Le processus d’indemnisation des victimes du massacre du 28 septembre 2009 est en cours. Cette démarche, qui a débuté il y a quelques semaines, vise à réparer des années de préjudice. Cependant, la mise en œuvre de ces modalités soulève des inquiétudes au sein des organisations de défense des droits humains, notamment l’OGDH.
Alseny Sall, chargé de communication de l’Organisation guinéenne des droits de l’homme, alerte sur plusieurs aspects du processus qu’il juge problématiques. « Certes, ces mesures permettront de soulager les victimes et de reconstruire leur vie détruite par ces événements. Mais nous avons des préoccupations sur les modalités pratiques de leur mise en œuvre », a-t-il déclaré, précisant que ces inquiétudes ont été portées à la connaissance du bureau du procureur de la Cour pénale internationale (CPI).
La première inquiétude est liée au contexte dans lequel les indemnités sont intervenues. La grâce accordée récemment au capitaine Moussa Dadis Camara, principal accusé dans le dossier dit massacre au stade de Conakry en 2009, suscite beaucoup d’incompréhensions. « Une décision de grâce ne devrait intervenir qu’après que toutes les voies de recours aient été épuisées. Or, dans ce dossier, le procès en appel n’a même pas encore eu lieu », a souligné M. Sall. Il persiste et signe : cette décision va à l’encontre des principes élémentaires d’un procès « équitable » et jette une « ombre » sur la crédibilité de la justice guinéenne. « Comment un seul accusé a bénéficié de cette mesure, laissant les autres en suspens ? », s’interroge-t-il.
Autre préoccupation : le nombre restreint de victimes éligibles à l’indemnisation. « Lors des enquêtes, plus de 400 victimes ont été recensées, sans compter celles qui se sont manifestées au cours du procès. Pourquoi parle-t-on aujourd’hui de seulement 334 victimes ? », se questionne-t-il. L’OGDH plaide pour une indemnisation équitable, sans discrimination, afin d’éviter des divisions au sein des victimes elles-mêmes.
L’organisation dénonce par ailleurs une confusion entre réparations et indemnisations. Ce qui pourrait être interprété comme une tentative de clore prématurément le dossier judiciaire. « Est-ce une manière de mettre un terme au procès en cours ? »
À l’OGDH, on estime que ce procès doit aller au bout de sa logique et rester un marqueur fort dans la lutte contre l’impunité. « Dans un pays où les crimes de sang sont récurrents, ce procès est un repère pour notre mémoire collective. Il doit servir de miroir pour refonder notre justice sur des bases solides », conclut-il.
Bhoye Barry pour guinee7.com