Censure

Quand l’ambassadeur de France tresse des lauriers à celui qui a dit non à de Gaulle

Lors de la cérémonie officielle organisée par l’ambassadeur de France en Guinée, Marc Fonbaustier, et sa compagne Estelle Campione à l’occasion de la fête nationale française, de nombreuses personnalités guinéennes, des politiques, ainsi que des utilisateurs de Facebook et TikTok (pour une raison apparemment importante) ont été invités. Au cours de cet événement, l’ambassadeur a décidé de mettre en avant Sékou Touré, le célèbre président guinéen connu pour son conflit avec la France coloniale.

Mais que s’est-il passé réellement ? Est-ce que l’ambassadeur a voulu se moquer ouvertement des autorités guinéennes en leur disant ce qu’elles veulent entendre ? Ou bien est-ce une tentative pathétique de faire amende honorable pour les actes passés de la France en Afrique occidentale et de réécrire l’histoire ?

En tout cas, ceux qui sont bien informés savent que la séduction, bien qu’amusante, peut souvent produire des effets inattendus.

Ci-dessous quelques extraits marquants :

« L’Afrique est en pleine mutation. Elle se transforme sous nos yeux. Et la République de Guinée, votre pays, qui nous accueille si chaleureusement, n’est pas en reste », reconnaît le diplomate avec un large sourire avant de citer Sékou Touré. Celui-ci, dans son discours historique du 25 août 1958 devant le Général de Gaulle, disait déjà : « La Guinée n’est pas seulement cette entité géographique que les hasards de l’Histoire ont délimitée, suivant les données de sa colonisation par la France, c’est aussi une part vive de l’Afrique, un morceau de ce continent qui palpite, sent, agit et pense à la mesure de son destin singulier. »

Marc Fonbaustier considère ces propos comme « prémonitoires » et « pleins de vérité ». Il mentionne également une autre affirmation de l’ancien président guinéen en 1952 : « Unis et décidés, nous pouvons tout avoir. »

Et voilà que l’ambassadeur français semble être séduit par celui que les autorités françaises ont longtemps qualifié de dictateur. Il mentionne une déclaration d’Ahmed Sékou Touré lors des discussions préliminaires sur le projet de Communauté entre la France et ses colonies de l’époque : « Il nous faut un droit au divorce, sans lequel le mariage franco-africain pourra être considéré dans le temps comme une construction arbitraire imposée aux générations montantes. »

Ah, la rupture de 1958 est évoquée, c’est touchant !

Soixante-cinq ans plus tard, selon l’ambassadeur, nous nous sommes miraculeusement retrouvés. Il rappelle les paroles d’Ahmed Sékou Touré du 25 août 1958 : « Notre cœur, notre raison, en plus de nos intérêts les plus évidents, nous font choisir sans hésitation l’interdépendance et la liberté dans l’union, plutôt que de nous définir sans la France et contre la France. » Apparemment, le temps donne toujours raison aux « acrobates ».

En résumé, l’ambassadeur affirme :  « la France, mon pays, se remet en question, innove, repense, réaménage son approche, sa manière de se présenter à la Guinée. Elle lui offre simplement son concours, loyal et amical, pour sa construction, son émergence et son progrès. »

Ah oui, bien sûr, la France est prête à tout pour aider la Guinée, surtout lorsque cela sert ses propres intérêts. Quelle belle histoire d’amour entre la France et la Guinée, n’est-ce pas ? Mais un adage ne dit-il pas que le diable citerait volontiers la bible si cela peut servir ses intérêts ?

Lire ici tout le discours de l’ambassadeur de France en Guinée.

Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com

 

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