Les examens de fin d’année ont été lancés ce jeudi sur toute l’étendue du territoire national guinéen, avec les premières épreuves de l’examen d’entrée en 7e année ou le Certificat d’études élémentaires (CEE).
Des milliers de jeunes candidats ont planché sur le sujet de rédaction. Le thème retenu ? « Le projet Simandou 2040 ».
Voici le libellé exact du sujet : « Le projet Simandou 2040 créera des millions d’emplois et regroupera des populations dans plusieurs zones où il pleut beaucoup. Pour prévenir les maladies contagieuses, prodigue des conseils aux populations concernées en une dizaine de phrases. »
À première vue, un intitulé ambitieux, moderne, en phase avec les enjeux de développement du pays. Mais à y regarder de plus près, il s’agit surtout d’une faute pédagogique, lourde de conséquences.
Le libellé du sujet repose en effet sur un amalgame : il confond le « projet Simandou », un complexe minier centré sur l’extraction et l’exportation du minerai de fer, avec le « Programme Simandou 2040 », qui est une vision stratégique de développement portée par l’État guinéen à l’horizon 2040. Deux réalités bien distinctes, deux objectifs radicalement différents.
Récemment, lors d’une sortie médiatique, le Secrétaire général à la Présidence de la République, le Général Amara Camara, a tenu à clarifier cette confusion.
« Le projet Simandou n’est pas une illusion. L’illusion, c’est de confondre le projet Simandou – un projet minier avec quatre composantes : le port, les rails, les mines et l’aciérie – avec le Programme Simandou 2040, qui est la vision stratégique de l’État pour le développement socioéconomique de la Guinée durant les quinze prochaines années. La seule similitude entre les deux, c’est le mot « Simandou ». », a-t-il précisé en février dernier.
Dès lors, comment s’étonner que de jeunes élèves de 12 à 14 ans aient été désorientés ?
Comment espérer qu’ils traitent sérieusement un sujet fondé sur une confusion conceptuelle que même les adultes ont du mal à démêler ?
Pire encore : en évoquant un « projet Simandou 2040 », on demande aux élèves de rédiger sur une notion qui n’existe pas, du moins sous cette appellation. C’est une fiction administrative qui, involontairement, les a poussés tout droit vers le hors-sujet.
Ce glissement terminologique, apparemment anodin, révèle en réalité une légèreté préoccupante dans le processus de sélection des sujets d’examen.
Il ne s’agit pas ici de jouer sur les mots. Il s’agit de rigueur, de justice, et surtout de respect envers ces jeunes esprits, qui méritent une évaluation à la hauteur de leurs capacités, et non un piège sémantique.
L’école ne peut pas se permettre de confondre instruction et improvisation. Si l’on veut bâtir une jeunesse éclairée, encore faut-il commencer par lui parler clairement.
En attendant les prochaines épreuves, les candidats à l’entrée en 7e année se seront retrouvés, hélas, sur un ‘’ciment doux’’ mais bien glissant pour aborder les sujets de cette session.
Boua King Kouyaté
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