Censure

Sig-Madina : des habitants obligés d’escalader le mur pour sortir de chez soi

Un fleuve torrentiel en plein cœur de Conakry.

Des véhicules immobilisés, des caniveaux engloutis, des maisons inondées et des habitants dépassés par les flots. Les récentes pluies diluviennes qui se sont abattues sur la capitale guinéenne ont laissé des traces. Parmi les quartiers les plus touchés figure la Sig Madina Farakônô.

Ce mardi 22 juillet, notre équipe s’est rendue dans la famille Diallo, l’une des nombreuses victimes de ce phénomène récurrent. Située au contrebas d’une transversale, leur concession est envahie par les eaux après chaque averse. Pour sortir de la cour, les membres de la famille doivent recourir à des moyens peu ordinaires : grimper une échelle, escalader le mur, et rejoindre la voie principale. Sans cela, impossible de quitter leur domicile.

Aujourd’hui, toutes les portes de la maison sont munies de murettes anti-inondation. Une mesure de fortune, comme nous l’a expliqué Mamadou Diallo, qui nous a fait faire le tour de la concession. Il nous montre une boutique complètement inutilisable à cause de l’eau, ainsi qu’une toilette remplie à ras bord.

Son frère, Souleymane Diallo, a également tenu à s’exprimer, épuisé par ce « cauchemar permanent ». Il lance un appel désespéré aux autorités : « On est dans un quartier où chaque année, il y a une inondation et cela depuis 2006. On n’a pas les moyens pour pouvoir curer les caniveaux, seules les autorités en ont les moyens. Nous demandons donc leur soutien. L’eau arrive à entrer même dans nos maisons. Les jours qu’il pleut, nous passons les nuits éveillés. Nous ne pouvons pas dormir. Quand [l’eau] s’infiltre dans nos toilettes, nous sommes même obligés de changer nos éponges. Ils [les autorités, NDLR] n’ont qu’à nous aider. Nous souffrons beaucoup. »

Selon lui, la principale cause de ces inondations est liée à l’incivisme de certains riverains qui jettent les ordures dans les caniveaux. « Les gens prennent les ordures et versent dans les caniveaux. L’eau qui arrive transporte ces ordures jusqu’à un certain niveau, là où l’eau doit passer, ça bloque et ainsi l’eau n’arrive pas à être évacuée », a-t-il indiqué.

Face à l’inaction des autorités, la famille Diallo a dû improviser : « On a érigé des murettes pour ne pas que l’eau nous envahisse. Cela nous permet de limiter les dégâts. Nous montons sur des échelles pour escalader le mur, sinon, nous ne pourrions pas sortir de chez nous. »

Le problème ne se limite pas au quartier. L’autoroute Fidel Castro, axe majeur de la circulation à Conakry, subit également les conséquences de ces averses. Les eaux stagnantes représentent un véritable calvaire pour les conducteurs de véhicules et les motards qui s’y aventurent, tandis que les garages automobiles situés en périphérie sont eux aussi impactés. Les garagistes déplorent une situation devenue insoutenable qui endommage les véhicules amenés en réparation.

La famille Diallo affirme que les autorités se rendent régulièrement sur les lieux avec des promesses. Mais jusque-là, aucune action concrète n’a été engagée pour régler le problème.

Abdoul Lory Sylla pour guinee7.com