Le tribunal de première instance de Kaloum a reconnu dame Valérie N’koro, de nationalité camerounaise, coupable des faits de “tentative d’escroquerie”. À titre de répression, elle a été condamnée à sept mois d’emprisonnement. La sentence a été prononcée mercredi 4 juin 2025.
Lors d’un point de presse organisé à Conakry ce jeudi 5 juin, les avocats de la condamnée ont estimé que leur cliente ne devrait plus être maintenue en détention, car celle-ci est incarcérée depuis le 18 octobre 2024.
« Donc, du 18 octobre 2024 au 18 mai 2025, ça fait exactement sept mois. Voyez-vous, du 18 mai au 4 juin, date à laquelle la décision a été prononcée, ça fait déjà plusieurs jours, 17 jours, que madame a fait plus de temps que le temps de la condamnation en prison », a expliqué Me Almamy Samory Traoré.
Se référant à l’article 546 du code de procédure pénale, Me Traoré a affirmé qu’après l’énoncé du verdict,
« nous, on a voulu rentrer avec la dame à la maison, parce que c’est ce que dit la loi, que, même si l’intéressé est libéré ou qu’elle a déjà purgé toutes les peines, l’intéressé doit être libéré immédiatement, et ça, même si le procureur fait appel de la décision. (…), alors la dame, elle a fini de purger sa peine, elle en a même purgé plus. Normalement, la dame ne devrait pas retourner à la maison centrale. Je suis allé personnellement voir le procureur, il m’a dit : Attends d’abord, moi je suis en train de vérifier, j’attends des instructions. Alors, puisqu’il dit qu’il attend des instructions, la seule instruction qu’il doit recevoir, c’est la loi et l’article 546 du code de procédure pénale. »
Constatant la détention prolongée de sa cliente, Me Traoré dit avoir immédiatement saisi le procureur général, Fallou Doumbouya, afin de faire appliquer la décision du tribunal. L’avocat dit aussi avoir saisi le bâtonnier par intérim.
« Quand le bâtonnier a été saisi, immédiatement j’étais au conseil de l’ordre, nous nous sommes rendus au bureau du procureur, on l’explique. Il reconnaît la légalité du courrier que nous avons adressé, le contenu, le fondement légal, il reconnaît que la dame ne devrait pas être en détention et il dit tout de même qu’il faudrait que lui s’entretienne avec le ministre de la Justice. Ça veut dire que nous avons une justice, en fait, qui est inféodée et qu’il n’y a personne aujourd’hui sur la ligne qui peut prendre une décision de libérer cette dame-là », regrette Me Almamy Samory Traoré.
« Je pense que cette situation est humiliante pour notre pays, pour l’institution judiciaire, c’est pourquoi nous avons lancé un appel, parce que ce combat n’est plus celui de madame N’koro Valérie et sa famille, ce combat n’est pas non plus celui de l’avocat que je suis, ou que mes confrères qui sont, c’est un combat pour l’état des droits, et c’est pour ça que nous allons saisir officiellement le bâtonnier de l’ordre des avocats avec les courriers, les constats que nous avons fait du dossier, et nous n’excluons pas la possibilité évidemment de poursuivre au plan disciplinaire et le procureur de la République, près du tribunal de première instance de Kaloum que nous tenons pour responsable de cette incarcération, parce que c’est lui qui a donné l’ordre aux agents pénitentiaire pour amener la dame à la maison centrale, alors qu’il ne l’a donné aucun titre de détention. Nous tenons également pour responsable le procureur général, qui a l’obligation de surveiller les comportements des procureurs, qui relèvent de son ressort, et nous avons pour preuve les pièces du dossier de la procédure, les courriers que nous lui avons adressés depuis le début de la procédure », a-t-il martelé.
Bhoye Barry pour Guinee7.com