Censure

Crimes économiques : comment la Guinée veut traquer et redistribuer les biens mal acquis

Conakry accueille, du 7 au 8 juillet 2025, un forum stratégique sur la gestion des avoirs saisis et confisqués, organisé par le ministère de la Justice à travers l’Agence guinéenne de recouvrement des avoirs saisis et confisqués (AGRASC). Cette rencontre vise à améliorer la compréhension des rôles de chacun dans un dispositif encore jeune, et à renforcer la collaboration avec des partenaires expérimentés comme la France.

La délégation française est conduite par Sylvie Marquely, sous-directrice de l’AGRASC France, accompagnée d’André Tarago. Face à leurs homologues guinéens, des magistrats, des policiers, des douaniers et des membres du gouvernement ont échangé sur les défis liés à la gestion des biens issus de la criminalité.

Pour Alpha Seny Camara, directeur général adjoint de l’AGRASC Guinée, l’enjeu est de créer une vision commune : « L’objectif est que nous ayons tous la même lecture des missions que nous portons, que ce soit en Guinée, en France, au Sénégal, en Côte d’Ivoire ou ailleurs. La loi est la même, mais les environnements et les défis sont différents. »

Il a aussi déploré certaines incompréhensions persistantes : « Des magistrats, des policiers, des douaniers ou des gendarmes ne saisissent pas toujours bien le mécanisme de gestion des avoirs. Ce forum sert à lever ces zones d’ombre. La loi est dure, mais c’est la loi. Il ne faut pas en faire un sujet personnel. »

Le président du conseil d’administration de l’AGRASC Guinée, Alpha Saliou Bah, voit dans cette coopération un levier essentiel : « Cet événement marque une étape importante dans notre engagement commun pour le renforcement de l’État de droit, la transparence dans la gestion des avoirs criminels et l’effectivité de la chaîne de recouvrement. »

Le ministre de la Justice, Yaya Keïraba Kaba, a salué cette initiative, qu’il considère comme une avancée majeure depuis la création de la CRIEF et de la GRASC : « Trop souvent, les biens mal acquis échappent à toute restitution. La mise en place de la GRAS C est une avancée majeure. Elle permet de garantir l’exécution des décisions de justice. »

Le Premier ministre, Amadou Oury Bah, a appelé à la détermination et à l’ouverture à l’expertise extérieure : « Il n’y a aucune honte à aller chercher le savoir là où il se trouve. […] Lorsqu’un pays a longtemps vécu l’impunité, il faut changer les choses avec constance, en gardant le cap. »

Dans le même élan, les directeurs des AGRASC Guinée et France sont attendus à Dakar, du 9 au 13 juillet, pour participer à un forum régional.

Abdoul Lory Sylla pour guinee7.com