Censure

An 2 du CNRD. ‘‘Nous attendons mieux en termes de droits de l’homme’’, dixit Alseny Sall de l’OGDH

Le CNRD a deux ans à la tête de la République de Guinée. Que pouvons-nous retenir en matière de droits de l’homme ? Alseny Sall, chargé de communication de l’Organisation guinéenne des droits de l’homme (OGDH) a apporté son analyse.

Selon lui, malgré, « tout n’est pas noir. Il faut mettre à l’actif du CNRD cette volonté politique exprimée d’organiser le procès du 28 Septembre, qui s’est matérialisée par l’ouverture de ce procès qui est en cours. Même là encore, il y a des défis liés à la continuité de ce procès, notamment, la capacité de l’État guinéen à pouvoir mobiliser des ressources pour pouvoir supporter les charges de ce procès jusqu’à la fin ».

Avant de poursuivre : « Il y a la question de la lutte contre les crimes économiques. Là encore, vous savez quand même, beaucoup de Guinéens avaient apprécié l’idée de mettre en place une Cour de répression des infractions économiques. Donc ça a été salué par un bon nombre de Guinéens, parce que nous savons quand même que les régimes précédents ont été caractérisés par cette dilapidation des ressources, mais aussi les détournements à outrance. Maintenant, la CRIEF, évidemment, en soi, dans son fonctionnement, elle a pêché. Et parce qu’aujourd’hui, dans la démarche, c’est surtout ce qui inquiète au niveau de la CRIEF. Comme vous le savez, aujourd’hui, il y a beaucoup de hauts commis de l’État qui sont poursuivis devant cette juridiction, qui sont privés de liberté depuis plusieurs mois, voire plus d’une année pour certains, et qui ne sont pas situés sur leur sort. Donc ça, c’est inquiétant quand même. Donc, parce que, comme vous le savez, le droit d’être jugé dans un délai raisonnable fait partie des droits fondamentaux de citoyens. Donc ça, c’est une préoccupation chez nous. »

Il y a aussi exprimé sa préoccupation par rapport au fait : « qu’en dépit de respecter nos engagements internationaux de faire de la justice la boussole, il y a aujourd’hui, comme vous le savez, une interdiction systématique des droits de manifestation. Pour nous, qui est contraire à nos engagements en matière des droits de l’homme, parce que, évidemment, on peut comprendre que l’État s’inscrit dans une logique d’interdire parfois, mais les interdictions, pour nous, doivent se faire au cas par cas et justifiées. Mais lorsque l’État s’inscrit dans une logique d’interdiction systématique, pour nous, c’est contraire à nos engagements, c’est une violation des droits de l’homme, parce que ça ramène à cette situation de vouloir taire toutes les voix dissonantes. Et ça, c’est dangereux pour notre démocratie. Il faut accepter les voix dissonantes, il faut accepter les voix discordantes, parce que c’est ça aussi la caractéristique de toute démocratie, c’est d’accepter le principe contradictoire. Aujourd’hui, il y a des gens qui pensent que la transition est mieux gérée. Il y en a qui pensent que ce n’est pas bien géré. Donc, il faut vraiment permettre à toutes ces personnes de donner leurs avis et de proposer des solutions pour qu’on sorte de cette situation. Mais malheureusement, on a l’impression quand même que ceux qui disent que la transition n’est pas bien gérée sont bâillonnés et ils sont bafoués dans leurs droits. »

Enfin il a fait cas, du : « piétinement des enquêtes sur les violations des droits de l’homme commises par les forces de défense et de sécurité. Comme vous le savez, depuis que le CNRD est là, il y a eu des manifestations à l’occasion desquelles on a perdu des vies. Malheureusement, jusqu’ici, la plupart de ces enquêtes continuent à piétiner, comme d’habitude, comme dans les systèmes Alpha et autres. Alors qu’on nous avait promis que la justice allait être la boussole. Voilà autant de préoccupations aujourd’hui qui font qu’il faut dire qu’en dépit des efforts, les défis restent encore immenses et nous attendons mieux quand même en termes de droits de l’homme. »

Abdou Lory Sylla pour guinee7.com

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