Censure

Nouvelle constitution : Monénembo dénonce “un boubou cousu sur mesure »

Le célèbre écrivain guinéen Tierno Monénembo, invité de TV5MONDE, a dressé un réquisitoire acerbe sur la transition actuellement en cours en Guinée. L’auteur du livre Les Écailles du ciel, paru en 1986 aux éditions du Seuil, reste sceptique quant à la tenue des élections en Guinée sous les auspices du CNRD.
« Je doute du régime lui-même, je doute de sa bonne foi, je doute de son intention, je doute de ses méthodes. Ce n’est pas un régime démocratique, il ne cherche pas des élections, il cherche à conserver le pouvoir par tous les moyens. Surtout par le moyen de la répression. Je ne crois pas du tout à ce régime, je ne crois pas du tout qu’il y aura une élection en Guinée”, a déclaré le lauréat du prix Renaudot en 2008.

L’écrivain porte par ailleurs un regard critique sur le projet de nouvelle constitution.
“C’est un boubou constitutionnel cousu sur mesure. Évidemment, alors que la charte de la transition interdisait à Mamadi Doumbouya et à ses collègues de se présenter aux prochaines élections présidentielles, les articles interdisant cela ont été supprimés dans le projet de constitution qui était présenté il y a quelques mois au peuple de Guinée”, s’indigne-t-il.

Il souligne que les membres du Conseil national du rassemblement et du développement (CNRD), à leur tête le général Doumbouya, n’ont respecté aucun engagement depuis la prise du pouvoir en septembre 2021.

“Ils n’ont tenu aucune promesse depuis qu’ils sont venus au pouvoir. Ils nous avaient promis que la justice serait leur boussole, etc. On n’a rien vu, on a l’impression que jamais la Guinée n’a subi autant d’injustices. La répression est permanente, des gens disparaissent au quotidien. On tue des gens de la manière la plus scandaleuse. C’est quelque chose de terrible, c’est le retour des années noires, du temps de Sékou Touré. C’est le régime Sékou Touré bis”, soutient Tierno Monénembo.

“On a parfois envie de crier ou de sauter par la fenêtre. C’est un cycle répétitif, c’est quelque chose qu’on n’arrive pas à interrompre. La tyrannie est devenue un mode de vie en Guinée. Nous sommes sous la sixième tyrannie depuis l’indépendance. Et ces gens ont les mêmes méthodes, les mêmes discours, les mêmes manières de procéder. Je ne sais pas comment faire pour interrompre ce cercle vicieux”, a-t-il martelé.

Bhoye Barry pour guinee7.com