Censure

Cellou Dalein: Le chef sans rendez-vous, ni stratégie ?

Par les temps qui courent, on ne sait plus très bien s’il faut rire, pleurer ou simplement envoyer une prière collective pour le leader éternellement en attente : Cellou Dalein Diallo. Ce week-end encore, face à ses militants, on a cru pendant un instant que le chef allait rugir, galvaniser les foules, sortir les crocs. Finalement, il a sorti… un agenda vide. Il quémande, il insiste, il supplie – mais rien n’y fait : Mamadi Doumbouya reste introuvable. Pourtant, le Président de la Transition a reçu à peu près tout ce que la vie politique guinéenne compte comme figures -des chefs de partis, des leaders d’opinion, peut-être même un griot et un Paykoun sarè au passage. Tous, sauf… Cellou. ‘‘J’ai demandé à rencontrer le président de la Transition. J’ai insisté. Il a refusé. Je n’ai pas eu cet honneur. Pourquoi ? Je ne sais pas’’, confesse-t-il. C’est beau, c’est honnête, c’est pathétique.

On imagine bien un militant dans la salle, attendant une stratégie de conquête, une réplique cinglante à tout ce qui arrive à l’UFDG ces derniers temps, ou au moins un bon vieux discours de reconquête. À la place, il a eu droit à la version politique du célèbre ‘‘il ne répond plus à mes appels’’. La grande séduction politique de Cellou s’est transformée en une série de Kabakoudou. Mais ce n’est pas tout. Il nous a ressortis l’inusable refrain : la maison. Oui, la fameuse maison, ‘‘confisquée’’, ‘‘arrachée’’, ‘‘humiliée’’. On la connaît par cœur, cette histoire qui revient comme un fantôme dans chacune de ses sorties. Un peu comme si cette affaire de deux chambres et salon résumait tout un programme politique. Au point que certains en viennent à se demander : et si Dalein président, c’était surtout Dalein propriétaire ?

Chaque fois qu’il insiste sur cette affaire, il donne du grain à moudre à ceux qui pensent qu’une fois au pouvoir, il gérera le pays comme une chose familiale. On comprend que l’attachement soit émotionnel, voire architectural. Mais à ce rythme, il risque de passer pour un agent immobilier plus que pour un homme d’État.

Et puis, il y a l’autre chapitre sensible : la défense exclusive de l’Axe. L’intention est louable, mais l’exécution est désastreuse. En concentrant toutes ses dénonciations sur une seule zone, Cellou s’enferme lui-même dans un rôle de chef de quartier. Or, le pouvoir suprême, ça demande une carte nationale, pas une carte de fidélité à Bambéto-Coza.

Pendant ce temps, ses anciens collaborateurs, qu’il accuse à demi-mot de trahison, eux, ont compris une chose : quand ton chef tape à la porte sans qu’on lui ouvre, il vaut mieux essayer de passer par la fenêtre. Eux au moins, ont été reçus. Mission accomplie.

Alors, faut-il aider Cellou à soigner sa communication ? Certainement. Mais il faudrait d’abord qu’il arrête de penser que faire de la politique, c’est raconter ses échecs comme des trophées. Et surtout, qu’il comprenne qu’un leader, ça ne se mendie pas. Ça s’impose.

Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com