Censure

A Kindia, la raison doit triompher (Par Bah Oury)

La convocation devant les tribunaux de l’Imam de Kindia, El hadj Camara  suite Ă  sa dĂ©claration xĂ©nophobe, excluant la possibilitĂ© qu’un non-natif de Kindia puisse en devenir le maire, est lourde de consĂ©quences.

DĂ©jĂ  le Khalif El hadj Bano BAH de Pita et l’imam de la Grande MosquĂ©e Fayçal El hadj  Mamadou Saliou Camara sont intervenus publiquement pour rappeler « qu’aucun citoyen guinĂ©en n’est Ă©tranger dans n’importe quelle partie du territoire national ». Ces deux Ă©minentes personnalitĂ©s religieuses ont ainsi rappelĂ©, l’égalitĂ© de tous dans la RĂ©publique. Ces discours pĂ©dagogiques et solennels ont une portĂ©e nationale car ils condamnent  explicitement  une dĂ©rive Ă  caractĂšre ethnocentriste de la part de l’imam de Kindia. Ce malencontreux Ă©pisode aurait dĂ» s’en arrĂȘter lĂ .

La convocation de quelques notables de Kindia devant la justice crĂ©e une fissure dans la coexistence fraternelle entre les diffĂ©rentes communautĂ©s peuplant la capitale rĂ©gionale de la Basse-CĂŽte. Ceux qui sont Ă  la base de cette initiative judiciaire ont oubliĂ© qu’il existe d’autre moyen de mĂ©diation plus efficace qui puise leur lĂ©gitimitĂ© dans les traditions communes des populations guinĂ©ennes. En effet les sages de Kindia sont les mieux habilitĂ©s Ă  gĂ©rer ce genre de frictions entre leurs concitoyens. S’ils sont sollicitĂ©s dans les rĂšgles de l’art, ils sauront certainement Ă©teindre ce dĂ©but d’incendie  qui risque d’embraser toute la ville si nous ne prenons pas garde. Ne dit-on pas, mieux vaut prĂ©venir que guĂ©rir.

Cette affaire montre Ă©galement l’ignorance par ceux qui prĂ©tendent  « faire la politique », la nature et l’esprit du scrutin Ă  la proportionnelle qui rĂ©git les Ă©lections communales en GuinĂ©e. D’abord cette Ă©lection locale a Ă©tĂ© dĂ©voyĂ©e de son objectif originel pour la transformer en querelle d’égos entre des « supposĂ©s prĂ©sidentiables ». Ensuite le conseil communal est composĂ© de l’ensemble des Ă©lus (oppositions- mouvance- indĂ©pendants) et  les dĂ©cisions sont prises conformĂ©ment Ă  la rĂšgle de la majoritĂ©. Ceci induit Ă  tout moment la recherche d’une majoritĂ© pour assurer la gestion de la commune, d’oĂč la nĂ©cessitĂ© de l’existence d’un climat apaisĂ© et convivial entre tous les Ă©lus.

Ignorer ce B-A, BA de la gouvernance locale, c’est d’ores et dĂ©jĂ  inaugurer des Ă©checs cuisants pour le futur. Kindia comme toutes les autres villes de GuinĂ©e a besoin de stabilitĂ© et d’apaisement afin d’ĂȘtre gouvernĂ©e pour l’intĂ©rĂȘt de tous.

BAH OURY

Ancien Ministre

Animateur National du mouvement « Le Renouveau »

1er Vice-PrĂ©sident de l’UFDG

Â