Censure

Affaire Elhadj Doura : Le représentant de la famille dit avoir dénoncé Malick Koné chez Alpha Condé

Comme prévu, le procès des présumés auteurs du kidnapping et de l’assassinat d’Elhadj Abdourahmane Diallo, c’est poursuivi au tribunal de première instance de Dixinn. Cette audience a été marquée par la comparution de Thierno Boubacar Diallo, fils de feu Elhadj Abdourahmane Diallo et représentant de la famille.

A travers une intervention de plus d’une heure, Thierno Boubacar est, en long et large, revenu sur tout ce qui s’est passé entre lui et les ravisseurs de son père dans cette affaire.

Selon lui, « c’est le mardi 5 décembre 2017 que ma maman m’a appelé à 6h en larmes en disant c’est ton Papa, moi j’ai pensé que c’était une crise cardiaque. J’ai également informé mon frère et on s’est rendu dans la famille et on s’est rendu compte qu’il s’agit d’un enlèvement. Aux environs de 9h, pendant que nous étions à la DPJ, un monsieur qui ne parlait en français peu académique, a appelé mon frère Ousmane pour dire c’est nous qui avons kidnappé votre père et nous voulons une somme de 200 millions. Le directeur de la DPJ nous a donc proposé d’aller à l’ARPT pour tracer l’appel. Dans la cour de l’ARPT un deuxième appel est tombé et cette fois-ci, le monsieur a dit qu’ils savent que nous sommes déjà au niveau de la police et la gendarmerie, mais qu’ils ont pris toutes leurs précautions ».

« Le lendemain, poursuit-il, mon frère Ousmane, qui recevait les appels nous a informés qu’au lieu de 200 millions, les ravisseurs demandent désormais 500 mille dollars. Du coup, moi j’ai décidé de prendre le relais. Et le premier appel que moi j’ai reçu, le gars qui, cette fois-ci, s’exprimait dans un bon français, m’a parlé d’un million de dollars. Mais de fil en aiguille, nous nous sommes convenus sur un montant de 200 mille dollars. Mais j’ai d’abord ténu à parler avec mon papa, chose qui a été faite et le vieux m’a rassuré que tout allait bien, mais qu’il faut tout faire pour le sortir de cet enfer ».

Thierno Boubacar a souligné que lui et quelques membres de la famille ont contacté une autre famille qui a été victime de kidnapping et qui les ont conseillés qu’en payant la rançon les ravisseurs tiendront également leur engagement. De l’autre côté, dit-il, la police et la gendarmerie, estimaient qu’il est encore tôt pour procéder au paiement de la rançon.

« C’est ainsi que mon interlocuteur et moi nous sommes convenus sur la somme de 100 mille dollars. Et c’est lui (le ravisseur) qui m’a indiqué le jour, l’heure, ma façon de m’habiller et le lieu où je devais déposer la somme. Après m’avoir fait balader dans la ville durant des heures, il m’a demandé de déposer l’argent sur une monticule d’ordures dans un endroit sombre quelque part dans le quartier Lambayi.  Le monsieur m’a rappelé pour me dire qu’ils ont reçu l’argent et que le compte y ait, tout en me rassurant que notre père nous sera livré dans les heures qui suivent. Mais malheureusement cet engagement n’a été respecté », a-t-il expliqué.

Thierno Boubacar Diallo a indiqué qu’après plusieurs jours passés sans aucun signe des ravisseurs, son interlocuteur habituel a renoué le contact pour lui dire que l’argent (100 mille dollars) qui a été payé ne suffit pas et qu’il fallait en rajouter. Chose que le fils de feu Elhadj Doura dit avoir refusé dans un premier temps, tout en haussant le ton, cette fois-ci, contre le ravisseur de son père qui, selon lui, a également répliqué avec des menaces.

Il a fait savoir que c’est à la suite de cela,  alors que son premier interlocuteur demandait d’augmenter l’argent, qu’il a été contacté par le nommé, Lama Kaba dit L-Kaba qui s’est présenté comme un des membres de l’équipe qui a enlevé son père. « Il m’a dit qu’il regrette d’avoir participé à cette opération et qu’il veut désormais nous aider à récupérer notre père sain et sauf. C’est ainsi qu’il m’a donné les noms d’Ibro, Elhadj Mamadou, Kams, Zimbabwé, qui sont les têtes dans cette opération. Il (L-Kaba) m’a même indiqué, pour me rassurer, que le nommé Thierno Ciré Sow alias Kams qui réside d’ailleurs au quartier Hamdallaye (non loin du domicile d’Elhadj Doura), est revenu du Maroc pour l’enterrement de sa maman. Chose que j’ai vérifiée à travers un de mes frères qui m’a d’ailleurs dit connaître Kams ».

« En compagnie de certains de mes amis, ajoute-t-il, on a même suivi Kams du cimetière où sa mère a été enterrée jusqu’au niveau d’une villa où il est rentré avec deux gardes habillées en tenue militaire. J’ai immédiatement appelé la police et la gendarmerie, pour les informer qu’un des présumés ravisseurs de mon père se trouve dans une villa, pour qu’ils viennent procéder à son arrestation. Je les ai appelés à 16h et ce n’est qu’à 20h qu’il se sont présentés, et ils ont dit ne pas retrouver Kams dans cette maison ».

Boubacar Diallo a souligné qu’il a ainsi confiance au nommé L-Kaba qui lui a également soutiré jusqu’à 80 millions FG (par tranche de 5 à 10 millions) dans le but de l’aider à retrouver son père mais sans succès.

Parlant de l’intervention de l’ex-président, Alpha Condé, le fils d’Elhadj Doura a expliqué : « après nous avoir rendus visite à la maison familiale… le président Alpha Condé m’a reçu en audience, je lui ai dit que les enquêtes ne se déroulaient pas bien. Et que j’ai même appris que c’est le directeur de la DPJ, Malick Koné [actuel directeur national de la Police], qui aurait la garde du nommé Thierno Ciré Sow que nous recherchons. Le président a immédiatement fait venir le général Baldé, avec qui je me suis rendu à la DPJ et effectivement, nous avons trouvé Kams dans le bureau de Koné. Chose qui a mis le président dans tous ses états et a personnellement ordonné l’arrestation de toute personne impliquée de près ou de loin dans cette affaire. »

Pendant que cela faisait plusieurs jours que Thierno Boubacar Diallo n’avait plus aucun signe ni de son père ni des ravisseurs, il a dit avoir été appelé par le général Baldé pour lui dire qu’ils ont arrêté un des kidnappeurs de son père et c’était le nigérian Tony Akpo. « Dans l’entretien téléphonique de ce dernier avec Elhadj Mamadou Diallo devant les gendarmes, on a su que mon papa était déjà mort. Je n’ai pas tout de suite informé la famille de cette nouvelle et les enquêtes se sont poursuivies », a-t-il expliqué.

Pour finir, il a fait savoir que c’est au bout de quelque semaines, avec l’arrestation des autres membres du groupe que le lieu d’enterrement de son père a été indiqué.

Mohamed Soumah Guinee7.com

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