Jadis perçue comme l’un des piliers les plus solides de l’architecture institutionnelle du pays, la Banque Centrale de la République de Guinée (BCRG) traverse aujourd’hui une zone de turbulences sans précédent. L’institution, longtemps auréolée de respectabilité, est désormais au centre d’une série de controverses qui fragilisent son image et inquiètent l’opinion publique.
Après les remous provoqués par des spéculations présumées autour de l’or, l’émission controversée des nouveaux billets de vingt mille francs guinéens, et l’affaire retentissante du vol présumé de vingt-et-un milliards de francs guinéens – suivie d’une communication jugée confuse –, voilà que s’ajoute un nouveau front : celui du malaise social en interne.
Ce mardi 13 mai, le bureau syndical de la BCRG a officiellement déposé un préavis de grève, adressé au gouverneur Karamo Kaba. Dans un courrier signé de son secrétaire général, Lanfia II Touré, le syndicat annonce que le préavis court du 13 au 24 mai 2025, sauf prorogation ou levée anticipée à l’initiative du bureau syndical. À défaut d’accord au terme de cette période, une grève à durée indéterminée pourrait être déclenchée.
À l’origine de cette menace de paralysie : le refus catégorique du gouverneur de donner suite à la plateforme revendicative datée du 29 avril 2025. Celle-ci porte notamment sur le rétablissement des acquis sociaux, la revalorisation des salaires et l’amélioration des conditions de travail des employés de l’institution.
Dans son courrier, la délégation syndicale appelle par ailleurs le Cabinet du gouverneur à engager sans délai les démarches nécessaires afin d’aboutir à une solution « favorable et constructive », dans l’intérêt de la stabilité de l’institution et de la paix sociale.
Alors que les regards sont tournés vers la BCRG, dont le rôle est crucial dans la régulation économique et financière du pays, cette nouvelle crise vient assombrir davantage une institution déjà fragilisée par des scandales à répétition. La responsabilité du gouverneur Karamo Kaba, à la tête de la Banque centrale depuis mars 2021, semble plus que jamais engagée dans la résolution de cette crise.
Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com