Censure

Mort de Mamoudou Barry à Rouen/Des Guinéens ont dénoncé le racisme devant l’ambassade de France à Conakry

Tenant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire par exemple « Justice pour Mamoudou Barry », et scandant des slogans tels que « Non au racisme », près qu’une centaine de Guinéens comprenant des acteurs de la société civile, des membres de la famille du défunt, des amies et autres connaissances de Mamoudou Barry, assassiné le 20 juillet dernier, à Rouen, en France, ont tenu, ce vendredi, un sit-in à la devanture de l’ambassade de France à Conakry.

L’objectif de cette manifestation pacifique était non seulement d’exprimer une indignation face à la disparition de cet enseignant-chercheur guinéen vivant en France, mais aussi et surtout de mettre une pression sur les autorités françaises, afin d’accélérer la procédure judiciaire contre le présumé assassin de Mamoudou Barry.

Après plus d’une heure d’expression, les manifestants ont, dans une déclaration lue par Ange Gabriel du CNOSG (Conseil National des Organisations de la Société civile Guinéenne), dénoncé : « En marge du phénomène des migrants vers l’Occident, les crimes raciaux continuent à éclabousser nos compatriotes. Froidement tué par un Franco-turc, pour des raisons racistes, Mamoudou est parti à la fleur de l’âge. C’est avec un sentiment de choc, de tristesse et de colère que nous avons appris l’assassinat de notre compatriote Mamoudou Barry, enseignant-chercheur à l’université de Rouen, assassiné dans la même ville, le 20 juillet 2019. Nous condamnons avec fermeté cette barbarie qui, en plus de son caractère extrêmement ignoble, viole les textes internationaux en matière de droits de l’homme. Cependant, nous saluons le soutien indéfectible de nos frères et amis africains, ainsi que toutes les institutions ou personnes physiques d’ailleurs, qui nous accompagnent dans ce combat en faveur du rétablissement de l’équation « sang noir égal sang blanc ». Nous prenons acte des efforts de la justice française, pour mettre hors d’état de nuire ce criminel racial et les exhortons à aller jusqu’au bout de la procédure judiciaire déjà engagée. Sinon, l’auteur de ce crime racial symboliserait pour tous les citoyens noirs vivant à l’Occident, une menace à la liberté d’opinion et une atteinte à la dignité africaine ».

On ne peut pas me dire que ce gars est fou, parce qu’il est marié et père d’une fille. Il n’a pas tué sa femme, ni sa fille, ni un membre de sa famille, ni un blanc

Dans la foulée, Mamadou Mouctar Barry, un des frères du défunt a, face à la presse, déclaré : « Aujourd’hui, ce que j’ai vu ici, vraiment, je remercie tout le monde. Mamoudou a été assassiné et aujourd’hui il est parti. Nous qui sommes vivants, donnons-nous la main pour éviter les cas de racisme. Ce qui me touche de plus, Mamoudou a été assassiné en France, dans un pays de droit, un pays de démocratie, en pleine journée. Il n’y a pas eu d’intervenant parmi tous ceux qui étaient à côté. C’est purement racial. Ce n’est pas de la politique, c’est purement racial. Je suis touché comme vous .

Mamadou Mouctar Barry

« On ne peut pas me dire que ce gars est fou, parce qu’il est marié et père d’une fille. Il n’a pas tué sa femme, ni sa fille, ni un membre de sa famille, ni un blanc. Lorsqu’il a fait l’acte, il s’est caché. Quand un fou fait un acte, il ne peut pas le savoir. Le monsieur est rentré chez lui vers 3h du matin. Donc, on ne parle même pas de ça. On demande la justice. L’espoir pour la famille, c’est Mamoudou » a-t-il ajouté.

Il faut par ailleurs souligner que cette manifestation s’est tenue sans incident majeur, sous l’œil bienveillant des agents des forces de sécurité.

Mohamed Soumah pour Guinee7.com

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