Censure

Kidnapping à Conakry/ Sidy Diallo dont la tête avait été mise à prix dans les filets de la police

Sa tête avait été mise à prix. Mohamed Sidy Diallo, désigné comme le présumé instigateur de l’enlèvement de l’opérateur économique, Thierno Mamadou Dansoko et ses présumés complices, Alpha Oumar Diallo et Thierno Ciré Sow, ont été présentés à la presse ce mercredi à Conakry.

Boubacar Kassé

Boubacar Kassé, contrôleur général de police, directeur régional de la police de Conakry, a expliqué qu’après l’arrestation et le déferrement d’un premier groupe de 8 individus, « poursuivis pour terrorisme, enlèvement, séquestration , demande de rançon, association de malfaiteurs, vol aggravé, détention et usage d’armes de guerre, la direction centrale de la  police judiciaire à travers le directeur central a eu à introduire une requête auprès de monsieur le procureur de la République près le tribunal de première instance de Dixinn pour la mise sur pied d’une commission rogatoire afin de continuer les enquêtes. Cette commission a permis l’interpellation et l’arrestation de certains individus, dont le nommé Sidy Mohamed Diallo, lequel suite aux enquêtes a reconnu librement être l’auteur principal de l’enlèvement, la séquestration et de la demande de rançon de l’opérateur économique Thierno Mamadou Dansoko».

Avant d’ajouter que Sidy « précise aussi avoir commis cet enlèvement en complicité avec les nommés Moussa Tounkara alias Joe, en fuite ; Boubacar Thiam alias Sénégalais en détention à la maison centrale de Conakry, qui vous a été ici présenté ».

Selon l’officier, le prévenu a reconnu avoir planifié l’enlèvement en achetant « 3 PMAK, 2 MAT 45, deux pistolets TT30, 15 boîtes chargeurs PMAK, 2 machettes et plus de 300 munitions qui ont été trouvés lors de la perquisition».

Par ailleurs, l’officier Kassé a révélé entre autres, la dénonciation par Sidy, du « nommé Thierno Ciré Sow alias Kant et son groupe pour avoir enlevé le citoyen Thierno au quartier Hamdallaye en 2013, une rançon de 60 000 dollars avait été versée à cette occasion. »

Il était prêt à dégoupiller une grenade lors de son arrestation

Lors de « l’arrestation de Sidy il avait en sa possession une grenade qu’il était prêt à dégoupiller pour dire je suis prêt à mourir avec les agents », a renseigné l’officier.

Enfin, il a signalé qu’« Alpha Oumar Diallo interpellé dans la même pièce que Mohamed Sidy Diallo, déclare avoir été pris en otage par son cousin Sidy pour acheter le manger de Thierno Mamadou Dansoko. Thierno Ciré Sow alias Kant nie tous les faits qui lui sont reprochés malgré les charges portées contre lui par Mohamed Sidy Diallo ».

Je sais que ma mère me verra sur ces images. Je sais que je lui ai foutu la honte. Je lui demande pardon quand elle verra ça. Et à mon fils aussi

De prime abord, Sidy Mohamed Diallo, face aux journalistes a tenu à passer un message à ses proches. « Je sais que ma mère me verra sur ces images. Je sais que je lui ai foutu la honte. Je lui demande pardon quand elle verra ça. Et à mon fils aussi, qui va sûrement grandir avec l’image là. Et aussi, Il y a beaucoup de personnes qui m’ont connu et qui ignoraient réellement si je peux faire ce genre de choses », a-t-il regretté. 

Ensuite, à la question de savoir ce qu’il en est des faits qu’on lui reproche, il a acquiescé : « Oui ils ont raison. Dansoko a été enlevé par Mohamed Sidy Diallo, avec un certain sénégalais et un certain Tounkara. »

Je lui ai dit que pour ma propre protection j’ai besoin d’une grenade

Cependant, il ne reconnaît pas avoir acheté les armes de guerre : « Vous ne pouvez pas enlever quelqu’un sans avoir une arme avec vous. Moi je ne sais pas là où on trouve des armes. Le nommé Tounkara, lui a des relations pour ça. Donc une fois, je lui ai donné de l’argent pour qu’il m’achète des armes parce que je ne peux pas aller prendre quelqu’un sans avoir quelque chose pour l’effrayer. Sachant qu’il y a la police ou lui-même va s’opposer. Il les a achetées une fois, mais les armes ne me convenaient pas. Je lui ai dit de les changer. Il a dit qu’il ne pourra pas les changer, que la personne avec qui il a acheté ne va pas reprendre les armes. C’est comme ça qu’il a gardé ça avec lui, deux fois, trois fois, la quatrième fois, il m’a envoyé un PMAK, un TT30. Je lui ai dit que pour ma propre protection j’ai besoin d’une grenade. Il m’en a envoyé.  Donc moi, j’avais en ma possession, un PMAK, un TT30 et une grande. »

J’ai essayé de les persuader de libérer le monsieur avant que le pire ne nous arrive

Avant de reconnaître avoir pris part à d’autres séquestrations. « Effectivement, je fais partie du cas de Dansoko, comme je l’ai relaté. Il y a le cas de Alphadio aussi, il y a le cas de Djibril aussi et le cas de Bobo Hong-Kong. C’est ce que je connais. Pour Dansoko, c’est moi qui ai planifié en personne. J’ai voulu faire un enlèvement. Mais la personne de Dansoko, je ne l’ai jamais connue. Donc c’est le nommé Tounkara, je ne sais pas quel type de lien ils ont, qui nous a proposé d’enlever Dansoko. Donc on a enlevé monsieur Dansoko. La procédure c’est quoi ? Vous l’enlevez, le gardez avec vous, vous demandez une rançon. On a demandé une première fois, il y a son petit frère qui est venu pour donner l’argent. Mais il était avec la police en civile. On a détecté la police. Même chose pour la deuxième fois. Donc vu l’état de monsieur Dansoko, il avait fait une opération générale, je l’avais constaté sur son corps. Et le jour de l’enlèvement aussi, il s’est un peu battu avec moi. Il avait des blessures. Donc moi, pour éviter le pire, parce que je n’étais pas là pour tuer qui que ce soit, je voulais de l’argent, j’ai essayé de persuader Tounkara en lui disant même si on garde ce monsieur mille ans la police ne va pas quitter derrière la famille. J’ai essayé de les persuader de libérer le monsieur avant que le pire ne nous arrive. Parce qu’il y a eu dans le passé ici un vieux qui a été enlevé et il est décédé. Les deux autres ne voulaient pas. Parce que pour eux, il fallait leur argent, Sénégalais et Tounkara. Donc moi, je me suis porté garant, j’avais deux voitures. J’avais promis que si monsieur Dansoko partait, parce que je parlais avec monsieur Dansoko. Il m’a promis Mohamed si tu prends la garantie, quand je sors, je te promets que moi je vais donner l’argent (…) ils ont dit d’accord. J’ai pris monsieur Dansoko dans ma voiture, je l’ai envoyé jusqu’à côté de chez lui. J’ai acheté un téléphone et une puce et le transport pour qu’il puisse appeler sa famille », a-t-il relaté.

Je leur ai montré la grenade et les agents ont fui

Par ailleurs, il dément avoir eu l’intention de se suicider avec les agents comme dit plus haut l’officier Kassé. « Dire que j’ai voulu me suicider avec les agents, c’est une grave accusation. Quand ils sont venus m’interpeller, j’étais blessé et couché. J’avais une grenade. Je me suis dit que je ne vais pas me rendre à la police. Ils étaient tous là, me braquant leurs armes. Je leur ai montré la grenade et les agents ont fui (…) Je leur ai dit si vous voulez, vous pouvez tirer. Mais je ne lâche pas ma grenade. Mais avant ce jour, il y avait la tête de sécurité de la grenade qui s’était perdue. Donc j’avais mis de la colle autour de la grenade. Je pense qu’il y avait quelqu’un derrière moi, que je n’avais pas vu. C’est lui qui m’a cogné, je suis tombé et c’est en ce moment qu’il m’a tapé la main (…) Quand ils ont arrêté un de nos complices, il a conduit la DPJ chez moi vers 4h. ils ont tapé la porte. Lorsqu’ils ont dit la police, j’avais un PMAK, j’ai dégainé pour les effrayer et les agents ont replié. J’ai fait 6 ou 7 tirs de sommation en l’air. J’ai eu l’opportunité de sortir de la maison et sauter entre les cours. Entre temps, j’étais blessé, j’avais du sang sur moi et c’est là j’ai jeté l’arme. Parce que c’était maintenant le matin et je ne voulais pas que les gens me voient avec l’arme. Sur la route, j’ai profité, j’ai pris une mototaxi. Celle-ci m’a envoyé jusqu’au Km 36. De là, je réfléchis. J’avais vécu à Dabompa à un moment donné. Là-bas, il y a une mosquée vers le bas, où les gens sont réputés être gentils et accueillants. J’y suis allé. J’ai menti à tout le monde en leur disant que j’avais fait un accident de moto. Comme j’étais blessé, je les ai convaincus de ne pas avoir d’argent pour aller à l’hôpital de m’aider. Donc ils ont fait des démarches, m’ont trouvé un local. »

Je ne suis pas parfait. Je n’ai pas choisi ça. J’ai honte et je demande pardon aux gens qui ont été mes victimes

Enfin, il a tenu à faire savoir l’implication de son ami Thierno Ciré Sow, qui quant lui, a nié les faits qui lui sont reprochés. « J’ai cité un ami, qui est là. Thierno Ciré Sow. J’ai donné des indices. C’est facile de dire je ne connais pas, je ne connais pas. Pourquoi je parle ?  Il y a beaucoup de choses qui se sont passées et se passent dans le pays ici, on dit c’est Sidy. Vous vous rappelez, le cas d’Elhaj Doura ? Ce cas-là, je n’étais pas ici. Ma mère était mourante. Elle m’a appelé pour me dire comment toi tu peux tuer quelqu’un ? je lui ai dit attend, je ne suis même pas au pays. Vous allez essayer d’élucider ça, et vous allez comprendre que Mohamed Sidy n’est pas le diable qu’on cite devant vous tous. Je ne suis pas parfait. Je n’ai pas choisi ça. J’ai honte et je demande pardon aux gens qui ont été mes victimes. Il habite à Soloprimo, il y a un vieux qui habite là-bas, qui a été enlevé en 2013, c’était lui. Lui (Thierno Ciré Sow ndlr) c’est mon meilleur ami (…) ensemble on a fait un enlèvement en 2009 », a-t-il révélé.

D’après le contrôleur général de police, Fabou Camara, directeur central de la police judicaire, cette opération d’interpellation a été possible, grâce aux « unités délites de la BRB, BRI et aussi en collaboration avec les autres unités d’élite de la police nationale ».

Avant demander à la population de « participer à la sécurisation de nos villes, des personnes et aussi des biens. En essayant d’être vigilant et de donner des informations à la police nationale, aux services de sécurité en général afin que nous puissions anticiper sur la commission de ces actes criminels ».

Abdou Lory Sylla pour guinee7.com

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