À l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, les associations de presse guinéennes ont lancé un appel fort en direction des autorités et des professionnels des médias.
Dans une déclaration lue par Aboubacar Camara, secrétaire général de l’URTELGUI, les représentants des médias ont tenu à rappeler la portée historique du 3 mai. « Cette date symbolise les combats courageux menés par des journalistes et citoyens de valeur pour faire de la liberté de la presse une réalité en Guinée », a-t-il souligné.
Les acquis célébrés aujourd’hui, disent-ils, ont été arrachés de haute lutte, souvent au prix d’intimidations, d’arrestations, de violences, et parfois même d’agressions physiques. Une fragilité persistante, notent-ils, dans un contexte où le processus démocratique reste en chantier.
Les associations ont également évoqué les difficultés actuelles du secteur. Les tensions récentes entre les médias et les autorités, ayant entraîné la fermeture de médias, ont eu des conséquences lourdes : des centaines d’emplois perdus et une chute de 25 places dans le classement de Reporters sans frontières. Une situation jugée alarmante, qui, selon elles, exige une réponse rapide, concertée et durable.
Elles réitèrent ainsi leur engagement en faveur d’une presse libre, mais également responsable. « Nous appelons à un nouveau départ dans les relations entre les médias et les autorités, fondé sur le dialogue, la confiance mutuelle et le respect de la loi », ont-elles déclaré. Elles ont aussi exigé la poursuite des investigations sur la disparition de leur confrère Marouane Camara, porté disparu depuis plusieurs mois.
Les associations de presse ont également plaidé pour une réforme en profondeur du cadre légal régissant la presse. La transition politique en cours est perçue comme une opportunité à saisir pour moderniser les textes en vigueur. Parmi les axes proposés : le statut des entreprises de presse, leur régime fiscal, leur accès à la publicité publique, la régulation des contenus numériques et la reconnaissance des nouveaux médias (webradios, télévisions en ligne, etc.). Elles ont également demandé une revalorisation du soutien financier accordé à la presse privée et à la Maison de la presse.
Concernant le Fonds d’Appui au Développement des Médias (FADEM), elles ont exprimé leur déception face à son inaction. « Ce fonds, tant attendu, reste à l’état de promesse. Or, un fonds sans contenu n’est qu’un leurre », ont-elles regretté, appelant le gouvernement et la HAC à le rendre effectif au plus vite, afin d’améliorer les conditions de travail des journalistes.
Enfin, elles ont interpellé les professionnels eux-mêmes, leur rappelant que la liberté de la presse ne saurait exister sans responsabilité. « Le respect de l’éthique, de la déontologie, de la vérité et de l’intérêt public est un impératif », ont-elles affirmé. Et de conclure : « Il revient à l’État de protéger cette liberté fondamentale, et aux journalistes d’en faire un usage éclairé, dans le respect de la paix sociale, de l’unité nationale et de la cohésion. »
Abdoul Lory Sylla pour Guinee7.com