Censure

UFDG, le parti des intouchables

Tout vient Ă  point Ă  qui sait attendre. Mardi 13 novembre 2018, Ă  l’occasion de la marche des femmes de l’UFDG, Robbie, cĂ©lĂšbre journaliste de l’émission Grandes Gueules d’Espace Fm, a fait l’amĂšre expĂ©rience de comment l’UFDG conçoit la dĂ©mocratie et la libertĂ© d’expression. En plus des injures ignobles qu’il a dĂ» subir lorsqu’il a croisĂ© les militants dudit parti ; il a Ă©galement Ă©tĂ© verbalement agressĂ© par les membres du service de sĂ©curitĂ© de l’UFDG. Ces derniers assurent pourtant une activitĂ© officielle dans ce parti et la sensibilitĂ© de leurs fonctions leur impose de garder leur sang-froid en toutes circonstances. Enfin, de par leur position et leur visibilitĂ©, ils sont Ă©galement garants de l’image de ce parti.

Au-delĂ  de cet Ă©pisode, les auditeurs d’Espace ont vite compris que cet incident avait eu la vertu de « libĂ©rer la parole » des journalistes des Grandes Gueules. C’est sans grande surprise qu’on a appris qu’ils faisaient tous rĂ©guliĂšrement l’objet d’injures et de menaces par les militants de l’UFDG. Ils rejoignent ainsi le cercle de tous ces mĂ©dias et journalistes, tels que ceux de la RTG, cataloguĂ©s « anti-UFDG », qui n’osent mĂȘme pas s’approcher d’un de leur Ă©vĂ©nement, encore moins de leur siĂšge. Sans doute par professionnalisme et pour ne pas donner l’impression de s’apitoyer sur leur propre sort, les animateurs d’Espace Fm avaient prĂ©fĂ©rĂ© garder le silence jusque-lĂ . Mais trop c’est trop et la marmite, Ă  force de bouillir, a fini par exploser.

En effet, il est de notoriĂ©tĂ© publique que tous ceux qui, d’une maniĂšre ou d’une autre, contredisent l’UFDG sont soumis au mĂȘme traitement. Qu’ils soient journalistes, politiciens, membres de la sociĂ©tĂ© civile, religieux ou simples citoyens, personne n’a le droit de contester la seule vĂ©ritĂ© qui vaille : celle de l’UFDG et de son leader.

Cependant l’erreur Ă  ne pas commettre serait de focaliser cette indignation sur les militants de l’UFDG. Il existe un point commun Ă  ceux d’entre eux qui s’adonnent Ă  cette violence verbale et/ou physique. C’est d’avoir le tort de s’abreuver Ă  une source qui contient les germes de la haine qu’ils entretiennent vis Ă  vis de tous ceux qu’on leur a prĂ©sentĂ© comme une menace Ă  leur propre survie. Ce sont les discours irresponsables et victimisants des plus hauts responsables de l’UFDG qui font croire Ă  ces pauvres Ăąmes manipulĂ©es et perdues que des forces coalisĂ©es veulent les marginaliser, les brimer et mĂȘme les exterminer.

Les journalistes expĂ©rimentent Ă  prĂ©sent ce que tous ceux qui ont approchĂ© l’UFDG ont vĂ©cu. Comme le disait un ex-alliĂ© de ce parti : « l’UFDG n’a aucun projet pour quelqu’un ou quelque chose d’autre que lui. Ni en alliance, ni en collaboration, ni en concession. » Un parti qui a rĂ©ussi Ă  transformer son leader en reprĂ©sentant de Dieu sur Terre. Un parti qui ne supporte ni critique ni contradiction, ni contestation.

Il est temps pour les GuinĂ©ens de se demander quel genre de dĂ©mocratie on peut attendre d’un parti qui est intouchable pendant qu’il n’est que dans l’opposition.

Bakary Souaré