À quelques mois du référendum constitutionnel, le Premier ministre Bah Oury, lors de la session de présentation aux acteurs sociopolitiques et à l’ensemble des parties prenantes des statistiques provisoires du registre national des personnes physiques et du fichier électoral biométrique, qui s’est déroulée dans un réceptif hôtelier de Conakry, a levé toute équivoque sur la nature de la démarche en cours. Il s’agit, selon lui, non d’une opération électorale déguisée, mais d’un processus d’appropriation citoyenne du projet de nouvelle Constitution.
« Cette vulgarisation n’est pas une campagne électorale, c’est une opportunité offerte… La campagne référendaire est prévue fin août », a-t-il affirmé d’entrée de jeu, balisant clairement les contours de cette étape transitoire.
Dressant le cadre de l’initiative, le chef du gouvernement a insisté sur son caractère non partisan. Il ne s’agit pas, a-t-il martelé, de convaincre les uns ou les autres d’adhérer au texte, mais d’ouvrir un espace de compréhension collective. « Cette vulgarisation n’est pas une campagne de débat autour du projet constitutionnel. C’est une approche pour permettre à l’ensemble du corps social, aux partis politiques, à tous les Guinéens, de s’approprier le texte, de le lire, d’y réfléchir, et de poser des questions légitimes ».
Loin de la confrontation politique, cette phase est conçue comme un moment d’éducation civique et de transparence. Le débat de fond, selon Bah Oury, viendra plus tard, lors de la véritable campagne référendaire attendue pour fin août. Celle-ci pourra alors donner lieu à des échanges d’idées, des confrontations d’interprétations et des prises de position publiques.
Parmi les innovations majeures du texte proposé, le Premier ministre a mis en avant l’introduction du droit de pétition, une disposition rare dans les constitutions du continent. « Rares sont les constitutions africaines qui reconnaissent un tel droit aux citoyens. C’est une démocratie nouvelle qu’il nous faut réinventer ensemble », a-t-il souligné avec conviction.
Bah Oury a aussi tenu à apaiser les craintes exprimées par certaines organisations politiques et de la société civile. À ses yeux, loin d’être menacée, la liberté d’expression est pleinement consacrée par le projet constitutionnel. « L’expression libre reste pleinement garantie par le projet », a-t-il affirmé, ajoutant que le rôle des partis politiques et des associations est non seulement reconnu, mais constitutionnellement protégé.
Autre avancée notable saluée par le Premier ministre : la possibilité désormais offerte aux candidatures indépendantes de concourir aux élections nationales. Une revendication de longue date, a-t-il rappelé, qui devient réalité, même si elle sera encadrée par un système de parrainage dont les modalités seront définies ultérieurement par le Conseil national de la transition (CNT).
Bah Oury a lancé un appel à la mobilisation générale autour de cette nouvelle étape dans l’histoire politique du pays. « Nous sommes à une étape historique majeure. Votre implication à tous les niveaux est non seulement nécessaire, mais vitale. »
Abdoul Lory Sylla pour guinee7.com