Des enseignants fonctionnaires de l’État ont marché ce mardi 3 juin à Conakry. Ils réclament le paiement de leurs salaires, restés impayés depuis plusieurs mois. Empêchés par la police d’atteindre la présidence de la République, ils ont finalement emprunté l’itinéraire Port autonome–Gouvernorat de Conakry.
Cette situation dure depuis de nombreux mois et concerne plus de 500 enseignants à travers tout le pays.
Aux dernières nouvelles, une rencontre a eu lieu entre les manifestants et la gouverneure de Conakry, qui a facilité un échange avec le secrétaire général du ministère de la Fonction publique.
Le porte-parole des enseignants, Marc Fassa Kamano, a fait part d’une lueur d’espoir : « le secrétaire général nous a reçus et nous a instruits de faire la liste de tous ceux dont les salaires sont bloqués et de leur faire parvenir cela. Qu’ils vont continuer à plaider au niveau des autorités de la transition. Donc, l’espoir est permis, puisqu’on nous a donné des directives », a-t-il déclaré au téléphone, à l’issue de la marche.
Avant cette entrevue, ces enseignants étaient à bout de souffle, confrontés à une situation devenue insoutenable. « En prenant la parole ce matin, je fonds en larmes parce qu’il se trouve que ce sont nos salaires qui sont bloqués il y a de cela près d’une année. On nous reproche des situations de retard de recensement. Nous, nous pensons que ça n’en valait pas le coup. On a mené beaucoup de démarches à des endroits indiqués, mais en vain. C’est pourquoi ce matin nous avons décidé de nous faire entendre à travers cette marche pacifique », a-t-il expliqué.
Malgré les nombreuses démarches entreprises, les résultats ont été décevants : « Vous avez dû constater que nous venons vers le gouvernement parce que, vraiment, on a trop démarché au niveau du département de tutelle. Mais ça n’a rien donné comme résultat probant. À chaque fois qu’on se déplace pour aller au département du Travail, on nous dit que le dossier que vous venez suivre là, c’est vraiment compliqué, on ne peut pas traiter ce dossier, mais vous devez vous référer à la présidence. Si nous recevons des instructions à partir de la présidence, nous aussi on va les appliquer. Donc ce matin, c’est pourquoi vous avez remarqué qu’on a décidé de faire des t-shirts au nom du président de la République et le père de la Nation afin qu’ils puissent se pencher sur notre situation parce que le salaire est alimentaire », indique-t-il.
Une précarité devenue insupportable pour nombre d’entre eux : « Ce que nous traversons aujourd’hui est vraiment inexplicable. Nous avons des familles qui sont dispersées à travers ce blocage de salaire, nos camarades sont morts à travers ce blocage de salaire, certains sont délogés et tout le monde connaît le problème du logement à Conakry. D’abord vous payez régulièrement le logement, on ne vous menace pas ; à plus forte raison que vous passez des mois sans payer ce logement, c’est toute autre chose. À l’instant où je vous parle, nous avons beaucoup de camarades dont les femmes les ont quittés aussi, et sans compter aussi des cas de mort. Le cas récent qu’on vient d’enregistrer, c’est du côté de Kamsar où un enseignant s’est pendu à cause de cette pénurie. »
Il précise que cette situation ne touche pas tout le monde de la même manière : « C’est séquentiel, parce qu’il y en a d’autres qui sont déjà bientôt à leur deuxième année, et il y a certains aussi qui sont à leur première année. Je vais vous parler de 24 mois, de 12 mois. Il y a aujourd’hui près de 500 enseignants qui sont bloqués sans salaire. Nous sommes déjà en fonction et nous exerçons jusqu’à date. »
Abdoul Lory Sylla pour guinee7.com