ©tĂ©s ont bĂ©nĂ©ficiĂ© de Permis d’exploitation. Parmi ces sociĂ©tĂ©s, une est dĂ©jĂ  en phase d’exploitation et d’autres s’y prĂ©parent. Aucune interprĂ©tation ne permet de faire appliquer les dispositions de ce DĂ©cret aux nouvelles sociĂ©tĂ©s. Il est donc indispensable de mettre en place une procĂ©dure d’exportation de l’or issu de l’exploitation industrielle et semi-industrielle d’abord pour pallier le dĂ©ficit de rĂšglementation.

Le Ministre a notĂ© qu’à l’exclusion de l’article 161-I du code minier relatif aux taxes sur la production industrielle ou semi-industrielle, il n’existe pas de rĂ©fĂ©rence claire et prĂ©cise sur la rĂšglementation de l’exportation de l’or issu de l’exploitation industrielle et semi industrielle dans le Code Minier de la GuinĂ©e. Le DĂ©cret N°046/PRG/CNDD/2008, institue un mĂ©canisme d’exportation non uniforme puisqu’il ne peut pas s’appliquer aux nouvelles sociĂ©tĂ©s Ă  cause de son caractĂšre restrictif.

Il a prĂ©sentĂ© le projet de DĂ©cret proposĂ© qui comporte quinze (15) articles, portant notamment sur la rĂ©ception et le transport du colis d’or, le titrage, le processus d’affinage de l’or, le paiement de la taxe miniĂšre Ă  l’exportation et la rĂ©partition des frais et commissions.

Le Ministre a prĂ©cisĂ©, qu’au-delĂ  du vide juridique qu’il comble, ce projet de dĂ©cret, prĂ©parĂ© en collaboration avec les services de la BCRG, permet d’établir la sincĂ©ritĂ© et l’intĂ©gritĂ© du processus d’exportation, ainsi que la maitrise des statistiques d’exportation.

Au cours des débats, les observations ont essentiellement porté sur la nécessité de :

–    s’assurer que la sĂ©curitĂ© des colis d’or est assurĂ©e dans le processus d’exportation ;

–   lister les exigences de façon exhaustive pour assurer une Ă©quitĂ© et une meilleure transparence dans le traitement des sociĂ©tĂ©s ;

–    envisager l’affinage par un organisme crĂ©dible, comme alternative au contrĂŽle par un agent, pour garantir la pertinence et l’exactitude des rĂ©sultats ;

–    poursuivre le processus de recherche de partenaires pouvant installer une unitĂ© d’affinage local rĂ©pondant aux standards internationaux.

Au terme des dĂ©bats, le Conseil recommande l’adoption du projet de dĂ©cret sous rĂ©serve de la prise en compte des observations. 

La Ministre des Travaux Publics a soumis en examen deux projets de Décrets :

  • Le premier portant Statuts du Laboratoire du BĂątiment et des Travaux Publics (LBTP).

La Ministre a affirmĂ© que pour rĂ©aliser ses diffĂ©rentes missions, le MinistĂšre des Travaux Publics s’appuie, Ă  l’instar des autres pays de la Sous-rĂ©gion, sur des structures techniques spĂ©cialisĂ©es dont le Laboratoire du BĂątiment et des Travaux Publics (LBTP).

Le Laboratoire du Bùtiment des Travaux Publics est un service technique rattaché  qui a aussi évolué en établissement public avec comme principales attributions :

–         La recherche et la sĂ©lection des matĂ©riaux nĂ©cessaires Ă  la rĂ©alisation des ouvrages;

–         Le contrĂŽle et le suivi de la rĂ©gularitĂ© et de la conformitĂ© de mise en Ɠuvre des matĂ©riaux ;

–         La vĂ©rification de la rĂ©sistance, de la stabilitĂ© et du comportement des ouvrages rĂ©alisĂ©s au moyen d’observations et d’essais « in situ ».

A cause de son statut actuel, le LBTP n’est pas en mesure de jouer pleinement le rĂŽle stratĂ©gique au niveau du MinistĂšre des Travaux Publics, dans l’exĂ©cution des marchĂ©s, du contrĂŽle et du suivi des grands projets attribuĂ©s Ă  des entreprises privĂ©es.

Elle a ainsi soutenu l’érection du Laboratoire du BĂątiment des Travaux Publics en une SociĂ©tĂ© Publique.

Les avantages de ce statut sont entre autres :

–         Les moyens techniques, logistiques et humains adĂ©quats permettant d’accomplir ses missions avec plus d’efficience ;

–    La qualification de sa gouvernance interne et externe avec la mise en place d’une direction gĂ©nĂ©rale et d’un conseil d’administration ;

–        les moyens Ă  mettre en place pour faire appliquer toutes les normes rĂ©glementaires relatives aux conditions de rĂ©alisation des grands ouvrages de gĂ©nie civil mais Ă©galement celles relatives aux constructions de bĂątiments dans les villes ainsi qu’à la viabilisation des pĂ©riphĂ©ries de nos villes afin de prĂ©venir des affaissements accidentels de constructions urbaines ou pĂ©riurbaines ;

–        La maitrise des dĂ©passements de coĂ»ts, de la qualitĂ© et de la pĂ©rennitĂ© des ouvrages rĂ©alisĂ©s.

Au terme des dĂ©bats, le Conseil recommande l’adoption du projet de DĂ©cret sous rĂ©serve de la prise en compte des observations et amendements formulĂ©s.

  • Le deuxiĂšme portant Statuts du Centre d’Appui et de Suivi des Entreprises RoutiĂšres (CASER).  

La Ministre a dĂ©clarĂ© qu’à la faveur de l’existence des services chargĂ©s de l’ouverture et de l’entretien du rĂ©seau routier, seulement quelques entrepreneurs accĂšdent rĂ©guliĂšrement aux marchĂ©s d’entretien dont le montant avoisine les 200 milliards de francs guinĂ©ens.

Elle a indiquĂ© qu’un grand nombre de PME ne peut encore y participer faute de personnel compĂ©tent, d’équipements de travail et de surfaces financiĂšres suffisantes.

La Ministre a prĂ©cisĂ© que c’est pour pallier ce problĂšme qu’il a Ă©tĂ© créé en 2008, un service public, placĂ© au sein du MinistĂšre des Travaux Publics spĂ©cialement chargĂ© de la promotion des entreprises routiĂšres en particulier des PME. Ce nouveau service a finalement pris le nom de Centre d’Appui et de Suivi des Entreprises RoutiĂšres (CASER). Ledit service sera essentiellement chargĂ© d’évaluer les capacitĂ©s des PME et de leur dĂ©livrer des AgrĂ©ments Techniques, d’assurer le perfectionnement de leur personnel, de mettre Ă  disposition les Ă©quipements sous forme de location ou de location-vente et de constituer un fonds de garantie.

Pour accomplir plus efficacement sa mission, il est proposĂ© de l’ériger en sociĂ©tĂ© publique Ă  travers la rĂ©cente Loi L/2016/075/AN du 30 dĂ©cembre 2016, portant gouvernance financiĂšre des sociĂ©tĂ©s et Ă©tablissements publics.

La Ministre a justifiĂ© que l’intĂ©rĂȘt d’en faire une sociĂ©tĂ© anonyme publique est de lui octroyer la personnalitĂ© juridique, ce qui lui permettra de disposer d’organes propres et d’un budget. Cela dĂ©charge le MinistĂšre des Travaux Publics d’une activitĂ© contraignante qu’elle gĂšre sans les moyens matĂ©riels, juridiques et financiers nĂ©cessaires. La sociĂ©tĂ© publique apparaĂźt par voie de consĂ©quence comme un moyen de donner une autonomie juridique et financiĂšre Ă  une activitĂ© de service public.

La Ministre a soutenu que l’objectif de la crĂ©ation du Centre d’Appui et de Suivi des Entreprises RoutiĂšres (CASER) est donc d’assurer la production et la fourniture d’un bien ou service d’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral. La gestion du CASER s’apparentera Ă  une gestion privĂ©e favorisant l’efficacitĂ©, la rigueur et la transparence. En le mettant dans le groupe des sociĂ©tĂ©s publiques, le Centre bĂ©nĂ©ficiera davantage de la confiance des Partenaires Techniques et Financiers qui se sont engagĂ©s Ă  l’accompagner. 

Au terme des dĂ©bats, le Conseil recommande l’adoption du projet de DĂ©cret sous rĂ©serve de  la prise en compte des observations et amendements formulĂ©s. 

AU TITRE DE LA COMMUNICATION 

Le Ministre de l’Energie et de l’Hydraulique a fait une communication relative Ă  la problĂ©matique de fourniture du carburant pour la desserte en Ă©lectricitĂ©.

Il a précisé que EDG gÚre deux réseaux interconnectés. Ces deux réseaux sont alimentés par une capacité totale installée de 572,4 MW  dont : 365,4 MW en hydraulique et 207 MW en thermique, pour une capacité utile de 433,4 MW.

Le Ministre a expliquĂ© que  les Ă©lĂ©ments  environnementaux  qui impactent nĂ©gativement le niveau de production des barrages hydroĂ©lectriques sont entre autres : l’irrĂ©gularitĂ© de la pluviomĂ©trie, l’activitĂ© anthropique des populations dĂ©truisant le couvert vĂ©gĂ©tal le long des cours d’eau et, de façon gĂ©nĂ©rale, le rĂ©chauffement climatique.

Il a affirmĂ© que la combinaison de ces Ă©lĂ©ments se traduit par l’installation prĂ©coce de la pĂ©riode d’étiage d’oĂč le recours aux centrales thermiques existantes comme c’est le cas actuellement.

Le Ministre a informĂ© qu’en dĂ©cembre 2017, la production thermique a reprĂ©sentĂ© 50% de la production totale. Et cette part passera Ă  environ 60% Ă  partir de ce mois de janvier 2018 et ce, jusqu’à juin 2018. Ainsi, la consommation de combustible HFO est estimĂ©e pour 2018 Ă  1 061 milliards GNF contre 491 milliards GNF en 2017, soit une augmentation de 570 milliards GNF.

Le Ministre a attirĂ© l’attention du Gouvernement sur le fait que les crĂ©ances impayĂ©es de fourniture d’HFO Ă  EDG-IPP  et capitales rĂ©gionales avoisinent les 300 milliards GNF. En consĂ©quence, le fournisseur principal de carburant, Star Oil a rĂ©duit drastiquement ses approvisionnements aux diffĂ©rentes centrales thermiques en service, ce qui se traduit par les dĂ©lestages observĂ©s en ce moment sur les diffĂ©rents rĂ©seaux, allant jusqu’à 100 MW de puissance dĂ©lestĂ©e.

Ce problĂšme des crĂ©ances impayĂ©es de Star Oil continuera de perturber la desserte si des solutions n’y sont pas apportĂ©es dĂ©finitivement.

Le Ministre a décliné quelques  solutions envisageables, notamment :

  1.    La renégociation des prix avec les fournisseurs de carburant avec une garantie de paiement ;
  1.    La mise en place d’un crĂ©dit revolving de 30 millions de dollars USD sous financement de la BID.
  1.     L’accroissement de la capacitĂ© de stockage de HFO suffisante au regard des besoins croissants d’EDG.

Il a informĂ© que le recours aux moyens de production thermique pĂšse lourdement sur les charges d’EDG. Ainsi, le coĂ»t moyen du Kwh produit par les centrales thermiques peut atteindre 3 627 GNF (40 cts USD) contre 956 GNF (10 cts USD) pour la centrale de KalĂ©ta, pour un prix de vente moyen de 946 GNF.

Le Ministre a sollicité le soutien du conseil pour la résolution définitive du problÚme de fourniture de carburant à EDG. 

Au cours des débats, les observations essentielles ont porté sur :

–         La nĂ©cessitĂ© de poursuivre la mise en Ɠuvre du programme de redressement de EDG en se focalisant sur les aspects relatifs aux rĂ©ajustements tarifaires ;

–         L’installation compteurs prĂ©payĂ©s ;

–   Le suivi du contrat de performance de EDG tout en identifiant clairement les postes de coĂ»ts susceptibles d’impacter nĂ©gativement les tarifs de l’électricité ;

–         La nĂ©cessitĂ© de revoir les diffĂ©rents contrats de fourniture de carburant ;

–         La rĂ©habilitation du rĂ©seau ;

–      La prise en compte des considĂ©rations commerciales impliquant le paiement effectif par les administrations publiques de leurs consommations ainsi que les autres clients en vue de rĂ©duire la subvention de l’Etat en faveur d’une rentabilitĂ© progressive des activitĂ©s de EDG ;

–     La nĂ©cessitĂ© de mener des activitĂ©s devant aboutir Ă  des options relatives Ă  l’utilisation du gaz par nos populations pour rĂ©duire la consommation du bois et du charbon afin de relever les dĂ©fis environnementaux ;

–       La nĂ©cessitĂ© de dĂ©finir une stratĂ©gie cohĂ©rente en vue d’envisager des solutions alternatives sur les types de carburants et d’énergies qui pourraient ĂȘtre consommĂ©s sur tout le territoire national ;

–         L’urgence de la rĂ©habilitation des barrages hydroĂ©lectriques existants ;

–         Le manque de planning de gestion de la production et de la distribution.

Au terme des dĂ©bats, le Conseil a demandĂ© au Ministre de mettre en place un mĂ©canisme susceptible d’instaurer le dialogue entre les parties prenantes et les dĂ©cideurs afin de rehausser le niveau de prise de dĂ©cisions en faveur de la mise en Ɠuvre avec cĂ©lĂ©ritĂ© des conclusions de l’étude diagnostique portant sur le redressement de EDG.

A l’issue des dĂ©bats sur les diffĂ©rentes questions suscitĂ©es, le Conseil a dĂ©cidĂ© ce qui suit :

  1. Le Conseil adopte le projet de DĂ©cret portant mise en place d’une procĂ©dure d’exportation de l’or issu de l’exploitation industrielle et semi-industrielle sous rĂ©serve de la prise en compte des observations formulĂ©es.
  2. Le Conseil adopte le projet de Décret portant Statuts du Laboratoire du Bùtiment et des Travaux Publics (LBTP) sous réserve de la prise en compte des observations formulées.
  3. Le Conseil adopte le projet de DĂ©cret portant Statuts du Centre d’Appui et de Suivi des Entreprises RoutiĂšres (CASER)sous rĂ©serve de la prise en compte des observations formulĂ©es.

Avant de lever la sĂ©ance, le Chef de l’Etat a annoncĂ© la visite du Ministre italien des Affaires Ă©trangĂšres le vendredi 5 janvier 2018.

Le Conseil des Ministres