Censure

CRIEF. Damaro n’en peut plus…

L’ancien président de l’assemblée nationale,  Amadou Damaro Camara, poursuivi pour détournement de deniers publics, portant notamment sur 15 milliards de francs guinéens, a demandé, lundi, une liberté provisoire pour des raisons de santé.

« Dans exactement 15 jours j’aurai 72 ans, MashAllah. Trois semaines plus tard, j’aurai 2 ans de prison. Depuis 15 mois, je suis malade et hospitalisé. Ce petit appareil là, je suis obligé de le mettre sur mon pied au moins chaque trois heures pour ne pas prendre le risque de me blesser parce que je ne sens plus rien. J’avoue que ça allait mieux depuis décembre 2022, mais depuis deux semaines ça repris de manière inquiétante. Les médecins me disent, que si je continue de me stresser, avec cette Neuropathie périphérique, je risque de perdre mes orteils ou mieux. Je peux des fois marcher. Là où je suis, vous pouvez me planter sans risque un couteau, je ne sentirais rien. Si ça continue ça va se gangrener. L’intérieur même est devenu noir. Ensuite on me dit ne te stresse pas, ne te stresse pas, sinon vous avez un risque d’AVC. Mais je suis hospitalisé à la traumatologie, là où on envoie les grands accidentés. Chaque fois, il y a des décès et même en pleine nuit. Quand je me réveille, je ne peux plus me rendormir », a-t-il fait savoir.

Avant de rappeler : « j’ai fait 5 fois la demande et 5 fois, on m’a accordé la liberté provisoire. Je crois que monsieur le président, je me suis soumis à cette justice avec bonne foi (…) depuis juillet on est sur ce procès me concernant, je voudrais solliciter très humblement sachant qu’aucun de vous ne voudrait me voir mutilé apparemment on est loin encore de la fin du procès, qu’il plaise à la cour d’accepter de m’accorder une liberté provisoire sous contrôle judiciaire pour que ce changement de milieu me mette hors risque de perdre mon pied. »

Enfin, il a dit : « je crois que je ne représente pas une menace ni pour la société ni pour l’Etat (…) je supplie humainement le procureur de ne pas s’opposer à ça. »

En prenant la parole, les substituts du procureur ont indexé le défaut de « certificats médicaux » qui accompagne cette demande. Ainsi, ils ont demandé à la cour de rejeter la demande.

Quant à Me Amadou Baben Camara, l’avocat de l’Etat dans cette affaire, il a souhaité prompt rétablissement au prévenu. Mais demandé à la cour que quelle que soit sa décision, de faire en sorte que « ses intérêts soient sauvegardés ».

Face à la remarque du parquet, Me Santiba Kouyaté, l’avocat de la défense a informé que 4 certificats médicaux sur l’état de santé de son client sont versés au dossier et que ces derniers sont dressés par des professionnels. À l’en croire, il est signalé dans ces documents que l’ancien président de l’assemblée nationale, « présente un état de santé incompatible au milieu carcéral ».

Cette remarque a piqué au vif le procureur spécial, Aly Touré, qui a rétorqué : « la défense a tendance à vous faire croire que les pathologies dont souffre monsieur Camara sont dues à son état d’incarcération. Je suis très gêné quand je parle de la maladie de quelqu’un. Il faut qu’on dise la vérité. Je ne sais pas comment est-ce qu’ils articulent leurs demandes, mais les dispositions textuelles sur lesquelles ils s’appuient vous pouvez les analyser du début à la fin pour voir est-ce que la maladie est une cause de liberté. Ce que la justice a pu faire dans son image humaine, lorsqu’un individu exprime une pathologie, vous l’envoyez chez les spécialistes pour voir ce qui ne va pas. De notre pouvoir c’est ce que nous avons suggéré. Même son hospitalisation, ce ne sont même pas ses conseils qui ont demandé. Ils ont demandé sa liberté. C’est nous qui avons dit, il est malade; il ne peut pas rester en prison pendant qu’il traîne une maladie. Envoyez-le à l’hôpital il va se soigner. Et depuis un bon moment, il peut l’attester, il est au niveau d’un centre hospitalier. »

Le procureur a aussi fait remarquer que « les rapports dont on est en train de faire cas datent de plus d’un an, le dernier date du mois d’avril. Ce que je suggérerais monsieur le président, c’est de prescrire un examen médical pour son état actuel. En fonction de ça, vous pourrez en toute indépendance prendre une décision ».

Avant que le juge Yougouba Conté ne renvoie l’affaire au 22 avril 2024 pour statuer sur cette demande de liberté et la suite des débats, Amadou Damaro Camara, malgré les remarques du parquet a encore supplié à ce que sa demande soit acceptée.

Abdou Lory Sylla pour guinee7.com

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