Censure

Cardinal Robert Sarah : Un fils de Guinée, une voix pour le monde (Par Ousmane Boh KABA)

Dans un monde où l’Afrique peine encore à faire entendre sa voix avec force et indépendance, la figure du Cardinal Robert Sarah s’impose comme un symbole rare de profondeur, de constance et de rayonnement. Fils de Guinée, il est devenu, sans tapage ni ambition personnelle, l’un des visages les plus influents de l’Église catholique. Et aujourd’hui, alors que des voix murmurent son nom dans les couloirs du Vatican comme possible successeur de Pierre, la Guinée tout entière est placée devant un choix de conscience et d’honneur : soutenir l’un de ses plus dignes fils.

Imaginer un Pape africain semble encore relever de l’utopie pour certains. Imaginer un Pape guinéen, c’est frôler l’improbable. Et pourtant, le nom de Robert Sarah revient avec insistance dans les cénacles romains. À lui seul, cet espoir projette notre pays dans une lumière mondiale. Ce n’est pas seulement une fierté symbolique. C’est un moment d’histoire, une chance de rendre visible une Guinée souvent reléguée aux marges du débat international.

L’impact serait immense. Pour la minorité chrétienne de notre pays, ce serait une reconnaissance historique. Pour l’ensemble des Guinéens, ce serait une occasion unique de faire valoir une voix, une culture, une dignité trop souvent ignorée. Robert Sarah ne représente pas seulement une confession, il incarne une exigence : celle d’un leadership fondé sur l’humilité, la discipline et la fidélité aux racines.

Certes, il divise. Il ne cherche pas à plaire. Il dit ce qu’il pense, même quand cela dérange. Ses prises de position sur la modernité, l’immigration, l’Occident ou l’Afrique ont souvent suscité critiques et polémiques. Mais derrière ces propos tranchés, il y a une cohérence, une profondeur spirituelle, une fidélité à sa lecture du monde. Ses positions ne sont pas des provocations : elles traduisent une réflexion mûrie dans la prière, le silence et l’expérience.

Robert Sarah ne s’est jamais laissé griser par les fastes du Vatican. Il a refusé les voitures luxueuses, les cadeaux pompeux, les honneurs inutiles. Il vit avec peu, mais pense en grand

Ceux qui l’ont connu de près parlent d’un homme simple, d’un hôte discret, d’un cœur fidèle. Comme ce Guinéen, Bachir KABA, installé en Belgique, ami intime, qui l’a accueilli à Ixelles en 1993 et qui raconte : « Il a dormi sur un matelas dans mon salon. Il priait à genoux, en silence. Il parlait peu, mais quand il parlait, on sentait qu’il venait de loin. » Robert Sarah ne s’est jamais laissé griser par les fastes du Vatican. Il a refusé les voitures luxueuses, les cadeaux pompeux, les honneurs inutiles. Il vit avec peu, mais pense en grand.

Lorsqu’on l’interroge sur l’Afrique, il ne sombre ni dans l’apitoiement ni dans la complaisance. Il appelle les jeunes à rester, à bâtir, à résister à l’illusion de l’exil. Non par mépris des diasporas, mais parce qu’il croit à la reconstruction de nos sociétés par ceux qui les aiment assez pour y rester. De même, son rapport à l’islam est souvent mal compris : il ne s’attaque pas à la foi musulmane — qu’il connaît avec finesse — mais aux formes d’extrémisme qui détruisent l’esprit même de toute religion.

En vérité, Robert Sarah incarne une Afrique qui refuse d’être vue comme une éternelle assistée ou une victime de l’Histoire. Il incarne une Afrique spirituelle, enracinée, qui peut parler d’égal à égal avec les puissants sans perdre son âme. Sa voix est celle d’un continent qui pense, qui prie, qui espère.

Ce n’est pas un homme parfait. Ce n’est pas un messie. Mais c’est un repère. Une voix. Une conscience. Un homme dont le parcours force le respect et dont la présence, dans cette époque troublée, peut rappeler au monde que l’Afrique n’est pas seulement un sujet de prière : elle peut aussi en être le guide.

Soutenir Robert Sarah, ce n’est pas faire campagne pour un homme. C’est affirmer qu’un Guinéen, un Africain, peut être porteur d’un message universel. C’est dire que la Guinée n’est pas condamnée à la périphérie. C’est croire, tout simplement, qu’un fils de nos villages peut, dans le silence du Vatican, porter la voix du monde.

Et cela, c’est déjà immense.