Censure

Des femmes dans les rues de Kaloum ce jeudi. ‘‘Ils ont défoncé la cour, ils ont lancé le gaz dans le salon d’une femme enceinte’’ (témoin)

Dans un précédent article, nous vous avons décrit les difficultés que traversent les habitants de Coronthie depuis l’explosion du dépôt des hydrocarbures de Kaloum.

Le ras-le-bol s’est fait sentir à l’aube de ce jeudi matin. En voulant se faire entendre, des femmes de Coronthie ont été stoppées dans leur élan par les agents de la police et de la gendarmerie.

Sur la rue K 068, secteur 1 Momo Camara, jusqu’à 11h, les lieux étaient quadrillés par des pick-up de la police et de la gendarmerie.

Mariame Ciré Konaté, une habitante du quartier a témoigné à notre micro. ‘‘Ça fait au moins un mois que nous avons alerté l’Etat guinéen pour qu’il nous vienne en aide. Donc hier, on s’est concertés entre nous pour sortir faire simplement une marche pour que l’Etat nous vienne en aide pour reconstruire nos maisons ; nos papas et nos mamans ne vivent plus ici ; les enfants dorment dehors. Quand vous venez ici vers 23h ou 0h, étant une mère ou un père de famille cela ne va pas vous plaire », a-t-elle expliqué.

Avant de revenir sur ce qui s’est passé ce jeudi : « C’était aux environs de 5h ou 6h, nous sommes allés jusqu’au niveau de LG. Les policiers qui étaient là-bas ont interpellé trois femmes, une mère de famille et deux jeunes sœurs. C’est ainsi que les enfants ont dit que ça ne peut pas marcher comme ça et qu’il faut qu’ils libèrent nos sœurs et nos mamans. Donc automatiquement, les gendarmes et les policiers ont commencé à jeter des gaz lacrymogènes. Ils sont entrés même dans nos cours et dans les maisons. »

À l’en croire, les agents ont fait usage de violence. « Ils ont défoncé la cour de là où nous sommes là. Ils sont entrés, ils ont lancé le gaz dans le salon d’une femme qui est en état de famille, elle est à 8 mois de grossesse. Suite à cela, la dame s’est évanouie. Quand nous avons voulu la prendre et l’envoyer à l’hôpital, ils nous ont barrés la route en disant que personne n’allait sortir d’ici. Mais celle-là est à l’hôpital depuis 6h du matin. Ils sont allés dans l’autre cour aussi qu’ils ont offensé, ils ont pris la moto, le téléphone et l’argent d’un jeune motard qui était en train de dormir », a-t-elle narré.

À rappeler que la femme en état de famille dont il est question dans ce témoignage est Fatoumata Soumah, l’un des témoins dans notre précédent article.

Aussi, elle a profité de l’occasion pour lancer un appel aux autorités : « nous demandons à l’Etat guinéen de faire quelque chose pour Coronrhie. »

Avant de demander avec insistance la liberté pour les détenues.

Mamaïssata Touré a frôlé l’arrestation.  Nous l’avons rencontrée avec ses habits déchirés. « Trois agents des forces de l’ordre se sont dirigés vers nous. On a fui en fermant la porte. Ils ont défoncé la porte, et se sont introduits dans notre maison. L’un d’entre eux a étrangler ma petite sœur à travers son foulard qu’elle portait, avant de la pousser. Quand je suis venue à sa rescousse, ils se sont jetés sur moi aussi, déchirés mon habit que je portais, avant que je ne réussisse à m’échapper, et me cacher dans la douche où il y avait l’obscurité. C’est ainsi que j’ai pu leur échapper », a-t-elle détaillé.

PS. aux dernières nouvelles, traduites devant le TPI de Kaloum, les trois personnes arrêtées ont été condamnées à trois mois assortis de sursis. Elles sont donc rentrées à la maison.

Abdou Lory Sylla pour guinee7.com

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